D E S C R I P T I O N
D U
K A M T C H A T K A
T R O I S I E M E P A R T I E .
S u n L E S A V A N T A G E S E T L E S D E S A V A N T A G E ^
d u K a m t c h a t k a .
I L eft difficile de dire en général fi les défavantages du Kamtchatka
font plus confidérables que fes avantages. D ’un côté, fi Ion-
confidere que ce Pays eft fans bled , fans troupeaux ; qu’il eft fujec
à des tremblements de terre & des inondations fréquentes ; qu’on
y eft expofé la plupart du temps à des ouragans continuels ; qu’enfin
l’agrément dont on peut y jouir , fe réduit prefque à jetter les
yeux fur les hautes montagnes dont le fommet eft couvert de neiges
qui ne fondent jamais ; ou-, fi l’on habite fur les côtes de la mer,
à entendre le bruit des vaguès , àobfervër lès différentes efpeces d’animaux
de mer, leur bonne intélligënce & leur guerre mutuelle :
ce Pays paroîcra plus propre à être habité par des Bêtes que par des
hommes. Mais fi l’on confidere auffi que l’air y eft pur j que les
eaux y font faines ; qu’on n’y eft point expofé aux incommodités
d’une chaleur ou d’un froid exceffifs ; qu’on n’y connoît point les
maladies dangereufes, telles que la pefte , la fievre maligne, les
fievres périodiques, la petite vérole & les autres maladies fernbla-
bles ; que le tonnerre & la foudre n’y font point de ravages ; qu’on
n’y connoît point la morfure dès Bêtes venimeufes , on ne pourra
s’empêcher de convenir que ce Pays n’eft pas moins propre à être
habité que les autres contrées, qui, ayant tout en abondance , font
la plupart expofées à toutes ces maladies & à ces dangers. D ’ailleurs
on peut, avec le temps, remédier à plufieurs des inconvénients
qui fe trouvent dans le Kamtchatka. On a déjà même fuppléé au
manque de bled , en défrichant les terres : on en eft redevable à la
l'âge & prévoyante bonté de Sa Majefté Impériale , qui a envoyé
depuis long-temps dans ce Pays plufieurs familles de Payfans, avec
un nombre fuffifant de chevaux , de bêtes à cornes , & toutes les
chofes néceffaires à l’agriculture. La qualité & la quantité des pâturages
de ce Pays, ne lailTent point douter que ces Troupeaux ne
s’y m ultiplient en peu de temps. Lorfque j’étais encore au Kamtchatka
, je vis plufieurs bêtes à cornes dans l’Oftrog de Bolchaia
Reka qui avoient beaucoup multiplié, d’une feule paire que feu
M. Paulwski avoit amenée dans cet endroit en l’année 173 y. Pour
peu que l’on rétablît le commerce avec les Habitants de I’Iile d’Effi»
ou avec les Pays maritimes de l’Empire de la Chine , commerce
auquel ce Pays eft très propre par fa fîtuation ; les Habitants du
Kamtchatka ne manqueroient de rien de tout ce qui eft néceifaire
& luffifant pour la vie. Il y a affez de bois pour la conftruétion des
Vaiffeaux au Kamtchatka & à Okhotsk ; on trouvera chez les
Kamtchadals , pour établir ce commerce, des fourrures , des
peaux de Chiens marins , des peaux de Rennes préparées Sc
n°n préparées, des Poiflons fecs , de la graiife de Baleines & de:
Chiens marins , avec d’autres marchandifes de cette nature. O u