fants, pour partager enfuite leurs dépouilles. Que les Kamtçhadals
confternés de cette ouverture qu’il venoit de leur faire , avoient
abandonné leurs habitations pour aller fe retrancher dans un lieu
efcarpé. Qu’ils avoient tué aux RuiTes trois Soldats, & en avoient
bleffé beaucoup d’autres. Ils l’accufoient encore de s’être approprié
prefque tous les préfents envoyés d’Iakoutsk, & d'en avoir difpofé
à fon avantage ; de forte que pendant fon féjour au Kamtchatka,
on n’avoit pas vu chez lui plus d’un demi-poude de grains, de verre
&c d’étain ; qu’il avoit fait fondre & employer tout le cuivre qui lui
avoit été donné, à faire des alambics pour diftiller des eaux-de-vie;
qu’à force de maltraiter un Kamtchadal nouvellement baptifé , il
lui avoit extorqué une peau de Renard noir d’un grand prix, que
celui-ci deftinoit pour la CaifTe de Sa Majelté.
Ces accufations font voir jufqu’où les Cofaques portoient l’ans-
mofité contre leur Chef ; il faut avouer cependant que parmi toutes
ces imputations, il y en avoit plufieurs qui ne laiifoient pas d’être
bien fondées ; car Atlafow pouvoir ne leur pas donner leurs rar-
tions, mettre en liberté les otages moyennant quelques fommes
d’argent, les menacer de coups d’épée lorfqu’il étoit ivre , s’approprier
les revenus appartenants à la Couronne , comme le prouvent
allez lps richelïës immenfes qu’il amalfa en fi peu de temps. Mais
peut-on croire qu’il cherchât à exciter les Kamtçhadals à la révolte?
Ne devoit-il pas favoir que fa fureté & même fa vie dépendoient de
celle des Cofaques, & que leur perte entrameroit infailliblement la
fienne ? Quant à l’accufation que les Kamtçhadals de la mer de
Pengina avoient voulu tuer les Colleéteurs des tributs, & que dans
un autre endroit, ils avoient tué trois hommes & en avoient bielle
plufieurs autres ; cela a bien pu arriver, fans qu’Arlafow y ait contribué
le moins du monde. Les Kamtçhadals fur les bords de la mer
de Pengina avoient déjà voulu tuer un de ces Collecteurs, parce
qu’au-lieu d’une Zibeline, il en exigeoit deux ou trois par tête.
A l’égard de la peau de Renard noir, elle ne fe trouva point chez
Atlafow, dans la vifite que l’on fit de fes effets.
On lui ôta donc le commandement, & on le mit en prifon.
Simon Lomaew fut nommé CommilTaire ; on lui enjoignit de lever
les tributs dans tous les Oftrogs. Tous les effets d’Atlafovr furent
confifqués & dépofés dans le Fifc. Us confiftoient en douze
cent trente-quatre Zibelines, quatre cents Renards ordinaires,
quatorze Renards noirs , & foixante-quinze Caltors marins, indépendamment
d’une grande quantité de fourures de Zibelines Ô£
de Renards.
Atlafow trouva moyen, on ne fait comment, de s’échapper de prifon
, & fe rendit à Kamtchatskoi-Oftrog inférieur, dont il défiroit
d’obtenir le commandement : Théodore Jarigin, qui étoit Commif-
faire de cet Oitrog, refufa de le lui céder ; ainfi Atlafow fut obligé
de relier fans exercice jüfqu a l’arrivée d’un nouveau CommilTaire«
Cependant les Mémoires préfentés contre lui par les Cofaques ,
étoient arrivés à Iakoutsk. Le Gouvernement de cet endroit, informé
de la méfintelligence furvenüe entre Atlafow & les Cofaques ,
& craignant que les intérêts de la Couronne n’en foufifriiTent, rendit
à la Cour un compte exaét & détaillé de tout ce qui s’étoit paifé j
& en 1707 on envoya à fa place, pour CommilTaire, Pierre Tchi-
rikow , avec un Capitaine , quatre Officiers & cinquante Cofaques.
On lui donna deux canons de fonte , cent boulets, cinq pou-
des de plomb , huit poudes de poudre ; mais comme on reCut du
Kamtchatka au mois de Janvier 1709, la nouvelle de la mauvaife
conduite d’Atlafow, & qu’on lui avoit ôté le commandement, on
dépêcha un courier après Tchirikow, pour lui donner ordre d’informer
de cette affaire, & d’en envoyer fon rapport par le CommilTaire
Simon Lomaew , à la Chancellerie d’Iakoutsk, avec les tributs qui
avoient été levés pendant les années 1707,1708 & 1709.Cependant
,ce courier ne put joindre Tchirikow àAnadirsk :onne l’envoya pas