quatre aux environs d’Awatcha & de Holchaia Reka. D’ail
leurs elle eft moins entaflee, parce quelle n’eft point battue pat
des vents fi impétueux. Aux environs des rivieres Tigil Si Ka
raga, il ne tombe ordinairement pas plus d’un pied & demi de
neige ; c’eft ce qui fait voir clairement la raifon pour laquelle la
Kamtchadals vivent de poiflbns & n’entretiennent point de trou,
peaux de Rennes comme les Koriaques, pour en faire leur nourri,
cure ; il y a cependant fi peu de poiifons tant fur les côtes orientales
en allant du Kamtchatka vers le Nord , que le long des côtés occi.
dentales, à quatre cents werfts de la Bolchaia Reka, qu’il nefuffi.
roit pas pour leur fubfiftance,fi ces Peuples voraces (les Kamtchadals
) , ne mangeoient indifféremment tout ce qu’ils trouvent, &
tout ce que leur eftomac peut digérer;-car quoiqu’il y ait au .Kamtchatka
affez de pâturage pour les Rennes, cependant la hauteur des
neiges empêche qu’elles ne puiffent trouver leur fubfiftance : c’eft
pour cela qu’on n’y peut garder les Rennes, même -celles qui appartiennent
a la Couronne, & qu’on emploie aux expéditions.
On me dira peut être que les Rennes fauvages- qui v-ivent dans
ces mêmes -lieux, y trouvent leur fubfifttance : mais .étant en liberté
, elles peuvent chercher leur nourriture-plus facilement'; elles
font d ailleurs d une conftitution plus forte que les Rennes do-
meftiques.
La lumière du Soleil réfléchie par la neige dans le Printemps,
produit un effet fi fingulier, que les Habitants pendant cette fai-
fbn ont le vifage auffi bafané que les Indiens, & que plufieurs en
ont mal aux-yeux, ou en perdent même tout-à-fait la- vue. Cens
qui ont les yeux meilleurs, y refïèntent une fi grande douleur,
flu ils ne peuvent fupporter la lumière. Delà v i e n t que l e s Habitants
de ce Pays pour fe garantir de la vivacité des rayons du Soleil,
portent dçs elpeees de bandeaux d’çcoree de bouleau dans JeA
quels on a percé de petits trous, ou un réfeau tiffu de crins noirs.
La véritable caufe de cela , eft que la neige étant fortement battue
par les vents violents & impétueux , fa fuperficie ainfi conden-
fée, devient auffi dure que la glace•: les rayons du Soleil ne
pouvant la pénétrer , s’y réfléchiffent, bleffent les organes de la
vue, & deviennent infoutenables par la blancheur éclatante de la
neige.. -,
M. Steller dit que la néceffité lui fit découvrir un remède fi efficace,
qu’en fix heures de temps il diffipoit la rougeur, & guérif-
foit tout le mal des yeux. Il prit un blanc d’oeuf, & après l’avoir mêlé
avec du camphre & du fucre, il les battit dans une affiette d'étain
jufqu a ce que le tout fut en écume ; il l’appliqua enfuite fur les yeux
malades. Ce remede, félon lui, eft efficace pour toutes fortes d’inflammations
des yeux qui proviennent de la même caufe.
Comme l’air eft très froid, il tombe fouvent de la grêle auffi-
bien dans l’Eté que dans l’Automne ; cependant elle n’eft jamais
plus greffe qu une lentille ouquun petit pois. On voit rarement des
éclairs ; ce qui n’arrive encore que vers le Solftice d’Eté.Les Karnt-
chadals s’imaginent que ce font les efprits qu’ils appellent Gamou- -
li-, qui en chauffant leurs huttes , jettent les tifons à demi confirmes
, comme font les Kamtchadals. Il tonne peu , & quand le tonnerre
gronde , ce n’eft que comme s’il étoit bien loin. Jamais per-
fonne n a été tué de la foudre. A l’égard de ce que difent les Kamtchadals
, qu’avant la venue des Ruffes , le tonnerre fe faifoit entendre
avec plus de violence , & que piufieursd’entr’eux en avoient été
frappes; j ai de la peine à le croire. Lorfque les Kamtchadals entendent
le tonnërre gronder, ils diiênt Kouthou batd-tomkeret ; c’eft-
a-dire Kouchou ou Bilioutch tire fes canots d’une riviere dans
^ ne autre ; car ils s’imaginent que le bruit qu’ils entendent vient de-
a. Us penfent auffi que quand ils retirent les leurs fur le rivage r