i4§ H i s t o i r e
mal, l’un p r ia tête, l'autre par la queue, on lui perce le flanc avec
une lance ou un couteau ; lorfqu’il eft mort, on le met au bout
d’un pieu, le mufeau tourné du côté d’un Yolcan.
Les Koriaques à Rennes n’ont point de Fêtes , les Koriaques
fixes en célèbrent une dans le même temps que les Kamtcha-
dals ; mais en l’honneur de qui, & quel eft leur objet : c’eft ce qu’ils
ne favent pas plus que les Kamtchadals. Ils n’en donnent d’autre
raifon, finon que leurs Ancêtres ont fait de même : cette Fête dure
quatre femaines. Pendant ce temps, ils ne reçoivent perfonne;
aucun d’eux ne fort de l'Habitation, ils ceffent tout travail, & ne
s’occupent qu a manger beaucoup & à fe réjouir, en jettant au feu
une petite partie des mets dont ils fe régalent, & qu’ils offrent à quel-
que Volcan.
Il font dans leur Gouvernement civil , auflï groflîers & auffi
ignorants , que dans leur Religion. Ils ne favent point divifer le
temp par année & par mois ; ils ne connoiffent que les quatre SaL-
fons de l’année; ils appellent l’Eté, Alaalou, l’Hiver, Lakaliang,
le Printemps, Kitketik, & l’Automne Geùgua. Us ne donnent
des noms qu’aux quatre Vents Cardinaux.
Le Vent d’Eft s’appelle . . . . Kongekat.
Celui d’O u e f t ..........Geipewkig.
Celui du Nord . . . ., . . . . ; Gitchigolioioa^
Celui du Midi . . . . . . Eutelioïo.
Les feules Conftellations qu’ils connoiffent font, la grande
Ourfe, qu’ils appellent dans leur langue, la Renne fauvage, E louer
Ktyng'; les Pleyades ,.le nid du Canard, Ataga ; Orion, qu’ils appellent
Iouhaout-Etaout, c’eft-à-dire, il eft tombé obliquement ;
Jupiter, qu’ils nomment Jtchivalamak, la Fleche rouge ; laVoie-
, Laélée, Tchigei-Vaem , c’eû-à-dire, laRiviere parfemée de petits
; cailloux.
Ils comptent la diftance d’un endroit à un autre par journée.
comme font les Iakouti ; chaque journée peut s’évaluerentre trente
& cinquante verfts.
Avant d’être fournis à l’Empire des Ruffes, ils n’avoient point
de Chef. Celui qui étoit le plus riche en troupeaux de Rennes ,
avoit cependant une efpece d’autorité fur les autres. Aufli jufqu a
cetemps n’avoient-ils aucune idée de ce que c’étoit que prêter ferment
de fidélité. Les Cofaques au-lieu de les faire jurer fur la Croix
ou l’Evangile, leur préfentent le bout du fufil, leur faifant entendre
par-là que celui qui ne fera pas fidele à fon ferment, ou qui
refufera de le prêter , n’échappera pas à la baie toute prête à le punir.
Onfefert aulfide cette méthode dans ce pays , pour terminer
les affaires douteufes & embrouillées : car le coupable étant affuré
que le fufil le tuera, s’il ne dit pas la vérité, aime mieux faire l’avëu
de fon crime, que de s’expofer à perdre la vie. Dans d’autres cir-
conftances , il n’eft point de plus grand ferment que ces mots :
Inmokon Keirn Metinmetlk, c’eft-à-dire : oui affurément, je ne
vous mens pas.
Ils ne connoiffent ni la politeffe dans leurs difcours, ni les compliments
; ils ne vont point au-devant de celui qui leur rend vifite,
mais ils agiffent avec lu i, comme ferait un grand Seigneur avec
ceux qui lui font inférieurs. Celui qui rend vifite , après avoir dételé
fes Rennes, refte aflis fur fon traîneau , & attend l’ordre du
Maître de la maifon pour entrer dans la Iourte , comme fi c’étoit
pour avoir une audience ; ce n’eft cependant pas le Maître lui-même
qui donne cette permiffion, mais fa femme, en lui difant Elko,
ceft-à-dire, il eft chez lui. Lorfque le Convive entre dans la Iourte,
le Maître de la maifon fe tenant toujours aflls à fa place, lui dk
Koion, c’eft-à-dire, approchez; il lui montre enfüite l’endroit où il
doit s’affeoir , en lui faifant la politeffe de lui dire , Katvagtm ,
c eft-a-dire, aflèyez-vous.
Lqrfqu’ils régalent leurs amis, ils ne font occupés que de le»