bles environ ( 100 liv. ). J’ai connu un Kamtchadal curieux, qui
avoir achetéquatre Chiens 60 roubles ( ou 3 00 liv. ),
On voit par la feule forme de ces traîneaux, qu’ils doiyent etre
très difficiles à conduire : il faut être continuellement fur fes gardes
pour conferver l’équilibre ; autrement on eft expofé à verfer, parce
que ces traîneaux font fort hauts & fort étroits. Malheur à celui qui
•verfe dans des lieux déferts, parce que les Chiens ne s’arrêtent point
ordinairement qu’ils ne foient arrivés au gîte, ou qu’ils ne rencontrent
quelque obftacle. Si l’on verfe, il faut tâcher de faifir
le traîneau , & alors les Chiens s’arrêtent bien-tôt de laffitude : ils
ont ordinairement le défaut d’aller vîte lorfqu’ils fentent que leur
Conducteur eft tombé, ain'fi que dans les defeentes Si lorfqu on
eft obligé de traverfér des riviereS. On prend alors la précaution de
dételer les Chiens dans les defeentes & de les conduire par la bride.
On n’en laiife qu’un feul au traîneau , & on met encore fous les femelles
du traîneau des anneaux faits de courroie , pour qu il ne descende
pas trop vîte.
On eft obligé de mettre pied à rerre dans les montagnes, les
Chiens ayant beaucoup de peine à conduire le traîneau quoique
vuide. Quatre chiens tirent une charge d’environ cinq poudes, fans
y comprendre les provifions du Conducteur Sc celles des Chiens.
Lorfque le chemin eft frayé & battu, ils font, malgré ce fardeau ,
trente verfts environ par jour ,-& cent cinquante à vuide, particulièrement
au commencement du Printemps ,-lorfque la furface de la
neige eft couverte d’une glace très folide , Si que l’on a mis fous les
traîneaux des glilfoires faites d’os.
Lorfqu’il y a beaucoup de neige, on ne peut voyager avec des
Chiens, fans avoir frayé le chemin. Un Guide alors précédé le traîneau
avec des efpeces de raquettes. On appelle ce Guide Brodow-
chiki ( N°. X . ) : ces raquettes font faites de deux ais affez minces,
féparés dans le milieu par. deux traverfes liées enfemble aux extrémités
: celle de devant eft un peu recourbée. Ces deux ais font liés-
avec des courroies, Sc on en attache d’autres fur les traverfes pour y
placer le pied. Le B rodowchiki, ou le Conduéteur, après avoir mis
fes raquettes, prend les devants Si fraye le chemin jufqu’à une certaine
diftançe ; enfuite il revient fur fes pas , fait avancer les
Chiens, & continue de la même maniéré à leur frayer le chemin ,
jufqu a ce qu’il foie arrivé au gîte. Cette façon de voyager eft fi pénible
& fi lente, qu’on peut à peine en un-jour faire dix verfts ( ou
deux lieues & demie). On fe fert auffi pour frayer le chemin de patins
ordinaires ; cependant l’ufage n’en eft pas fi fréquent. Aucun
Conducteur ne marche pour une longue route , fans des parins Sc
des raquettes.
La plus grande incommodité de ces voyages, eft d’être fur-
pris dans les déferts, par des ouragans accompagnés de neige. Alors
on eft obligé de fe refogier le plus promptement qu’il eft poffible
dans les bois, Sc d’y refter avec-les Chiehs jufqu’à ce que l’orage foit
diffipé : ces ouragans durent quelquefois une ièmaine entiere. Les
Chiens, pendant ce temps, relient fort tranquilles ; mais lorfqu’ils
font prelTés par la faim , ils mangent-toutes les courroies,. lès brides
& tous les attirails des traîneaux. Si la tempête furprend plufieurs
Voyageurs, ils font une efpece de hutte Sc la couvrent de neige ;
mais les Kamtchadals en font rarement-.
Us fe mettent plutôt dans des creux qu’ils garniflent de petites
branches & s’enveloppant dans leurs pélilfes ( ou fourrures), ils
baillent leurs manches; bien-tôt la neige les couvre de façon qu’on
ne leur voit ni les pieds , ni les mains , ni la- tête, Ils peuvent fe retourner
fous la neige comme une boule ; mais ils obfervent avec
beaucoup de précaution de ne pas faire tomber la neige, fous laquelle
ils fe tiennent tapis comme dans leurs Iourtes ( ou Cabanes ).
Il leur fuffit d’avoir un trou par lequel ils puilfent refpirer. S’ils ont