point encore été créés, & leurs Dieux ne iàvoient point prendre le
poiflon.
Koutkhou abandonna un jour fonFils & fa Fille, & difparut du
Kamtchatka. On ignore ce qu’il devint ; ils prétendent qu’il s’en
alla fur des patins ou raquettes, & que ks montagnes & les collines,
fe formèrent fous fes pas , parce que fes pieds s'enfoncaient dans la
terre conîme dans de la glaife molle. Ils croient que leur Pays étoit
parfaitement uni avant ce temps.
Tigil Koutkhou eut un fils nommé Arnfeia, & une fille qu’ils appellent
Sidoukamch.itch ; le Frere & la Soeur fe marièrent enfem-
ble lorfqu’ils furent grands. Ils ne: font pas plus inftruits fur la généalogie
de ces Dieux ; ils affinent feulement que ceft d’eux que
leur Nation tire fon origine.
T igil Koutkhou voyant augmenter fa Famille , fongea aux
moyens de pourvoir à fit fubfiftance; il inventa l’art de faire des
filets avec de l’ortie pour prendre des Poiffons. Son Pere lui avoit
deja appris a faire des Canots. Ce fut lui qui leur ciiieigna à. fe faire
des Habits de peaux. Il créa les Animaux terreftres , & établit pour
veiller fur eux PiliàtchoutchL , qui les- protégé encore aujourd’hui.
On le dépeint d’une taille fort petite, revêtu d’habits faits de fburu-
res de Goulus , dont les Kamtchadals font beaucoup de cas ; il eft
traîné par des Oifeaux, & fur tout p r des Perdrix, dont ils s’imaginent
quelquefois appereevoir les traces.
M. Sceller nous repréfente ces Peupks comme idolâtres. Ils ont
beaucoup de Dieux qui, fuivant la tradition , ont apparu à plufieurs
d’entr’eux. Ils n’ont point dans leur langue le mot Efprit, ils rien
ont aucune idée , non plus que de la grandeur & de la fageflè de
l’Etre fuprême.
Au refte on ne peut rien imaginer de plus abfurde que leur
Dieu Koutkhou. Ils ne lui rendent aucune forte d hommage, &
ne îui demandent jamais aucune grâce : ils n’en parlent que par dé-
rifion. Ils racontent de lui des chofes fi indécentes , que j aurois
honte de lès rapporter. Ils lui reprochent d’avoir créé une trop grande '
quantité de Montagnes, de Précipices , d’Ecoeuils , de Bancs de
fables, & de Rivieres rapides ; d’être la caufe des Pluies & des Tempâtes
dont ils font fouvent incommodés. De-là vient que lorfqu’ils
montent ou qriils defcendent en Hiver les montagnes, ils lui di-
fent toutes forces d’injures & l’accablent d’imprécations; Us en agif-
fent de même lorfqu’ils fe trouvent dans quelques autres circonftan-
ces difficiles ou dangereùfes.
Ils ont néanmoins un Dieu, qu’ils appellent communément D o u f
tékthitch, & ils ont en quelque façon la même vénération & le même
refpeét pour ce nom, que les Athéniens portoient à leur Dieu inconnu.
Ils drefTent un pilier ou une efpece de colonne au milieu de
quelque grande plaine. Us l’entortillent de Tontchitch, & ne paifent
jamais devant, fans lui jetter urt morceau de poiffon , ou de quelque
autre chofe ; ils ne cceuillent jamais les fruits qui eroiffent à l’entour,
& ils ne tuent point d’oifeaux, ni aucun animal dans le vüifinage.
Us croient prolonger leur vie par ces offrandes, & qu’elle feroit
abrégée s’ils y manquoient. Cependant ils n’offrent rien de ce qui
eft: bon ; mais feulement les nageoires, les ouïes ou les queues de
poifîbns qu’ils jettero'ient de même s’ils n’en faifoient pas une offrande.
Us ont cela de commun avec toutes les Nations Afiatiques, qui
offrent feulement à leurs Dieux ce qui ne vaut rien , & qui gardent
pour elles ce qu’elles peuvent manger. M. Sceller a vu deux colon-
nés aux environs de l’Oftrog inférieur ; il rien a pas trouvé ailleurs.
En allant vers le Nord , j’ai vu moi-même plufieurs endroits où les
Paflànts faifoient des offrandes, comme S’ils euffent cru que des ef-
pnts malfaifants habitoient ces lieux ; mais je n’ai vu ni Colonnes,
ni Idoles.
Us croient encore que tous les endroits dangereux, comme, par
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