que l’on trouve dans la mer , qui fépare le Kamtchatka de l’Amérique.
40. La fituation des Ifles, & le peu d’étendue de cette mer.
Au refte | je laiife ces preuves au jugement de perfonnes plus habiles •
il me fuffit de rapporter les obfervations que Ton a faites aux environs
de ces contrées.
La mer qui fépare le Kamtchatka de l’Amérique , eft remplie
d’îfles qui s’étendent à la fuite les unes des autres vis-à-vis l’extrémité
de l’Amérique qui eft au Sud-Oueft, jufqu’au détroit d’Anian, &
forment une chaîne aulïi fuivie que celle des Ifles Kouriles jufqu’au
Japon. Cette chaîne d’ifles eft fituée entre le cinquante-unieme &
le cinquante-quatrieme degré de latitude, direétement à l’Eft, &
commence un peu au-delà du cinquante-einquieme degré des côtes
du Kamtchatka.
M. Steller penfe que la terre de la Compagnie doit être entre les
Ifles Kouriles & celles de l’Amérique ; mais plufieurs perfonnes en
doutent ; car , fuivant fon opinion , la terre de la Compagnie doit
être la hafe du triangle des Ifles Kouriles & de celles de l’Amérique,
ce qui paroîtroit probable, fi la terre de la Compagnie étoit exactement
placée fur les Cartes.
Le continent de d’Amérique, quant au climat , eft beaucoup
meilleur que ne l’eft la partie la plus extrême de TAfie qui eft au
Nord-Eft, quoique l’Amérique foit voifine de la mer & remplie de
hautes montagnes toujours couvertes de neige. Cesmontagnes font
très différentes de celles de TAfie.
Celles-ci étant par-tout écroulées & entrouvertes, ont perdit
depuis long-temps leur folidité & leur chaleur interne ; auflï n'y
trouve-t-on aucune efpece de métaux précieux ; il n’y croît ni
arbres, ni plantes, excepté dans les vallées, où Ton voit des ar-
briffeaux & des plantes qui approchent de la nature des plantes ü*
gneufes ; au-lieu que les montagnes de l’Amérique font compares,
& leur furface n eft point couverte de moufle , mais d’une terre
fertile : de-là vient que depuis leur pied jufqu’àleur fommet elles
font garnies de bois toufiis & très beaux.
Toutes les Plantes qui croiffent au bas de cesmontagnes, font de
la nature de celles qui naiffent dans des endroits fecs, & non dans
des marais ; on trouve fur leurs fommets les mêmes efpeces qui
viennent au pied de ces montagnes, & elles ont ordinairement la
même forme & la même groffeur, parce que la chaleur intérieure
.& l’humidité font égales par-tout ; mais en Afie les Plantes différent
fi fort entr’elles, que d’une feule efpece on pourroit en faire plufieurs
, fi Ton ne faifoit attentionà cette réglé générale pour ces contrées
, je veux dire, que les Plantes qui croiffent dans les terreins bas,
font deux fois plus hautes que celles qui naiffent fur les montagnes,
quoique delà même efpece.
Les côtes de l’Amérique, même les plus voifines de la mer fous
le foixantieme degré de latitude , font couvertes de bois ; au-lieu
qu’au Kamtchatka , fous le cinquante-unieme degre de latitude-,
on ne trouve que de petits bois de faule & d’aune ; encore ne croif-
fent-ils qu’à vingt werfts de la côte, & les bouleaux ordinairement
à trente. Les bois de fapin dont on tire communément le goudron ,
& qui croiffent le long de la riviere du Kamtchatka , font éloignés
de cinquante werfts, ou même davantage , de fon embouchure ; &
dans cette contrée, fous le foixante-deuxieme degré, on ne trouve
plus aucun arbre.
M. Steller croit que l’Amérique s’étend depuis le degré de latitude
que nous venons d’indiquer , jufqu’au foixante-dixieme, &
meme au-delà , que cette terre eft défendue, & pour ainfi dire couverte
du côté de l’Oueft par le Kamtchatka j ce qui eft la principale
caufe qu’il y croît une grande quantité des efpeces de bois dont
je viens de parler, au-lieu que les côtes du Kamtchatka, & particulièrement
celles de la mer de Pengina, n’en ont point, fans doute
a caufe des vents violents du Nord auxquels elles font expofées;
Ou ij