Kamtchadals , où ils tomboient dans la Iourte par l'ouverture d’en
haut. Mais les vents ne pouffent point ainfi toutes les années les
glaces vers les Côtes ; lorfque cela arrive, ce font de bonnes années.
Les Kamtchadals * les Cofaques & les Marchands en tirent un
avantage conildérable. Les naturels du Pays peuvent avec ces peaux
acheter des Cofaques tout ce qui leur eft néceffaire, & les Cofaques
les troquent avec les Marchands pour d’autres marchandifes, ou les
vendent pour de l’argent. Les Marchands les rapportent chez eux,
& en tirent à leur tour un bon parti. Le temps de cette chaffe eft
le plus favorable pour lever les tributs ; car fouvent les Kamtchadals
donnent un Caftor au-lieu d’un Renard ou d’une Zibeline,
quoique l’un foit au moins cinq fois plus cher que l’autre. En effet,
chaque Caftor fe vend , l’un portant l’autre, 90 roubles, & même
davantage fur les frontières de la Chine. Ce n’eft que depuis peu
que ces Caftors font d’un prix il exorbitant : autrefois ils ne fe ven.
doient que dix roubles à Jakouftk. On n’en fait pas ufage en
Ruffie ; néanmoins les Marchands de Mofçou achètent de la Cham»
bre du Commerce de Sibérie ceux qu’on y apporte, Si les envoient
à leurs Commis fur les frontières de la Chine ; & malgré les grands
frais de tranfport, & les pertes auxquelles ils font expofés, eu égard
au grand éloignement quil y a de MofcOu aux frontières de la
Chine, ils ne laiffent pas d’en tirer encore un profit confidérable.
Les Kouriles ne faifoient pas autrefois plus de cas de ces animaux
que des Veaux & des Lions marins, avant qu’ils euffent appris
des Ruffes leur qualité fupçrieure ; & encore aujourd’hui ils échangent
volontiers une fourrure de Caftor pour une de peau de Chien,
parce que les peaux de Chiens font plus chaudes, ôç réfiftent plus
à l’hurnidité.
Des Vaches marines.
O n trouve encore quelques animaux dans ces mers, au nombre
defquels font le Bélouga, la Vache marine, &c. Comme le Bélouga
eft un animal très commun , nous n’avons pas cru devoir en
r i e n dire ici. Pour la Vache marine elle nous paroît mériter une
defcription particulière, avec d’autant plus de raiibn, que les Na-
turaliftes ne font point jufqu a préfent d’accord entr’eux fi l’on doit
mettre cet animal dans la claffe des PûilJons ou des Animaux marins.
Plufieurs perfonnes regardent la Vache marine comme un
poiffon de la même efpece que la Baleine. De ce nombre eft le fameux
Naturalifte Arted ; les autres la mettent au rang des Bête*
marines. M. Klein, Secrétaire de la ville de Dantzik, & Membre
delà Société de Londres, eft dans la même opinion , ainfi que M.
I Steller dans fa Defcription des Bêtes marines.
Ces opinions font appuyées fur des raifonnements affez plau-
fibles. Les premiers foutiennent la leur, en difant que la Manatée,
ou Vache marine n’a point de pieds, ou du moins qu’elle n’eft
pas quadrupède, comme les Veaux , les Caftors, des Chats & les
Lions marins; qu’elle a une queue comme les autres PoiiTons &
fans poil. Les autres Naturaliftes regardant les pattes de devant, ou
les efpeces de nageoires de ces animaux, comme des pieds, ils partent
de-là pour fortifier leur fentiment, & difent qu’elles ont des pieds ;
qu’en outre elles font des petits qu’elles nourriffent de leurs mamelles
, & qu’on peut les apprivoifer.
La première opinion eft d’un grand poids, par rapport à la
I queue de poiflon & aux deux nageoires : la fécondé , par rapport
I aux mamelles que l’on ne trouve dans aucune efpece de poiffons.
A l’égard de ce qu’on dit de la génération des Manatées , cela
I tft non-feulement propre aux Baleines, mais encore à plufieurs
grands Poiflons ; comme, par exemple , à celui qu’on appelle
Akoul (1) ; mais quoique fuivant ce que nous venons de rappor(
l) Canis Çarcharias. Au&.