a un pareil nombre de feuilles blanches. Le piftil qui eft au centre
de la fleur a fix faces ; il eft jaunâtre & rouge â l’extrémité : il renferme
trois cellules qui contiennent la femence , & il eft entouré
de fix étamines jaunes & auffi grandes que le piftil même. Lorfque
la femence eft dans fa maturité, le piftil devient auffi gros qu’une
noix ; mais il eft mou, charnu, & d’un goût auffi agréable qu’une
pomme qui feroit un peu acide. Cette plante fleurit vers la mi-Mai.
Les Kamtchadals mangent fa racine verte & féche avec des oeufs de
poiifons. 11 en faut; manger le fruit auffi-tôt qu’il eft coeuilli, parce,
que fa chair étant fort tendre, il ne peut refterune nuit fans fe gâter.
La plante Iikoum. ou Sikoui ( i ) , qu’on appelle en Ruife Ma-
karchina, croît en abondance fur les montagnes & dans les plaines
couvertes de moufle. Les Kamtchadals mangent fes racines vertes
& pilées avec des oeufs de poiflon : elle eft incomparablement moins
aftringente que celle de l’Europe ; elle a beaucoup de fuc & le
même goût que la noix.
lJOutchiktchou ( i ) eft une plante dont la feuille eft femblable
â celle du Chanvre , & fa fleur â celle du Nogatki (5) : elle eft feule-,
ment beaucoup plus petite. La feuille de cette herbe feche & cuite
avec le poiflon , donne au bouillon le même goût que s’il étoit fait
avec de la chair de Bélier fauvage (4).
Le Mitoui eft une racine qui croît dans la première Iile des Kouriles
: elle eft appellée par les lakoutes Zardana. Les-Kouriles la font
cuire dans la graiife ou l’huile de poiflon, ou de Veau marin ; ce
qui pafle pour un mets très agréable.
Voilà les plantes & les racines principales dont les Kamtchadals
font le plus d’ufage ; mais il y en a un grand nombre que la terre
(1) Bi(lorta foliis ovatis3 oblongis , acuminatis. Linn, Cliff. 150.
(i) Jacob ¡ta cannabis folio. Stell.
{3) Calendula c ait ha.
(4) Rpri crafa torMus aneùnis. Mémoires de l’Académie de S. Péter sbourg, Tom. IVproduit,
ou que la mer jette fûr les côtes, & qu’ils mangent vertes
ou qu’ils gardent pour l’Hiver ; c’eft ce qui fait que M. Steller les
appelle Mangeurs de tout, parce qu’en effet ils mangent jufqu a des
herbes féches, & même des champignons venimeux appellés Mu~
chomores, quoique les premières n’aient aucune faveur, & que les autres
foient très dangereux. Il ajoute cependant, & avec raifon, que la
fagacité des naturels de ce Pays, la connoiflance qu’ils ont de la vertu
des plantes, & l’ufage qu’ils en font pour leur nourriture, leurs
remedes & leurs autres befoinseftfi étonnante, qu’il feroit difficile
de trouver les mêmes connoiflànces non-feulement chez les autres
Peuples fauvages plus éloignés ; mais peut-être même parmi les Nations
les plus civilifées. En effet il n’y a point de plantes qu’ils ne
connoiflent par leur nom. Ils favent la vertu & la propriété de chacune
en particulier, & leurs différentes vertus fuivant la diverfité-
des endroits où elles croiffent. Ils obfervent avec tant de jufteffe le
temps où l’on doit les coeuillir, que M. Steller en paroît lui-même,
étonné. .
Les Kamtchadals ont cet avantage fur toutes les autres Nations
qu’ils trouvent par-tout chez eux & en tout temps la nourriture & les
remedes qui leur font néceffaires ; car de toutes les plantes qui croif-
fent dans leur Pays , il n’en eft aucune dont ils ne connoiflent, les
propriétés bonnes ou mauvaifes.
On croit devoir encore faire connoître quelques plantes qui fervent
tant à leurs remedes qu’à leur fubfiftance. On trouve au long
des côtes une Plante (1) haute & blanchâtre , & qui reffemble au
froment. Elle croît auffi dans les terreins fablonneux, aux environs
de Strelinaia Moui^a, Maifon de Campagne des Souverains
de Ruffie, fituée au-deflous de Pétersbourg. Ils font de cette herbe
(1) Triticum rniiçe permrù, fpiçulis Unis Irniuginofa. Gmel. Sib. tom. I. pag. 119.
lab. xxy.