feurs fe difperfent dès le matin de différents cotes ; & ils cKoifîlTent
deux ou trois endroits convenables, aux environs des vallons & des
livieres où ils tendent leurs pièges : il peut y avoir dans chaque en.
droit quatre-vingts pièges environ. Ils font de diftance en diftance
des entailles dans les arbres, pour reconnoître l’endroit où ils les ont
placés.
Voici la maniéré dont fe font les pièges. On choifit un petit efpace
auprès des arbres ; on l’entoure de pieux pointus à une certaine hauteur
; on le couvre par en haut de petites planches, afin que la neige
jie tombe pas dedans : on y laiffe une entree fort étroite, aU-delfus
de laquelle eft placée une poutre qui n’eft fufpendue que par un lé.
ger morceau de bois, & fitôt que la Zibeline y touche pour prendre
le morceau de viande ou de poiifon qu on a mis pour 1 amorcer,
la bafcule tombe & la tue.
On ne fe contente pas toujours de faire un feul piege auprès d un
arbre, on en met quelquefois deux : le fécond fe tend alors de 1 autre
côté de l’arbre, de la même maniéré que le premier.
Les Chafleurs reftent dans l’endroit ou ils font halte , jufqu a ce
qu’ils aient dreifé un nombre fuffifant de pièges : chaque Chaffeur
eft obligé d’en faire vingt par jour j ainfi ils en font autant à chaque
halte ou endroit où il y a des Zibelines ; & lorfqu il ne fe
trouve point de ces animaux, ils paffent outre fans en drelfer.
Après avoir paifé dix haltes, chaque chef renvoie la moitié des
gens de fa troupe, pour aller prendre les provifions qu’ils ont biffées
dans le chemin ou dans l’habitation d’Hiver. Le chef défigne
un d’entr’eux pour être à leur tête. Quant à lui il s’avance toujours
avec le refte de fes gens pour faire des haltes & drelfer des
pièges.
Comme ceux qu’on envoie pour ramener les provifions, ne vo'nt
qu’avec des traîneaux vuides, ils paifent cinq ou fix haltes dans un
jour, & lorfqu’ils font arrivés à l’endroit où leur provifion eft cachée
chacun d’eux doit prendre fix poudes de farine, un quart de
poude d’amorces, c’eft-à-dire de viande ou de poifTon ; après quoi
ils reviennent joindre leur chef.
En apportant les provifions, ils s’arrêtent dans les mêmes endroits
où ils ont fait halte, & vont examiner tous les pièges qui fe
trouvent dans le voifinage : s’ils font couverts de neige, ils les nettoient
; s’ils y trouvent des Zibelines, ils les dépouillent; mais dans
chaque bande, même parmi ceux qui ont été envoyés pour aller
chercher les provifions, perfonne, fi ce n’eft le chef, n’a le droit
de dépouiller les Zibelines.
Si les Zibelines font gelées, & qu’on ne puilfe par cette raifon les
écorcher, ils les font dégeler en les mettant à côté d’eux dans leur lie
fous leurs couvertures. Ils ne les taxent & ne fouillent fur leur poil
pour en voir la qualité, que lorfqu’elles ont été écorchées. Pendant
qu’on les dépouille , tous les Chafleurs qui font préfents fe tiennent
aflïs dans le filence & l’inaction, & obfervent avec la plus
grande attention, que pendant ce femps-là il ne s’attache rien fur
les pieux. Après que la Zibeline eft écorchée, ils gn pofent le
corps, qu’ils appellent le Kouringa , fur de petites branches féchés,
Après l’avoir retiré, ils mettent le feu aux branches, & les portent
trois fois autour du corps pour le parfumer. Après cette cérémonie,
ils enterrent Je cadavre dans la neige ou dans la terre, .
Au refte, ce n’eft pas à la chair feule de gibeline que l’on
donne le nom de Kouringa ; ils appellent de même çelle de tous
les petits animaux.
S’ils trouvent beaucoup de Zibelines, ils les portent au chef ; &
s ils craignent la rencontre’ des Toungoufes ou de quelques autres
Peuples fauvages ; car les Toungoufes leur enlevent fouvent leur
chaflè ; ils mettent leurs peaux dans des tronçons verds qu’ils fendent
& creuferjt exprès. Ils en bouchent les extrémités avec dç la mm