D e s c r i p t i o n
au Nord ainfi qu’au Sud du Kamtchatka , la terre rfy eft pas proE
pre à faire des pâturages, ni à être cultivée. Les bords de la' mer
font ou pierreux, ou fabloneux, ou marécageux , & les vallons le
long defquels coulent les rivieres ne font point afîèz étendus pour
qu’il foit poffible d’y femer du grain ; quand même U n’y auroit
point d’autres obftacles, on ne peut efpérer que peude chofe du fol
des environs de la mer Pengina, fur-tout par rapport au bled qui
paflè l’Hiver dans la terre, parce que ce terrein eft marécageux:,
& prefque pantout rempli d’inégalités. |
On trouve à quelque diftance de la-mer, des endroits élevés &
quelques collines couvertes de bois qui paroiffent fufceptibles de
culture ; mais la neige, qui fous ce climat tombe en abondance au
commencement de l’Automne avant que lâ terre foit gelée, & qui
y iejourne quelquefois jufqu’à la moitié du mois de Mai, empêche
qu’on ne féme/des grains d’Eté , comme l’avoine , l’orge, &c. Elle
fait aulfi tort aux bleds- qu’on a femés- avant l’Hiver car venanr
à fondre, elle emporte le grain, ou le gâte & le détruit. D’ailleurs
on n’y peut rien femer avant la mi Juin , & e’eft alors que
commencent ordinairement les pluies qui durent jufqu’au mois
d’Août ,. de forte que l’on eft quelquefois quinze jours de fuite
fans voir le Soleil. Ces pluies font monter & grolfir le grain eu
très peu de temps •; mais comme l’Eté eft fort court, faute de
chaleur néceflaire, il- ne mûrit point. M. Steller croit cependant
que l’orge Sé l’avoine pourroient- y réuffir, fi l’on- cultivoit & préparait
la terre comme il faut ; mais cela eft fort douteux , &. le
■temps feul nous montrera s’il a raifon -, ce qu’il y a de sûr, c’eil
que quelques perfonnes-& moi avons femé â plufieurs reprifes, »
Bolchaia Reka de l’orge qui faifoit plaifîr à voit par fa hauteur, fofl
abondance,, & la grandeur des- tiges & des épis : la tige s’elevos
plus haut qu’uiie archine & demie, &• les épis étoient plus longs
qu’un quart d’archine, mais nous n'eûmes ni les. uns, ni les aWres
la fatisfaétion de les voir venir à maturité: car au commencement
¿’Août la gelée, les fit périr lorfqu’ils étoient encore en fleur & qu’ils
commençoient a le former.
Je crois dev.oir remarquer que les endroits bas, expofés aux inondations
& tout-à-faitftériles, qui s’étendent à une diftance confidé-
rable depuis 1a mer de Pengina jufque dans l’intérieur du Pays, parodient
êtiè compofés d’un amas de terre que la mer y a tranfpor-
té ; ce qu’il eft aifé d’appercevoir en examinant ces différentes couches
, & de quelle faqon la fuperficie de cette terre s’eft accrue par
la fuite des temps.
Les rivages de la Bolchaia Reka ( grande riviere ) , où cela eli
fenfibie, font à pic & aifez élevés : outre les différentes couches de
glaife, de fable, de fange & de vafe , j’ai vu , à plus de fix pieds de
profondeur dela .furface de la terre, une grande quantité d’arbres
dont l’efpece eft inconnue dans ces contrées; ce qui peut donner
lieu de penfer que toutes ces vaftes plaines couvertes de mouffes, &
ces endroits marécageux où l’on ne trouve d’autres bois que de petits
failles & des bouleaux , ont été autrefois couverts par les eaux de la
mer,qui peut-être fe font retirées infenfiblement comme des côtes
du Nord. ■
La remarque fuivante de M. Steller , eft dun grand fecours
pour expliquer la caufe de là ftérilité de la. terre de ces cantons
voifins de.la met & éloignés des montagnes. Il obferve que la
terre aux.environs de la mer Pengina, ne gèle pas au-dela dun
pied de profondeur ; qu’enfuite elle eft molle à la hauteur d’une
arçhine & demie ; que plus avant on trouve une couche de glace
que l’on ne peut brifer qu’avec difficulté ; on parvient enfuite à
une vafe. qui eft molle & liquide, après laquelle on trouve le roc,
qui fans doute continue à s’étendre depuis les montagnes jufqu a.
la mer. C’eft à quoi il attribue la ftérilité de ces contrées où il ne
peut croître de bois, & où la terre eft couverte de moufle & pleine