rioukhi. L ’Inniaka en différé un peu, Si il y en a beaucoup dans le-
lac Nerpitch ; cependant ils ne font pas en il grande abondance'
que ceux appelles Ouiki. La Mer orientale jette quelquefois une
quantité fi prodigieufe de ces derniers fur fes rivages , qu’ils en
foht couverts l’efpace de cent werfts, à un .pied environ de hauteur.
On peut diftingueraifément les Ouiki des autres efpeces- de Kho-
rioukhi, par une raie velue qu’ils ont des deux côtés : ils ne font pas
plus gros que l'es véritables Khorioukhi. Us nagent prefque toujours
trois enfemble , & ils font fi étroitement joints par cette raie velue,
que fi l’on en prend un-, les autres ont bien' de la peine à fe détacher.
Les Kamtchadals les font fécher comme les poiffons appelles
Khakhaltcha., Si s’ern fervent pendant l’hiver pour nourrir leurs
Chiens : ils en mangent eux-mêmes dans les cas de befohi, quoique
ce poiffon foit d’un goût défagréable.
Du B eltchoutch, ou du Hareng.
La derniere efpece de poiffons qui fert à la fubfiftance de ces peuples,
eft le Hareng, que l’on'appelle an Kamtchatka, B eltchoutch
Si petit poiffon blanc. Il fe trouve dans’ la Mer orientale,. & ne vient
que rarement dans les embouchures des- rivieres qui fe déchargent
dans la mer de Pengina ; de forte qu’il ne m’eft pas arrivé de voir
plus de dix de ces poiffons-. De la Mer or-ientale il paffe dans les
grandes baies en fi prodigieufe quantité,. que d’un feul coup de filet
on en pêche affez pour remplir environ quatre tonneaux ou on
le fale. Us ne différent point des Harengs de Hollande t ce qui eft
confirmé par le témoignage de M. Steller..
Us fe retirent pendant l’Automne dans de grands lacs où ils font
leurs petits Si paffent l’Hiver. Us retournent au Printemps dans la
mer. La pêche de ce poiflbn mérite d’être remarquée ; elle fe' fait
dans le lac de Wilioutchin, qui n’eft éloigné de la mer que de cittr
quante fagenes, à laquelle il communique pat un bras.
Lorfque les Harengs y font entrés, le bras eft bientôt rempli Si
fermé par les fables que la violence des tempêtes y amaffe ; ce qui
coupe entièrement la communication du lac avec la mer jufqu’au
mois de Mars, temps auquel les eaux du lac venant à fe gonfler pat
la fonte des neiges, ¿ouvrent un paffage dans la mer, avant que la
glace du lac foit dégelée. C ’eft ce qui arrive régulièrement chaque
annéè. Les Harengs qui défirent alors de retourner à la mer, viennent
tous les jours à l’entrée de ce bras ou paffage, comme pour
voir s’il eft ouvert : ils fe tiennent là depuis le matin jufqu’au foit,
qu’ils regagnent les endroits les plus profonds du lac. Les Kamtchadals
qui favetttcela, font dans cet endroit une ouverture dans la
glace, où ils tendent leurs filets, après avoir fufpendu quelques Harengs
au milieu pour attirer les autres ; couvrant eniuite cette ou-*
verture avec des nattes, ils y laiffent un petit trou, par lequel un
d’eux eft à l’affût & regarde files Harengs ¿approchent du filet : dès
qu’il les voit, il en avertit fes compagnons. On découvre alors 1 ouverture
faite dans la glace ; on en retire le filet rempli d une quantité
prodigieufe de poiffons. Les Kamtchadals les enfilent par .paquets
dans des ficelles d’écorce d’arbre, les chargent fur leurs traîneaux
, & les emportent chez eux. Voilà de quelle maniéré ils
font cette pèche, tant qu’il y a de la glace fur le lac :• pendant
l’Eté , ils les prennent avec des filets dans les embouchures des rivières.
Ils en tirent la graiffe, qui eft incomparablement meilleure
que celle d’aucun autre poiffon t elle eft blanche comme du beurre
de Finlande ; c’eft pour cela que de Kâmtchatskoi-Oftrog inférieur,
qui eft l’endroit où l’on tire la graiffe de ce poiffon , on en
envoie dans les autres Oftrogs, où elle eft regardée comme une
choie excellente.
Quant aux différentes maniérés dont ils préparent ce poiflbn pour
le manger, on en parlera a fa place.