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 Des Rivieres quiJe jettent dans la mer de Pengina, depuis la rivière 
 Poujlaia  jufqu’à  celle  de  Pengina  ;  &  depuis  cette  derniere  
 . jufqu cl Okhotskoi-OJïrog,  & jufqu au Fleuve Amour. 
 Q  u o iq u e   les connoiflances que l’on a préfentement fur les côtes  
 de la mer de Pengina, depuis la  rivière  Lejnaia jufqu’aux  côtes de  
 Pengina & $ Okhotsk  foient plus détaillées que'celles qu’on avoit auparavant  
 , parce qu'en l’année  1741  on fit une route nouvelle pour  
 aller au Kamtchatka, & que l’on établit des Polies dans des endroits  
 convenables ; cependant les polirions & les diftances ne font gueres  
 plus exaétes que les premières ; ce  qui  vient  de  ce  qu’on  ne  les s  
 point mefurées, & qu’on  n’a fait aucune obfervation aftronomique  
 fur ces côtes : on ne  doit pas môme  s’attendre qu’on  en falïè, tint  
 que les Koriaques fauvages qui habitent de ce  côté ci de  la mer de  
 Pengina, ne feront pas entièrement fournis. Ces Peuples fe rendent  
 redoutables par beaucoup de meurtres, & par la réfiftance opiniâtre  
 qu’ils ont oppofée à des partis RulTes , même alfez confidérables. 
 Quoiqu’ils parodient quelquefois tranquilles & paifibles pendant  
 un certain temps, on doit toujours fe méfier d’eux &  fe tenir fur les  
 gardes, parce  qu’on eft continuellement expofé à perdre  la vie ; ce  
 qui eft: caufe qu’on s’occupe peu à lever les plans du Pays  : ce travail  
 pourroit  d’ailleurs  faire  naître quelques foupqons  dans  un Peuple  
 auili barbare. 
 Après la rivière Poujlaia, la première que l’on rencontre eft celle  
 de Talowka, dont l’embouchure  eft placée fur les Cartes au foixan-  
 tieme degré  environ ;  cependant fa latitude doit être plus grande,  
 puifque fuivant les Ingénieurs, depuis la rivière Tigil jufqu a c e l l e  de  
 Talowka, il y a plus de fept cents werfts  ; & la riviere Tigil & cdh 
 de  Kamtchatka  doivent  avoir  leurs  embouchures  au  cinquante-  
 fixieme degré. 
 Entre les rivieres Poujlaia & Talowka, il y en a trois autres appel-  
 lées Nekan, Memetcha &  Golaia.  De  la  riviere Poujlaia jufqu a  
 celle de Nekan, il y a deux journées de chemin ; de la  riviere  Ne-*  
 A i t «   j u f q u ’ à  c e l l e  de Memetcha ,   &  de celle-ci  jufqu a celle  de  Go-  
 laia, une journée feulement. 
 A cinquante werfts de la riviere Talowka, on trouve la riviere de  
 Pengina, qui fur-tout eft remarquable, parce  qu’elle  a  donné  fon  
 nom  à  la  mer de  Pengina. Quelques-uns prétendent qu’elle  a  fa  
 foiirce tout proche celle de Maina , qui  va  fe jetter dans  l'Anadir,  
 du côté de fa rive droite :  cependant d’àutres  aflurent, avec plus de  
 fondement, que cesfources font proche  celles des  rivieres qui tombent  
 dans celle de Kolima. 
 Son embouchure, fuivant  plufieurs  rapports dignes de  fo i,  eft  
 dans la Baie même. On a bâti à trente werfts de  la mer ,  un  petit  
 1  Qftrog appellé Aklanskoi :  il eft  fitué fur la riviere  Aklan,  qui fe  
 I  jette dans celle de Pengina, du côté de la rive dfoite.  Cet  Oftrog  1  eft habité par quelques Cofaques,  qu’on  y  laiife autant pour fervir  
 I  }a Pofte, que  pour  foumettre  les Koriaques  qui  ne  payènt  point  
 tribut. La première habitation d’Hiverfut conftruite en  1689. 
 On y envoyoit chaque année des Soldats pour lever  des tributs1, 
 I  mais elle eft abandonnée aujourd’hui à  caufe  de  fon  éloignement. 
 !  Cet endroit eft depuis long-temps  fameux, parce que deux Com-  
 ;  milfaires qui alloient  à Anadirskoi-Oftrog,  avec  les  tributs  qu’ils  
 avoient  levés  au Kamtchatka,  y  furent  tués avec  un  parti  allez  
 eonfidérable de Coiaq ues. 
 De la riviere Talowka jufqu’à l’embouchure delà Pengina, la côte  
 setend au Nord-Oueft, & de-lâ elle tourne au Sud-Oueft. 
 On peut aller de  la rfiiere de Pengina à  la  riviere  Egatcha  ou  
 Aratcka, en quatre journées de marche ,  &  de  cette  derniere  en