puis ce temps, les Kamtchadals d’Awatcha commencèrent à payçf
le tribut régulièrement toutes les années. Auparavant les Cofaques
fe contentoientde ce que ces Peuples vouloient bien leur donner,
la plupart étant révoltés.
Enifeiskoi après avoir levé les taxes pendant 1 annee 1714 >s embarqua
au Printemps de cette même année fur la mer Olioutore,
avec fomPrédéçeffeur Vafile Kolefow, qui, ayant peu de monde,
n’avoitpu , en 1713 , porter à Iakoutsk les tributs dont il étoit
phargé, dans la crainte d’être pillé par les Koriaques qui ne font
point soumis. Ils arrivèrent fans aucun accident a la fin du mois
d’Août de l’année 17 14 I la riviere Olioutora, où ils trouvèrent Atha-
nafe Pétro w qui, fécondé de quelques Cofaques d Anadir & d Iou-
kagires, avoir défait les Olioutores , détruit & rafé leur principal
Oftrog , & en avoit bâti un nouveau 3 ils y reilerent jufqu a 1 Hiver.
Les tributs que ces deux Commiffaires rapportoient avec eux,
eonfiftoient en cinq mille fix cent quarante-une Zibelines, fêpt cent
cinquante-un Renards ordinaires, dix à moitié noirs , cent trente-
fept Caftors marins, onze fourrures des plus beaux Renards, deux
Loutres, & vingt-deux Zolotniks d’or en lingots & en petites pie-
çes, marquées du fceau Japonois : ils les avoient trouves fur les
Vailfeaux de cette Nation qui avoient échoué fur les côtes du Kamtchatka
-• il y avoit en outre quarante roubles en efpeces.
Dès que le traînage fut pratiquable , ces Commiilaires partirent
avec les tributs pour Anadirsk. Ils laifferent cinquante-cinq hommes
de garnifon dans Olioutorskoi-Oftrog : ils avoient encore avec eux
quatre Officiers, environ cinquante Soldats & deux Aumôniers.
Le 1 Décembre 1714, les Ioukagires qui étoientavec Athanafe
Pétrow, avant que d’arriver à Aklanskoi-Oftrog , a la fource de la
riyiere Tb/cwa, tuerent leur chef Pétrow , & pillèrent les tributs.
Les Gommiffaires Kolefow & Enifeiskoi, avec feize des leurs, fe
fauverent à Aklanskoi-Oftrog, mais ils ne purent éviter de périr 5
caf
¿Si les Ioukagires affiégerent cet Oftrog, & obligèrent par leurs
menaces les Koriaques de cet endroit à fe révolter & à tuer les Com-
miifaires qui s’étoient réfugiés chez eux. Us alléguèrent par la fuite;
pour leur juftification, que la dureté & les violences de Pétrow fur
les Cofaques & les Ioukagires furent caufe de cette révolte , & particulièrement
dans le temps que l’on faifoit le fiege de l’Ôftrog
Olioutorskoi : il ne leur avoit point permis d’aller à la chalTe, confor-
mément aux ordres qu’il en avoit reçus d’Anadirsk 3 mais il lès
avoit pris pour leur faire porter, comme à des Chevaux, les tributs
du Kamtchatka 3 ce qu’il ne devoir pas faire, ayant ordre
d employer pour cet ufage les Koriaques qu’on avoit même fait venir
exprès.
On fit les recherchés les plus exaétes pour trouver les effets qui
appartenoient à la Couronne ; mais ils étoient tellement difper-
fes, que l’on eut toutes les peines du monde à les recouvrer. IJne
partie étoit tombée entre les mains des Koriaques , des Kamt.cha-
dals & des Cofaques d’Anadirsk , qui habicoient le nouvel Oftrog
Olioutorskoi 3 car les Ioukagires , après la révolte, étant venus camper
près de cet Oftrog, grent des échanges avec les Cofaques, dont
jls étoient fort peu éloignés. Ils donnoient une fourrure de Zibeline
pour trois ou quatre pipes de tabac de Ja Chine, & dans un
feul Zolotnik il y a au-moins pour faire cinquante pipes de tabac,
Çe fut de cette maniéré qu’Alexis Pétrilowskoi, qui peu de temps
après fe rendit ap Kamtchatka , acheta huit cents Zibelines , outre
beaucoup de fourrures : elles furent cependant dans la fuite refti-
tuées à la caiffe. Les révoltés apportoient eux-mêmes des Zibelines
& des Renards , & les donnoient aux Cofaques qui avoient été envoyés
pour les engager à fe foumettre. Je n’ai pu favoir pofitivernent à
quoi s’eft montée la perte de ces effets, ni ce qu’on en a recouvré, Au-
refte Cette révolte des Ioukagires & des Koriaques ne lalffa pas de
durer long-temps, comme on le reconnoît par les Mémoires envoyés
Tome II. Y y y