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leur apprendre à nager. On a fait l'expérience d’en jetter à l’eau-
mais au lieu de nâger, ils fe débattoient & s’empreifoient de gagner
le rivage. Les petits Lions marins font deux fois plus grands que ceux
des Chats de mer.
Quoique ces animaux craignent beaucoup les hommes, on a
cependant obfervéqu’à force d’en voir, ils devenoient moins farouches
, & fur-tout dans le temps que leurs petits nagent encore mal
M. Steller refta exprès fix jours fur un rocher, au-milieu d’une
troupe de ces animaux. De fa cabane, il fut témoin de tous leurs
mouvements & de toutes leurs a&ions.
Ces animaux étoient tranquilles auprès de lu i, obfervant toutej
fes aérions ; ils regardoient le feu fans prendre la fuite, quoiqu’il lui
arrivât fouvent de s’avancer au milieu d’eux, de leur prendre leurs
petits , & même de les tuer pour en faire la defcription. Ils reftoient
tranquilles, ne fe jettoient point fur lui, ne fongeant quâ s accoupler,
â fe difputer le terrein, & à fe battre pour leurs femelles. Il y
en eut un entr’autres qui fe battit trois jours pour une femelle, Si
qui fut blelfé dans plus de cent endroits. Les Chats marins, loin de
fe mêler jamais dans leurs combats , ne cherchent qu a s eloignet
& à leur céder la place. Ils n’empêchent point les petits du Lion
marin de jouer avec eux ; mais ils n’ofent pas faire de refiftance
aux peres , & fuient autant qu’il eft poflible leur compagnie ; au-
lieu que les Lions marins prennent beaucoup de plaifir à fe mêler
parmi les Chats. Ceux qui font les plus vieux , ont la tete
grife, & il n’y a pas de doute qu’ils ne vivent fort long-temps- L
fe grattent la tête & les oreilles avec leurs pattes ou nageoires ds
derrière, comme les Chats marins. Ils fe tiennent debout, nagent,
fe couchent, & marchent de même qu’eux. Les gros beuglent
comme des Boeufs, & les petits bêlent comme les Moutons. Les
vieux ont une odeur forte , qui n’eft cependant pas auffi defagtea
ble que celle des Chats marins, fçndant l’Hiver, le Printemps &
$ ' l’Ete,
l’Eté, ils ne vivent point par tout indiftinétement, mais feulement
dans des lieux qui leur font propres, comme dans l’ifle de
Béring, fur des rochers, aux environs de quelques endroits fort
efearpés ; & la plupart y vont de compagnie avec les Chats marins.
On en voit une grande quantité dans le voifinage des côtes
de l’Amérique ; & il y en a toujours aux environs du Kamtchatka ,
mais ils ne vont pas au-delà du cinquante-fixieme degré de latitude.
C’eft aux environs du Cap Kronotskoi, de la riviere Ojlro-
nowaia & de la Baie d’Awatcha, que fe fait la pêche la plus abondante
de ces animaux. On en trouve auflt aux environs des Iiles
Kouriles , & prefque même juiqu’à celle de Matmai. M. Spanberg,
dans fa Carte marine, a placé une certaine Ifle, à laquelle il a donné
le nom de Palais des Lions marins, à caufede la quantité de ces
animaux , & parce que cette Ifle eft bordée de rochers très efearpés,
qui reflemblent à des édifices. On n’en voit jamais dans la mer de
Pengina ; ils reviennent dans l’ifle de Béring en Juin, Juillet ôc
Août pour fe repofer, faire leurs petits, les élever , & pour s’accoupler.
Après ce temps, on les trouve aux environs du Kamtchatka
en plus grande quantité, que dans le voifinage de l’Amérique.
Ils fe nourriffent de poiflbns, & peut-être de Veaux & de Caftors
marins, & d’autres animaux. Les vieux, dans les mois de Juin & de
Juillet, mangent peu ou point du tout; & ils ne font que fe repofer
& dormir; ce qui les fait maigrir extraordinairement.
Des Chais marins.
Les Chats marins ( i ) font la moitié moins gros que les Lions marins.
La forme de leur corps eft femblable à celle des Veaux marins ;
ils ont feulement la poitrine plus large & plus groilè , & font plus
minces vers la queue. Leur mufeau eft plus long, leurs dents font
plus grandes , leurs yeux font à fleur de tête , comme ceux des Va-
(I) ürfus marinas. Stell. Ménj. del’Acad. de Saint-Pétersbourg, Tome II.
Tome IL. ^lL