iifter tout leur bien Si tout leur bonheur dans les troupeaux de
Rennes , ils les appellerenc Koriaki ; ce qui fignifie Nation à
Rennes.
Les Tchouktchi , Peuple farouche & belliqueux, qui habite
au Nord-Eft de l’Afie le Cap Tchoukotsk , font appellés par
corruption Tchaoutchou, nom qui eft commun à tous les Koriaques
fixes. L ’origine du nom des Ioukàgires, aveclefquels confinent
les Koriaques à Rennes, du côté du Nord, eft inconnue. On
croit cependant qu’il dérive du mot Koriaque Edel, qui fignifie un
Loup. Les Koriaques les appellent de ce nom , a caufe qu’ils ne fe
nourriflent que des bêtes qu’ils prennent à la chafTe, &: qu’ils comparent
cette chafTe à la rapacité du Loup, Mais il n’y a que peu de
reffemblance entre les deux noms ; d’ailleurs nous ignorons le
nom que les Ioukàgires fe donnent eux-mêmes, ainfi que celui
que leur donnent leurs voifins qui habitent aux environs d’Iakoutsk.
Les Habitants du Kamtchatka ont trois Langues : la Kamtcha-
dale , la Koriaque & la Kourile. De plus chaque Langue fe partage
en langages particuliers ( ou en différents dialeites ) , fuivant la
différence de l’idiôme.
La Langue Kamtchadale a trois principaux dialeéfes : le premier
eft en ufage chez la Nation du Nord ; le fécond chez celle du
Midi. Ces deux dialeâtes ont fi peu de rapport entr’eux , qu’on les
regarde comme deux Langues différentes ; & quoiqu’ils n’aient au- '
cune reffemblance daris leurs mots, les Kamtchadals s’entendent
néanmoins fans le fecours d’Interpretes. Le troifieme dialeéte eft
celui que parlent les Habitants des bords de la Mer de Pengina ,
depuis laRiviere de Worowskaïajufqu’à celle deTigil : elle eft corn-
pofée des deux premiers dialedtes, & de quelques mots Koriaques,
Les Koriaques à Rennes ont auifi leur dialedte particulier, de
même que les Koriaques fixes. Quoiqu’on ne fâche pas au jufte
quel eft le nombre des dialectes de la Langue Koriaque, les Peupies
fournis à la Ruflîe parlant la même Langue, & ignorant celle
des Peuples voifins , on ne peut prefque pas douter cependant
qu’il n’y ait au-moins la même variété dans la façon de prier des
Habitants répandus dans les différences Ifles, que celle qu’on a remarquée
chez les Kamtchadals du M id i, & dans les différentes
habitations des Koriaques fixes.
Les Kamtchadals parlent moitié de la gorge, moitié de la bouche.
Leur prononciation eft lente, difficile, peíante, & accompagnée
de divers mouvements finguliers du corps. Ces Peuples font'
timides, ferviles, fourbes & rufés.
Lès Koriaques s’énoncent de la gorge avec difficulté, & comme
en criant. Les mots de leur Langue font longs, & les fyllabes courtes.
Au commencement & à la fin de ces mots il y a communément
deux voyelles : par exemple Ouemkai, qui fignifie une jeune
Renne qui n’a point encore été attelée. Les moeurs de cette Nation
font conformes à leur langage, comme on- pourra le remarquer ci-
après dans la defcription qu’pn en donnera.
Les Kouriles parlent avec lenteur, d’une façon diftinéle, libre &
agréable. Les mots de leur Langue font doux , & il n’y a point de
concours trop fréquent de confonnes ou de voyelles. Cette Nation
eft douce dans fes moeurs : elle a plus de prévoyance, plus d’équité»
plus de confiance ; elle eft plus ci vilifée, plus fociâble, & fe pique de
plus d’honneur que tous les autres Peuples fauvages dont nous avons
parlé.