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traîneaux. Après en avoir ôté le poil avec de l’eau chaude, elles les:
coufent en forme de fac, tournant en dehors le côté de la peau où
étoit le poil. Elles verfent dans ce fac une forte décoôtion d’écorce
d’aune & les recoufent par le haut. Quelque temps après , elles le
pendent à un arbre, le battent avec des bâtons, & continuent cette
opération à pluiïeurs reprifes, jufqu’àcequela couleur ait aflez pénétré
la peau ; elles la lailTent fécher à l’air, & la frottent avec les mains
jufqu’à ce qu’elle foit molle, fouple & propre à être employée. Les
peaux ainfi préparées, reifemblent beaucoup au maroquin. Les La-
moutes, fuivant M. Steller, les préparent beaucoup mieux ; ils les
appellent Mandara, & vendent chaque peau huit grives, La grive
eft une pièce d’argent qui vaut dix fols.
Quant au poil des Veaux marins dont elles fe fervent pour garnir
leurs robes & leurs chauifixres, elles le teignent avec un petit
fruit d’un rouge très foncé, qu’elles font bouillir avec de l’écorce
d’aune, de l’alun, & une huile minérale appellée Oleurnpetroe (i).
Cette couleur eft ordinairement d’un rouge nés vif.
Elles çoufent leurs robes & leurs chauiTures avec des aiguilles
d’ô s , & au-lieu de fil elles fe fervent de nerfs ou de fibres de Rennes
qu’elles rendent auifi fins qu’il eft néeeflaire pour leur ufage.
Elles font la çolle avec des peaux de poiifons féchés, & fur-tout
avec des peaux de Baleine, Elles enveloppent ces peaux dans de l’é-
porce de bouleau, & la laiifent quelque temps fur de la cendre
çhaude. Cette colle eft auifi bonne que la meilleure de Ruffie.
( j ) Vaççiniimp. Linneus.