'établis, &, les Moyens qu’ils ont mis en ufage pour s enrichir ; j tf»
dirai ici quelque chofe pour les fatisfaire,-
Dans le commencement de la conquête du Kamtchatka, ils
avoient bien des occafions de gagner beaucoup. x°. Us faifoient de
Fréquentes; incurfions à main armée fur les Kamtchadals rebelles, &
pilloient tout ce qu’ils trouvoient. i°. Lorfqu’ils alloient lever les tributs
, les Cofaquestiroient toujours quelques pelleteries des Naturels
du Pays- ; car indépendamment dé la taxe de la Couronne, chaque
Kamtchadal étoit obligé de leur donner quatre Renards ou-Zibelines,
dont l’un étoit pour le Receveur | l’autre pour fon Commis, le trotfieme
pour l’Interprète & le quatrième pour les Cofaques. 50. Ils vendôient
très cher aux Nationaux toutes les-bagatelles qu’ils portoient
avec eux dans leur tournée pour lever lès taxes , & quoique par la
fuite ces extorfions aient été févérement défendues , les- Cofaques
ont cependant la liberté de commercer avec le» Kamtchadals , &
de vendre leurs marchandifes comme ils- le veulent. Ils les prennent
aux Marchands ; les portent aux Naturels du Pays auxquels ils
les vendent deux fois plus cher qu’elles ne valent , & meme quelquefois
encore davantage.- Ils ne prennent pas toujours des pelleteries
en échange , mais fouvent- les choies dont ils ont befoin-,
comme canots, filets ou provifîons- de bouche ; & ils n ont pas
d’autre moyen de fubfifter dans un Pays ou Ion manque de bled
& de toutes les chofes nécelfaires à la vie. La; paie d’un Cofaque a
pied n’eitque de cinq roubles ,, l’argent du pain leur étant paye
fuivant le prix d-Iakoutsk- Cependant outre la, fubûftance, il ne
faut pas moins de quarante roubles par an à un Cofaque qui veut
s’entretenir comme il faut, feulement pour feshabits d Hiver & d Eté,,
pour fes Chiens & fes munitions de guerre. Une paire de Koir-
klianki ou d’habits de ce Pays vaut fix, fept &c jufqua huit roubles;,
des culoces pour l’Hiver coutènt deux & trois roubles ; il ne peut
avoir desbottines pour l’Hiver & pour l’E té, un-bonnet & des gant»
à moins de quatre roubles ; des bas de laine coûtent un rouble ; deux
chemifes quatre roubles ; quatre archines ou environ deux aunes
& demie de toile valent un rouble ; deux culotes de peau pour l’Eté
coûtent deux roubles. On ne peut avoir un traîneau avec les plus
mauvais Chiens, & l’attirail qui en dépend, à moins de dix roiC
bles. Les fiifils ou carabines font fort chers dans ce Pays ; & avec
beaucoup d’argent on a encore bien de la peine à trouver de là-
poudre & du plomb.
C H A P I T R E V. I I,
Des petits Oftrogs Kamtchadals & KoriaqUès dépendants des
OJlrogs Ruffès ; des Collecteurs de taxes- qu’on y envoie , & des
autres revenus de la Couronne dans ce Pays. o N a dit plus haut qu’il y avoit àéïuéliemént au Kamtchatka
cinq Oftrogs RuiTes, iàns indiquer s’il y.avoit des Oftrogs- Kamti-
chadals ouKoriaques qui en dépendaient; je dirai ici quels étoienc
les petits Oftrogs qui, durant le féjour que j’ai fait au Kamtchatka,.
reifortiiToient des trois principaux Oftrogs ; favoir, Bolchéretskoi,
Si Kamtchatskoi-Oftrog Supérieur & inférieur ; j’y ajouterai- le»
noms de'leurs Gouverneurs ou Chefs, le nombre des Habitants &
l’efpece d’impôts qu’ils payent ; enfin le nombre dés Colleâeûrs
qü’ony envoie de chaque Oftrog Ruife , & quels font les endroits-
de leur déftinafion.
Le département de Bolchéretskoi, comme On fà déjà dit, s’étend
le long des côtes de la mer, depuis l’embouchure de la Bolchaia
Réka, au Midi jufqua celle SOpata, au Nord jufqua celle de
Vorowskaia , & le long de la mer Orientale depuis la riviere Awac