II fut envoyé en 1697 d Iakoutsk a Anadir-Oiirog , en t]Ua-
lité de Commiifaire ; il lui avoit ete ordonne , ainii qu aux autres
Commiifaires, d’exiger des tributs des Koriaques 8c des Ioukagires
du département d’Anadir , & de faire tout ce qui lui feroit poffi-
ble pour découvrir de nouveaux Pays, 8c les foUmettre a l Empire
de Rulïie. Il envoya en 1698 , un nommé Luc Morosko , chez les
Koriaques Apoutski, avecfeize foldats, -pour y lever des contributions
; Morosko rapporta à fon retour, que non-feulement il avoit
été chez ces Koriaques ; mais que de l’endroit jufqu’où il s’écoit
avancé , il n’étoit éloigné que de quatre journées du Kamtchatka
; qu’il s etoit même emparé d’un petit Oûrog Kamtcha-
d al, où il avoit trouvé je ne fais quelle lettre, qu il montra a
Atlafow.
Sur cette relation, Atlafow prit avec lui foixante Soldats & un
égal nombre d’Ioukagires ; il n en laifla que trente-huit en garnifon
à Anadir, & partit l’année fuivante, 1699, pour le Kamtchatka. II
engagea par adreffe ou par douceur les Oftrogs Aklanskoi,, Kanicn-
noi, & Ouft-Talowskoi, à payer tribut ; il n’y en eut qu’un feul de
ces trois-là qu’il fut obligé de réduire par la force. : après quoi il partagea
fa troupe en deux corps. Il en envoyaun vers la Mer Orientale
fous les ordresde Luc Morosko , 8c s avança lui-meme a latete del autre
le long de la mer de Pengina. Loriqu il fut arrive fiirla Pallana,
les Ioukagires, fes alliés , fe révoltèrent, 8c lui tuerent trois Soldats,
le bleflèrent lui-même 8c quinze hommes de fa troupe. Leur deifein
de malTacrer tous les Cofaques échoua. Ceux-ci ayant repouife ces
traîtres, lesdiffiperent ; 8c quoique privés du fecours de ces troupes
auxiliaires , loin d’abandonner leur projet, ils continuèrent leur
marche vers le Midi. Ces deux corps fe rejoignirent fur les bords de
la riviere Tiglt, 8c firent payer tribut aux Peuples fauvages qui habitent
les bords des rivieres Napana, Kigile , Itcha, Siouptcha 8c
Kharioufe-wa : ils s’avancèrent jufqu’à deux journées de chemin de
la riviere Kalanka ( i) . Pendant le temps qu’ils étoient fur les bords
de la rivière Itcha, ils prirent un prifonnier Japonois du royaume
d’Ouzaka, qui étoit retenu chez les Kamtchadals. De-là Atlafow
revint fur fes pas, & fe tendit, en fuivant la même route , jufqu’à
la riviere Itcha, d’où il paiTa fur celle de Kamtchatka, & bâtit lé
Kamtchatskoi-Oftrog fupérieur. Après y avoir laiile Potap-Sériou-
how avec quinze hommes, il partit pour Iakoutsk le z de Juillet
1700, emmenant avec lui le prifonnier Japonois : il emporta auifi
les tributs qu’il avoit levés dans le pays du Kamtchatka, Ils confif-
toient en trois mille deux cents Zibelines , en dix Caitôrs marins ,
en fept peaux de Caftors, quatre Loutres, dix Renards gris, 8c cent
quatre-vingt onze Renards rouges. Il avoit outte cela pour fon
compte , comme il le dit lui-même, quatre cent quarante Zibelines
qu’il avoit échangées pour d’autres marchandifes. Il fut envoyé avec
tous ces tributs à Mofcou, où, en reconnoiiTance de fes fervicés, on
i’éleva au grade de Commandant des Cofaques de la ville d’Iakoutsk,
Il eut ordre en"même temps de retourner au Kamtchatka, 8c de
prendre avec lui cent Cofaques tirés de Tôbolsk, d’Iénifeisk &
d’Iakoutsk, 8c de fe fournir à Tobolsk, pour cette expédition , de
pièces de campagne, de poudre , de plomb, de fufils, d’ün drapeau
,. 8c enfin de tout ce qui lui étoit néceifaire : mais Atlafow
ne put faire cette expédition qu’en 1706, à Gaufe des pourfuites
que la Juftice fît contre lui, parce qu’après être forti de Tobolsk
avec fes bâtiments, il pilla fur la riviere Toungouska un bateau chargé
de marchandifes de la Chine, qui appartenoient à un Marchand
(1 ) Comme il n’y a point de riviere au Kamtchatka qui s’appelle Kalanka, on ne peut
fa Voir positivement jufqu’où pénétra Atlafow. Suivant les traditions des anciens Kamtchadals
, il vint jufqu’à la riviere Ningitcha, qu»’on appelle aujourd’hui Goligina ; ainii il
y a tout lieu de croire qu’Atlafow, fous le nom de riviere de Kalanka , a entendu l i
riviere Igdig ou celle d’Ozernaia, qui eft à trois journées environ de chemin de celle de
Goligina* Il lui donna peut-être le nom de Kalanka, à caufe des Caftors marins que L’on
y pêche* & que L’on nommoit autrefois Kalaniu