Canot, & au moins un an à faire line auge : auflï les Canots èt les
grands Vafes n’étoient pas moins eftimés chez eux , que l'eft chez
nous la plus belle pièce de vaiifelle, même du métal le plus précieux.
Le Village qui étoit en pofleffion d’une belle auge , s’efti-
moit plus que fes Vpifins, fur-tout lorfqu’elle étoit de grandeur
à traiter plufieurs Convives. C ’eft dans ces auges qu’ils font cuire
la viande & lesPoilfons, en jettant dedans des cailloux rougis au
feu ; & la provifion doit être abondante , puifqu’un Kamtchadal
mange quelquefois à lui feul autant que dix hommes en-
femble.
Leurs couteaux font encore aujourd’hui d’un criftal de montagne
verdâtre, tirant fur le brun , pointus & faits comme des lancettes
, avec des manches de bois. Us emploient de même le criftal
pour armer leurs fléchés & leurs piques , ainfi que pour faire
leurs lancettes, dont ils fe fervent encore aujourd’hui pour fe fai-
gner. Leurs aiguilles font faites dos de zibelines : ils s’en fervent
avec beaucoup d’adreife pour coudre leurs habits, leurs chauflures ,
de même que toutes les garnitures & bordures qu’ils y ajoutent.
Lorfqu’ils veulent allumer du feu, ils prennent un petit ais de
bois bien fec, percé de plufieurs trous , dans lefquelles ils tournent
avec rapidité un bâton fec & rond, jufqu a ce qu’il s’enflamme
( N ° . il. ). Ils fe fervent en guife de mèche, d’une herbe ( i ) féchée
& bien broyée. Chaque Kamtchadal porte toujours avec lui un
de ces inftruments enveloppé dans de l’écorce de bouleau. Ils préfèrent
même à préfent cette façon de faire du feu, à nos fufîls, par
la raifon qu’ils né peuvent avec ceux-ci faire du feu auffi promptement
qu a leur ancienne maniéré, Ils font un fi grand cas des
autres inftruments de fer, tels que les couteaux, fléchés, haches,
aiguilles, &ç, que dans les preiniers temps qu’ils furent fournis un
(f). On l’appelle daijs le Pays
Kamtchadal s’eftimoit riche & heureux, dès qu’il polfédoit un morceau
de fer, quel qu’il fut. Aujourd’hui même lorfqu’un chaudron
eft ufé par le feu, ils ont un foin extrême d’en ramalTer les
morceaux; ils les forgent à froid entre deux pierres, & ils en font
toutes fortes de petits inftruments utiles , comme des fléchés & de
petits couteaux. Tous les Peuples du Kamtchatka & de la partie
orientale de la Sibérie, font très avides de fer ; & comme quelques
uns font portés à la rébellion , principalement les Tchoukt-
çhi, il eft défendu aux Ruifes de leur vendre des armes ; maie ces
Sauvages ont l’adrelfe de faire des lances & des fléchés, des pots &
des marmites qu'ils achètent : ils ont auffi des armes à feu qu’ils enlèvent
aux Ruifes , mais la plupart ne favent point en faire ufage.
Us font fort adroits à raccommoder les aiguilles : lorfque la tête fe
rompt, ils la percent de nouveau jufqu a ce qu’il ne refte plus que
la pointe.
Pendant mon féjour dans ce Pays, je nai vu que ceux qui fe
piquoient de vivre â la RuiTe, qui fe ferviifent de vafes de fer &
de cuivre ; les autres ont confervé leurs uftenfiles de bois.
On prétend que les Kamtchadals ont connu l’ufage des inftruments
de fer avant l’arrivée des Ruffies, & qu’ils doivent cette con-
noiffance aux Japonois qui venoient dans les Iiles Kouriles, On
ajoute même que les Japonois vinrent une fois par Mer jufqu a f embouchure
de Bolchaïa reka , & que le nom de Chichaman, que les
Kamtchadals donnent aux Japonois, vient de Chiche, qui lignifie
aiguille à coudre.
Il n y a point de doute que les Japonois ne Ibient venus autrefois
dans les Ifles Kouriles avec de petits Bâtiments pour y commercer
, puifque j ai acheté des Kamtchadals des boucles d’oreilles
d argent, un fabre Japonois, & un cabaret verni fur lequel on
prefente du thé ; ce qui ne peut venir d’ailleurs que des Japonois.
Mais on n a aucune efpece de certitude qu’aucun de leurs Vaiflèaux