fécher. D ’autres fois ils renferment ces oeufs dans des tuyaux creux J
de différentes herbes, ou dans des rouleaux faits avec des feuilles ;
dans l’un & l’autre cas ils les font fécher au feu. Jamais ils ne marchent
fans porter avec eux du Caviar fec, & un Kamtchadal qui
en a une livre, peut fublîfter long-temps fans aucune autre nourriture
: il mele avec le Caviar une partie de lecorce de bouleau & de
.feule (i) j & ce mélangé lui fournit un mets qu’il aime beaucoup ;
mais une feule de ces chofes ne peut lui fuifire pour fa nourriture,
parce que le Caviar eft tellement rempli de colle, qu’il s’attache aux
dents, & lecorce des arbres eft fi féche, qu’on ne peut l'avaler,
quelque temps qu’on foit à la mâcher.
Les Kamtchadals & les Koriaques ont une quatrième façon de
préparer le Caviar ; les Kamtchadals mettent une couche de gazon
au fond d une foffe, & jettent enfuite dedans des oeufs frais de poiffons
; & après les avoir couverts d’herbes & de terre , ils les laiffent
fermenter. Les Koriaques font aigrir le leur dans des facs de peaux,
Les uns & les autres trouvent ce Caviar auffi agréable , que les Rufc
fes celui qui eft le plus frais.
Le troifieme mets des Kamtchadals eft appellé Tchoupriki : cet
aliment qui fe fait avec différents poiifons , fe prépare de la maniéré
fuivante. Ils conftruifent dans leurs Iourtes ( ou Cabanes )
au-deffus du foyer, à la hauteur de trois Archines ( ou fept pieds
environ ), une efpeçe de claie fur laquelle ils mettent des poiifons:
ils rendent enfuite leurs Iourtes aulfi chaudes que des étuves, & ferment
tout exactement : fi l’on ne met pas beaucoup de poiffons fur
ces claies, il fe cuit bien-tôt, & il eft prêt- à manger quand la
Iourte fe refroidit ; mais quand il y en a beaucoup , ils font chauf-
(i) C eft celle qui eft la plus tendre, elle eft comprime entre l’aubier & la preiniere
écprce. . '
D ü K- A M T C H A T K A . 4 . 7
fer leurs Iourtes à plufieurs reprifes, ils retournent leurs poiifons &;
fouvent ils font deux ou trois feux. Les poiifons ainfi préparés, font
moitié rôtis & moitié fumés, & ils ont un goût fort agréable. Cette
maniéré de préparer les poiffons, peut être regardée comme la meil leure
dont les Kamtchadals faffent ufage. En effet, toute la graiffe
& tout le jus fe cuifent fort lentement, & relient dans la peau
comme dans un fac, & lorfque le poiffon eft cuit, elle fe détache
aifément : enfuite ils les vuident, les font fécher fur des nattes, les
coupent en petits morceaux, & les enferment dans des facs d’herbes
entrelacées.
Le mets le plus délicat, fuivant leur goût, eft du poiffon aigri
qu’ils font pourrir dans des folfes de la maniéré dont on l’a déjà dit :
ce mets leur paroît délicieux-, quoique l’odeur en foit plus infuppor-
table que celle d'une charogne. Ce poiffon fe pourrit quelquefois fi
fort dans les foffes, qu’on ne le peut retirer qu’avec des efpeces de
cuillers ; alors ils le donnent à leurs Chiens , & on le délaye dans
leurs auges, au lieu de farine d’avoine.
M. Steller dit, que les Samoyédes font pareillement pourrir les
poiffons, mais que la terre étant gelée, ils fe confervent mieux. Les
Iakoutes en ufent de même : ils creufent des foffes profondes, & les
rempliffent de poiffons : ils les faupoudrent de cendres, fur lesquelles
ils mettent une couche de feuilles, & fur celle-ci une couche
de terre. Cette méthode eft préférable à celle des Kamtchadals.:
Les Toungoufes & les Cofaques d’Okhotsk préparent les poiffons
de la même maniéré que les Iakoutes, avec cette différence qu’au
lieu de la cendre de bois, ils fe fervent de celle de l’algue. Us font
cuire le poiffon frais dans des auges, & après l’avoirlaiffé refroidir,
ils le mangent avec du bouillon qu’ils font avec de l'herbe appellée
Sarana. r
A l'égard de la chair des Bêtes de mer & de terre, ils la font