dans cette ifle. Us ne reconnoiilent aucun Souverain, quoiqu’ils foient
, voifins du Japon. Les Japonois paiTent chez eux tous les ans fur de
petits bâtiments, Si leur apportent toutes fortes d’uftenfiles de fer,
des marmites Si des chaudrons de cuivre ou de fonte , des cabarets
vernis , des taifes de bois vernifles , du tabac en feuilles, dés étoffes
de foie Si de carton qu’ils échangent pour de la graiffe de Baleines,
Si des peaux de Renards % mais les Renards de cette ifle font très
petits S i bien inférieurs à ceux du Kamtchatka. Les naturels deKou-
nachir avertirent les Rulfes de fe méfier des Habitants de Tille Mat-
mai , parce qu’ils ont des canons de gros calibres qu’ils appellent
Pig. Ils leur demandèrent aulfi s’ils ne venoient pas duNord, & s’ils
n’étoient pas ce Peuple fi fameux par fa puiffance Si fes conquêtes,
Si qui étoit en état de vaincre le relie de la terre.
La langue des Infulaires de Kounachir ne différé prefque en rien
de celle que l’on parle dans Tille Poramoufir ; c’eft ce qui a été con-
firme à M. Steller par un nommé Lipag, Kourile de nation, qui
avoir été interprète du Capitaine Spanberg, dans le temps de fon
voyage au Japon : d’où Ton peut conclure, avec une efpece de certitude
, que la langue des ifle? d'Itourpou Si d'Ouroup différé peu de
celle des Kouriles,
Il efl: certain que les Habitants de ces ifles fe donnent le nom de
Kikh-Kouriles ; or le mot Kourile, efl; un mot corrompu par les
Cofaques. Ils ont dit Kourile au lieu de Kouchi, qui efl le vrai nom
de tous les Habitants des ifles Kouriles ; c’eft pourquoi fi les Habitants
des ifles Itourpou Si Ouroup, fe diftinguent des autres en ajoutant
à leur nom le mot de Kikh ; il efl vraifemblable qu’on devroit
plutôt lesappeller Kikh-Kouchi, que Kikh-Kouriles.
Nous dirons dans le Chapitre fuivant, quelle efl l’opinion de
M- Steller, qui accompagna M. Bering dans fe navigatioqà Jaterre
de la Compagnie,.
CHAPITRE
C H A P I T R E X.
D e l ’Amérique.
o m m E nous n’avons point encore de relations certaines Si dé-'
taillées de l’Amérique qui efl fituée à l’Eft du Kamtchatka, on auroit
pu fe difpenfer de donner ici la defeription de cette contrée , & attendre
qu’on eût mis au jour la relation des Voyages qui ont été
faits du côté de l’Amérique ; cependant pour fuivre Tordre que
nous nous femmes prefcrit de donner à nos Lecteurs quelques idées
de tous les lieux circonvoifins du Kamtchatka, nous communiquerons
au Public ce que nous avons raffemblé de différents endroits
des écrits de M. Steller.
Le continent de l’Amérique que Ton fait aujourd’hui être fitué
depuis le cinquante-deuxieme jufqu’au foixantieme degré de latitude,
feptentrionale , s’étend du Sud-Ouefl au Nord-Èft prefque
I par-tout à une égale diftance des côtes du Kamtchatka , parti-
| culiérement jufque vers le trente-feptieme degré de longitude,,
puifque les côtes du Kamtchatka, depuis Kourilskaia Lopatka , ou
la pointe des' Kouriles jufqu’au Cap Tchoukotsk , s’étendent en
droite ligne dans la même direction , à l’exception des Golfes & des
Caps ; de forte que ce n’eft pas fans raifon que Ton peut foupqon-
ner que ces deux continents fe joignoient autrefois, fur-tout au Cap
Tchoukotsk , puifqu’entre ce Cap & les langues de terre fituées visa
vis à l’Eft, il n’y a pas plus de deux degrés Si demi. M. Steller
appuie fon fentiment fur quatre raifcns. i° . Par la figure des côtes
du Kamtchatka Si de l’Amérique, il paroit qu’elles ont été fépa-*
fees avec violence, z ° . Quantité de Caps s’avancent en mer
Tefpace de trente juiqua foixante werfts. j° . Les Ifles fréquentes
Tome II. O o