C H A P I T R E V I L
Des Animaux terrejlres.
T i A plus grande richeflfe du Kamtchatka confifte dans la quantité
d’Animaux qui s’y trouvent, tels que' Renards, Zibelines, Ifatis ou
Renards de montagnes, Lièvres , petites Marmottes , Hermines,
Belettes, grandes Marmottes , Goulus , Ours, Loups, Rennes
fauvages & domeftiques, Béliers de montagnes ou Chevres latu
vages.
Des Renards.
Les Renards du Kamtchatka ont le poS fi épais, fi beau & fi
luifant, qu’ils l’emportent de beaucoup fur les Renards de Sibérie ;
ceux d’Anadir, fuivant le rapport des gens qui ont été dans ces lieux,
font cependant au-deifusde ceux du Kamtchatka , mais ce fait eft
douteux; car s’il eft vrai, comme l’a remarqué M. Steller, que les
Renards d’Anadir ne reftent point long-temps dans le même endroit ;
que ce n’eft que par intervalle qu’il s’en trouve beaucoup au Kamtchatka
, & qu’il y en a très peu aux environs d’Anadir, lorfque la chaile
eft abondante au Kamtchatka , on pourrait croire que ces memes
Renards palfent d’Anadir au Kamtchatka , & du Kamtchatka à
Anadir : quoi qu’il en foit, la vérité eft que l’on trouve rarement au
Kamtchatka des Renards dans leurs terriers.
On y voit prefque toutes les différentes efpeces de Renards qui
fe trouvent ailleurs, comme les Renards rouges, ceux de couleur
de feu , & ceux qui ont une raie noire fous le ventre, ou le ventre
noir & le relie du corps rouge, ceux qui font marqués par des raies
ou croix noires, les châtains, noirs , &c. On en trouve quelquefois
de blancs, mais fort rarement. Il eft bon de remarquer que
plus les Renards font beaux, comme, par exemple, ceux qui font
châtains-noirs, ceux qui ont le ventre noir & le relie du corps
rouge, ceux qui font de couleur de feu, plus ils font fins & rufés ;
ce qui m’a été confirmé nori-feulement par les Kamtchadals, mais
encore par les Challèurs RulTes. J’ai vu moi-même un des plus
habiles Chalfeurs d’entre les Cofaques de cet endroit, pourfuivre
deux Hivers de fuite un Renard noir qui fe tenoit dans une grande
plaine, à peu de diftance de Bolcheretskoi-Oftrog ; le Chalfeur
eut beau mettre en ufage toutes les relfources de fon art, il ne put
jamais le prendre.
On fe fert communément pour les attraper, du poifon, des pièges
, ou de l’arc.
Le poifon fe compofede chair, ou de poilfon qu’on lailfe fer-:
menter avec la noix vomique : on jette cette amorce par gâteau
fur les traces les plus récentes des Renards.
On place les pièges avec des appâts fur de petites buttes de
neige, & fitôt qu’ils commencent à manger, le piège les alfomme.
On met fur une même hauteur deux ou trois pièges pour attraper
les Renards les plus fins. On a remarqué que certains Renards, Sç
fur-tout ceux qui ont couru rifque d’être pris, ou qui ont été un peu
blelfés, ne fe hafardent point d’entrer dans des pièges : ils creufent
h neige autour, les détendent & mangent l’amorce fans fe prendre,.
On tend fur une même hauteur différentes fortes de pièges ; les uns
les frappent fur la tête ou fur le dos ; les autres les attrajpent par le»
pattes, &c.
Voici comment on s’y prend pour les tuer à l’arc,
Les Chalfeurs obfervent la hauteur à laquelle l’are doit être placé.
Us prennent les mêmes précautions qu’en drellànt les autres pièges,.
Après l’avoir bandé , ils l’attachent à un pieu enfoncé dans la terre
a quelque diftance du fentier pu font les pilles <Jes Renards ; & à
ij