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qu’un Keiew. Les Koriaques fixes ont une fuperftition fort étrange
; quelquefois au-lieu de coucher avec leurs femmes, ils revêtent
d’habits des pierres, & les mettent coucher à côté d’eux, badinant
avec elles, & les carreflant comme fi elles y étoient ienfibles. J’ai
vu deux de ces pierres chez un habitant d’Oukinka ; il regardoit rï
plus grande comme fa femme, & la plus petite comme fon fils. La
grande fe nommoit Iaitel-Kamak, c’eft-à-dire pierre qui guérit;
& la petite Kalkàk. Pour m’expliquer la raifon & les particularité!
qui l’avoient obligé à s’unir à cette digne époufe, il me dit qu il y
avoit dix ans qu’il avoit été attaqué d’une maladie aufli dangereufe
qu’extraordinaire ; que ion corps fut couvert pendant longtemps de
pullules, & qu’un jour étant fur le bord de la riviere Adka, qui fe
jette dans la riviere Ouka, il trouva cette grande pierre feule ; que
l’ayant prife entre fes mains, elle fouilla fur lui, comme aurait pu
faire un homme ; qu’épouvanté d’un phénomène aufli furprenant,
il jetta la pierre dans la riviere ; mais que depuis ce temps-là, fon
mal augmenta tellement, qu’il ne fit que languir pendant l'été &
* l’hiver : que l’année d’enfuite il eut bien de la peine à là retrouver,
quelle n’étoit plus dans la même place où il l’avoit jettée, mais
à quelque diftance delà, fur une grande pierre platte, avec 1 autre
petite pierre ; qu’il les prit avec joie , & les porta dans fon habitation
, & que fa maladie cefla lorfqu’il les eut revetues d habits,
Depuis ce temps-là, ajouta-t-il, je les garde toujours auprès de moi, j
& j’aime cette femme de pierre, plus que ma véritable époufe. h
prends la petite pierre toujours avec moi, foit que je me mette en
voyage, ou que j’aille à la chafle. Je ne fais fi en effet cette femme
de pierre lui étoit plus chere que la fienne ; mais je puis dire, que
malgré fixes préfents, ce ne fut qu’avec la plus grande peine du
monde qu’il confentit à me céder ces pierres, parce qu’il croyou
que d’elles dépendit fa fanté, & qu’il craignoit de la perdre en PIS
les abandonnant. ,
Kîalgts
b t f K a m t c h a t k a . , i yj
Malgré la rendreflè extrême qu’ils ont pour leurs enfants, ils ne
lesélevent point dans la molleflè. Ceux qui font riches, mettent pour
eux à part quelques Rennes fi-tôt qu’ils naiflent ; mais ils ne peu-»
vent en jouir, que lorfqu’ils font parvenus à un âge mûr.
Ce font les vieilles femmes qui donnent des noms aux enfants en
obfervant la cérémonie fuivante. Elles plantent deux petits bâtons,
au milieu defquels elles attachent un fil ; elles fufpendent à ce fil une
pierre enveloppée dans un morceau de peau de Belier de montagne.
Elles prononcent tout bas en même temps quelques paroles, & demandent
à la pierre quel nom on doit donner à Lenfant •; elles répètent
enfuite tous ceux de fes parents,.& lui donnent celui qu’elles
ont prononcé, lorfqu’elles ont .cru appercevoir que la pierre s’agitait;
un peu.
Noms d'Hommes.
Aiga.
Liaktele.
Kiiaougingen (éveillé),
Geitchale.
Vellia { Corneille),
Qummevi.
Iakaïak ( Hirondelle de mer,
ou Cormoran ).
Noms de Femmes,
Iakiï (_pointe d'un Tr'aîneau ),
Iamga ( la Pejle ),
Iouimatch,
Ekim.
WàgaJ.
Kepion.
Kalïaxan,
Les femmes qui viennent d’accoucher font pendant dix jours
fans fortir de leur Iourte, & fans fe montrer. Si pendant ce temps
elles font obligées de changer de demeure , on les tranfporte dans
des traîneaux couverts. Elles donnent à téter à leurs enfants jufqu’à
,1 age de trois ans environ, après quoi elles les accoutument à manger
de la viande ; elles ne connoiflent point J’ufage des berceaux, ni des
lange?; elles laÿifent leurs enfants par terre, Si lorfqu’elles changent
Tome //, y