» ment ce mois Kaya-koatch, parce que c’eft alors qu’ils travaillent
» l’ortie, qu’ils l’arrachent, la font rouir, la féparent en petits
» morceaux, & la mettent fécher.
» Décembre , Nokkoofnobil, c’eft-à-dire, un peu froid ; pour
» lignifier que c’eft dans ce moisque le froid commence ordinaire-.
» ment à fe faire fentir.
» Janvier ,Ziqa-koatch., c’eft-à-dire, ne me touchez pas. Ils re-
» gardent alors comme une grande faute de boire fans vafes de
» l’eau dans les Rivieres, parce qu’ils s’expofent à. avoir les lèvres
» gelées ; aufïi dans ce temps ils puifent l’eau dans les Rivieres avec
» des cornes de Bélier, ou avec des vafes faits d’écorce d’arbre.
» Février, K 'itcha-oatch , parce qu’ils remarquent que dans ce
» temps le froid rend plus caifant le bois des échelles qui leur fer*
» vent à monter dans leurs Habitations.
» Mars, Agdou-koatch, parcequ’ord'inairement la neige com-
» mençant alors à fondre tout autour de leurs Iourtes ou Cabanes ,
» ils les ouvrent, & voient la Terre qui commence à fe décou*
» vrir.
» Avril, Ma/gal-koatch, c eft-à-dire le mois des Hochequeues}
» parce que ces Oifeauxleur annoncent par leur arrivée, que la-fe-
» conde année & l’Hiver vont finir«..
Il paroît par le rapport de M. Steller, qu’il s’eft entretenu avec
des Gens plus inftruits que les autres Voyageurs, & que tous les
Kamtchadals ne comptent pas le même nombre de mois, & ne les
appellent p s de même; Ils ne diftinguent point les jours par des
noms particuliers ; ils ne connoiffent ni les femaines ,.ni les mois.;
ils ignorent par conféquent de combien de jours leurs mois & chaque
année font compofés.
Les événements confidérables leur fervent d’époque dans la divi-
fïon qu’ils font des temps : tels que , par exemple , la venue des
Ruifes,, la grande révolte des Kamtchadals,, la première expédition
àu Kamtchatka. Ils ignorent abfolument 1 écriture. Ils n ont
nulles figures hiéroglifiques pour conferver la mémoire des eve-'
nements : ainfi toutes leurs connoiffanees ne font fondées que fut
la tradition ; & elle devient fi fautive & fi imparfaite de jour en
jour , qu’on a peine à reconnoître les faits , même les plus vrais.
Ils ignorent totalement les caufes des Eclipfes ; quand il en arrive,
ils font du feu dans leurs Iourtes , & prient les Aftres éclip- •
fés de reprendre leur lumière. Us appellent les Eclipfes, Kouletch-
gaugltçh.
Ils ne connoiffent que trois Conftellations} la grande Ourfe ,’
qu’ils appellent Kränkle ; les Pléiades , qu’ils nomment Degitch
ou Igitch , & Orion, appellé par eux Oukaltegid.
Us attribuent le Tonnerre & l’Eclair à de mauvais génies, ou à
des gens qui font leurs habitations dans des V olcans.
Les Kamtchadals ne donnent des noms qu’aux Vents cardinaux
; encore ne s’accordent-ils pas à cet égard. Les Habitants de la
Riviere de Kamtchatka appellent le vent d’Orient Changuich, qui
fîgnifie , foufflant d’en-bas ; le vent du Couchant, Bouïkimig ; le
vent du Nord , Betegem ; le vent du Nord - Eft , Koafpioul,
c’eft-à-dire , le vent gras ; parce que ce vent pouffant les glaçons
vers le rivage , on tue beaucoup de Bêtes marines : le vent du
Nord-Oueft , eft appellé Tag, c’eft-à-dire , qui fouille d’en-haut ;
le vent du M idi, Tchelioukimg. Les Kamtchadals qui habitent
vers le Nord , depuis les bords de la Riviere Kamtchatka, appellent
le vent d’Orient, Kouneouchkt, c’eft-à-dire , fouillant du
côté de la Mer ; le vent d’Occident, Eemchke , c’eft-à-dire, qui
fouille du côté de la Terre } le vent du Nord , Tinguilchkht,
c’eft-à-dire, froid ; le vent du Midi , Tcheliouguink ; le vent du
Sud-Oueft, Guingu.i-Eem.chkt, c’eft-à-dire , faifon des Femmes ;
parce que pendant que ce vent fouille, le Ciel pleure comme une
Femme, à ce qu’ils difent.