D e s c r i p t i o n
encore des fruits du Sotbiis auciipaTia ; niais les Chaffeurs font fort
affligés quand ce dernier fruit efl abondant, car il caufe aux Zibelines
une efpece de galle qui les oblige de fe frotter contre les arbres, ce qui
leur fait tomber le poil des cotes. Les CHaileu rs font quelquefois obligés
de perdre la moitié de 1 Hiver pour attendre que le poil foit revenu.
Les Zibelines, pendant l’Hiver, attrapent des Oifeaux , des Gelinottes
& des Goqs de bois, dans le temps que ces Oifeaux fe cachent dans
la neige; & une Zibeline pend facilement le plus gros Coq de bois.
Si elles puvent trouver de ces animaux , elles les attrapent en tout
temp. Quand la terre eft couverte de neige, les Zibelines fe tiennent
tapies dans leurs trous , fans fortir pendant deux ou trois fe-
maines ; & c’eft lorfqu'elles fortent de leurs trous, après ce féjour,
quelles s’accouplent, ce qui arrive ordinairement dans le mois de 1
Janvier. Leur accouplement dure trois ou quatre femaines. Lorf-
qu’il arrive que deux mâles fe trouvent avec une femelle ; alors la
jaloulie fë met entr’eux & oceafionne de grands combats, jufqu a ce
qu’il y en ait un qui refte vainqueur & qui chaffe fan rival.
Après leur accouplement, elles fe tiennent encore dans leurs
trous environ une ou deux femaines.
Les Zibelines mettent bas vers la fin de Mars ou au commencement
d’Avril dans les trous, ou dans les nids qu’elles ont faits fur des
arbres. EUes font depuis trois jufqu à, cinq petits, qu’elles allaitent
pendant quatre ou fix femaines.
La chaffe des Zibelines ne fe fait jamais que pendant l’Hiver,
parce qu’elles muent au Printemps, & que leurs poils font fort
courts pendant l’Eté. Quelquefois dans l’Hiver ils ne font pas encore
revenus : on les appelle dans ce cas Nedofiboli, c eft-a-dire
Zibelines imparfaites ; & cm ne les prend point, parce que ces Zibelines
fe vendent à fort bas prix. Les Chaffeurs , tant Naturels dit
Pays que Ruffes , partent pour la chaffe des Zibelines vers la fin du
mois d’Août, Quelques Chaffeurs Ruffes y vont eux-mêmes, que^
ques autres y envoient des gens qu’ils louent. Les uns s’appellent
Pokroutcheniki , & les autres Poloujenfchiki. On fournit
aux premiers des habits pour le voyage, des provifions, & tout
ce dont ils ont befoin pour la chaffe. A leur retour, ils donnent à
leurs maîtres le tiers de la chaffe, & les deux tiers reliants font pour
eux ; mais ils rendent toutes les chofes ou uftenfiles néceffaires à la
chaffe, excepté les provifions de bouche qui leur reftent. Les Poloujenfchiki
partagent par moitié avec leurs Maîtres le profit de la
chaffe.Ces derniers s’engagent pour cinq ou huit roubles, & fe
fourniffent eux-mêmes de provifions & de toutes les chofes néceffaires
à la chaffe.
Tous ces Chaffeurs fe raffemblent en compagnies compofées quelquefois
de fix, & quelquefois de quarante hommes ; elles montoient
autrefois jufqu a cinquante ou foixante. Pour épargner la dépenfe
qu’il faudroit faire pour aller jufqu’aux lieux aux environs defquels
on trouve des Zibelines, ils conftruifent un bateau ou grand canot
couvert pour trois ou quatre hommes. Ils tâchent de trouver des
gens qui fâchent la langue du Pays, & qui connoiffent même les
endroits où il y a des Zibelines : les Guides font à leurs frais.
Chaque Chaffeur met fur fon bateau environ trente poudes de
farine de feigle , un poude de farine de froment, un poude de fel
avec tin quart de poude de gruau. Ils prennent un manteau, des ef-
pecës de gants de peau ; au-lieu de bonnets, un long capuchon de
hure. Outre cela chaque couple de Chaffeurs prend un filet , un
C hien & fept poudes de provifions pour la nourriture du Chien, une
iîbille de bois pour faire du pain , & un autre vafe rempli de levain. A
l'égard des autres provifions, e’eft-à-dire, les petits traîneaux', lés raquettes
, patins & autre?, dont on parlera dans la fuite, ils ne les
préparent que lorfqu’ils font arrivés.
Ce qu’on appelle Lou^an, eft un manteau de drap court qui n eft
pas coufu fur lé e,ôté : il eft fans manches, le derrière ne va que juf-
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