poude ; mais elles font fort rares. On en trouve même rarement
à trois dents dans un poude, c’eft-à-dire qui pefent douze livres chacune.
Les dents ordinaires font celles qui pefent cinq à fix livres
, & il en faut cinq pour faire un poude , & même lîx ou huir.
On en débite rarement qui foient plus petites. Au refte cette mar-
chandife fe partage fuivant le nombre des dents qui entrent dans un
poude, & fe vend fous le nom de poude à huit, à cinq & à
quatre, &c.
La fuperfïcie des dents de Cheval marin s’appelle Bo/on, & 1*
coeur ou l’intérieur Chadra, dans le langage de Sibérie.
La peau, la chair & la graiffe de Chevaux marins,, fervent au
même ufage que celles des Veaux marins. Les- Koriaques en font
des efpeces de cuirafles, telle que celle que j’ai envoyée au Cabinet
de l’Académie Impériale. J’ai expliqué de quelle maniéré ils s’y
prennent, en parlant de l’armure de ces Peuples,
Des Lions marins.
Les Lions ( i ) marins & les Chats marins différent peu par l’extérieur
des Veaux & des Chevaux marins , & on peut les regarder
comme de la mêmeefpece.
Quelques perfonnes donnent aux Lions marins ,1e nom de Chevaux
marins, parce qu’ils ont une criniere. Us font faits comme le
Veau marin, mais plus gros que les Chevaux marins. Us pefent depuis
trente-cinq jufqu’à quarante poudes. Ils ont le cou nud, avec
une petite criniere dont le poil eft rude & frifé.Au refte, leur peau
fur tout le corps eft brune ; leur tête eft de moyenne grolfeur,
leurs oreilles font courtes ; le bout de leur mufeau eft auffi court &
relevé comme celui des doguins ; leurs dents font très grandes ; au»
lieu de pieds , ils ont des nageoires fort courtes. Us fe tiennent or-
(x) Léo mari nus. Sceller. Mém. Acad. de Saint-Pétersbourg} Tome ILdinairement
près des rochers de l’Océan ; ils y grimpent jüfqu à
une grande hauteur, & on les voit en très grande quantité coucliés
fur ces rochers. Leurs mugiffements font auffi extraordinaires qu’affreux,
& beaucoup plus forts que ceux des Veaux marins, ce qui èft
fort utile aux Navigateurs , puifque c’eft un lignai dans les temps
de brume ou de grands brouillards qui les empêche d’échouer entre
les ifles ou les écoeuils près defquels ces animaux font ordinairement
leur retraite.
Quoique cet animal,dont la vüe eft effrayante, pâroiffe hardi,
& qu’il furpaffe de beaucoup les Chats marins en force, en grandeur,
& par la forte conftitution de fes membres ; quoiqu’il falfe
paraître dans les -extrêmes dangers une fureur égale à celle da
Lion, cependant il eft fi timide qu’il fuit avec précipitation dans la
mer, dès qu’il apperqoit un homme. Si on le réveille avec un bâton
ou en criant, il eft faifî d’un tel effroi, qu’en fuyant il tombe à chaque
pas, pouffant de profonds foupirs, parce que fes membres tremblants
ne peuvent lui obéir; mais quand il voit qu’il ne refte aucun
moyen de s’échapper , il s’élance avec beaucoup de courage fur celui
qui s’oppofe à fon paiTage, il fecoue la tête, il entre en fureur
& pouffe des rugiffements fi effroyables, que quelque intrépide que
l’on puiffe être, on eft obligé de chercher fon falut dans la fuite :
c’eft la raifon pour laquelle les Kamtchadals ne l'attrapent jamais fur
mer, fachant qu’il renverfe les barques avec les gens qui font dedans
, & les fait ainfi périr. Us craignent également de l’attaquer
fur terre , ils ne le tuent ordinairement qu’en le furprenant, ou
en profitant du moment où ils le trouvent endormi ; encore n’y
a-t-il que les Chaffeurs qui ont le plus de confiance dans leurs
forces & dans leur agilité, qui ofent alors s’en approcher, & ils
le font avec beaucoup de précaution & en allant contre le vent. Us
lui plongent un harpon dans la poitrine au-deffous des nageoires de
devant.: ce harpon eft attaché à une longue courroie faite de cuir