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tout-à-fait ; enfin ils partagèrent entr’eux Y Orne g qui reftoit dans
dès lacs après la purification dès filles jumelles. ...
La derniere cérémonie de leur Fête confifte à aller dans les bois
& à y prendre un petit oifeau, qu’on rôtit, & qu’on divife en petits
morceaux pour être diftribués à tous les Kamtchadals, qui le jet-
tént dans le feu après en avoir un peu goûté.
Cette Fête , fuivant M. Steller , éroit célébrée par les: Kamtchadals
pendant un mois entier, avant l’arrivée des Ruffes au Kamtchatka
; elle commençoit à la nouvelle lune. Cela donne lieu de croire
que leurs ancêtres avoient des vues plus fages, & qu’elle a. été établie
fur des fondements folides ; d’autant plus que ces. Peuples , comme
on a pu le voir dans la defcription.que nous venons de,donner , jettent
encore aujourd’hui tout dans le feu qu’ils regardent comme
une chofe facrée tout ce que l’on brûle pendant la Fête. En elfet la
nouvelle lune aufii-bien que le feu facré.-a toujours été .en vénération
chez plufieurs Nations, & particulièrement chez les Hébreux.;
ils font les feuls qui, obfervant en cela l’ordre que Dieu leur avoit
donné, & la tradition de leurs peres , n’ont point perdu le véritable
culte après le déluge, tandis,que chez.les autres Nations , comme
chez les Kamtchadals, il n’en eft rêfté que quelques traces ,, & que;
tout le. refte s’y eft altéra^ .
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C H A P I T R E X I V .
FeJlins & Divertijfements des Kamtchadals.
L E s Kamtchadals font des feftins, lorfqu’une Habitation en veut
régaler une autre , & fur-tout lorfqu’il fe fait quelque mariage
quelques grandes chaifes ou pêches : ces feftins confiftent fur-tout I
à manger , avec avidité , à danfer & à chanter. Les Maîtres de la
maifon donnent alors à leurs hôtes de grandes taifes ou febilles remplies
d'Opanga ; & les convives en mangent une fi grande quantité
qu’ils font fouvent obligés de vomir. Ils fe fervent quelquefois
pour fe régaler d’une efpece de champignons venimeux qui font
connus en Ruïïïe fous le nom de M.oucho-more, ( qui tue les mouches)
. Ils les font tremper dans une boiffon fermentée faite de
kiprei (i) qu’ils boivent enfuite : ou ils mangent de ces champignons
feps; & pour les avaler tout entiers avec plus de facilité, ils en font
des efpeces de rouleaux ; cette maniéré dé les manger eft la plus ufitée.
Le premier fymptôme &le plus ordinaire par lequel on connoît
que ces champignons venimeux commencent à produire leur effet,
eft un tremblement ou une convulfion dans tous les membres,
qui fe fait fentir au bout d une heuie, & quelquefois plutôc ;
il èft fuivi d’une ivreffe & d’un délire femblable à celui d’une
fieyre chaude. Mille phantômes gais ou triftes , fuivant la différence
des temperaments, fe prefentent a leur imagination, Quelques-
uns fautent , d’autres danfent ou pleurent, & font dans des frayeurs
terribles. Un petit trou leur paroît une grande porte, une cuillerée
d eau, une mer : il n y a cependant que ceux qui font un ufage immodéré
de ces champignons, qui tombent dans ces délires ; car ceux
(#) _%ilobiuni.
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