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L ’éruption finit à l’ordinaire en jettant une grande quantitéde cendres
; cependant il nen tomba que peu dans la campagne, parce
quele vent emporta prefquetout dans lamer. Ce Volcan lancequel.
quefois des pierres ponces, des morceaux de différentes matières fon.
dues 8c vitrifiées ,& l’on en trouve de grands morceaux dans fi
petite r'iviere appellée Bioukos.
Le 13 Oâobre, vers les fix heures: du foir., i ly eut un autre,
tremblement de terre li violent à Kamtchatskoi-Oftrog inférieur,,
que plufieurs habitations Kamtchadales en furent renverfées : les
poeles s’écroulèrent dans leschambres des Cofaques, les cloches des
Eglifesfonnerent, &les poutres de l’Eglife neuve furent fort ébranlées.
Les fecoulTes durèrent, avec quelque interruption, jufqu’ait
Printemps de l’année 173 8. Ce fut cependant avec beaucoup moins
de violence que les premières. On ne remarqua point d’inondations
dans les environs. M. Steller prétend que les tremblements ck-
terre font plus violents aux environs des montagnes qui jettent des.:
flammes , que près de celles qui n’en jettent plus , ou.qui n’en ont
jamais jetté.
Outre ces montagnes, j’ai encore entendu parler de deux autres,
Volcans dont il fort delà fumée, & principalement des montagnes,
Joupanowskaia 8c Chevelitche ; mais il y a beaucoup d autres Volcans
plus loin que lariviere du Kamtchatka au Nord , dont quelques
uns jettent de la fumée, 8c les autres vomiiTent des flammes.On
en compte deux dans les Ifles Kouriles ; favoir,' un dans l’Ifle Poro-
moufir, 8c une autre dans celle d’Alaid, furquoi M, Steller otaj
fferve '
i°. Qu’il n’y a que les montagnes ifolées qui jettent des flammes
, & qu’il en fort rarement de celles qui font dans une chaîne
de montagnes, a0. Que toutes ces montagnes ont la même. appa"
tence , & que par conféquent l’intérieur eft le même ‘ & relK
ferme les mêmes matières ,c e q u i paroit contribuer a.la proapc/
tion des matières combuftibles & aux effets de l’embrafement. 3 9.
Que l’on trouve toujours des lacs fur les fommets mêmes de toutes
l e s montagnes qui ont auparavant jetté de la fumée & des fljmmw y
& qui fe font éteintes ; & de la formation de ces lacs, pn peut conclure
avec quelque vrai-femblance, que quand les montagnes ont
brûlé jufqu a leur bafe, les eaux fo font ouvert un paffage & ont
rempli l’efpace qui s’eft trouvé vuide ; ce qui peut fervirà expliquer
l’origine des Volcans & des fources bouillantes.
Les Kamtchadals regardent ce Volcan comme le féjour des
morts ils difent que quand il jette des flammes, .c’eft que les
morts chauffent leurs Iourtes- Suivant eux, ils fe nourriffent de
graiffe de Baleine qu’ils attrapent dans une1 mer fouterraine ; ils s’en
fervent auflï pour s’éclairer3 & c’eft avec leurs os , au-lieu de bois,
qu’ils chauffent leurs demeures. Pour appuyer leur opinion, ils af-
furent que quelques-uns de leur nation ont pénétré dans l’intérieur
de cette montagne où ils pnr vu les habitations de leurs Parents. M.
Steller dit que les Kamtchadals regardent cette montagne comme 1»
demeure des efprits. nommés Gamuli ; 8c voici comme il s’exprime.
Lorfqu’o n leur demande , ajoute-t-il, ceque font dans ce féjour ces
efprits Gamuli ; ils répondent, qu’ils y font cuire des Baleines. Si
on leur demande où ils les prennent ; ils répondent que c’eft dans
la m er, qu’ils fortent pendant la nuit de la montagne, & qu’ils eu
prennent une fi grande quantité, que quelques-uns .d’eux en rap- -
Portent quelquefois jufqu’à cinq, & quelquefois dix à leur habitation
, en mettant un de ces poifiïbns à chacun de leurs doigts. Si on
les queftionne comment ils ont appris Cela. Nos Peres , difent-ils,
jUous 1 ont affuré ; & pour preuve de ce qu’ils avancent, ils montrent
les o s des Baleines dont en effet pn trouve une grande quantité fur
tous les Volcans. Ils font les mêmes contes fur l’origine du feu qu’on
en voit fortir. A l’égard de la diverfité des fentiments 8c des différentes
opinions des Kamtchadals, on ne doit pas en être furprjs,
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