Loups. Les premiers pendant l’Eté, & ces derniers pendant l’Hiver
, vont par bandes paître fur les vaftes plaines de ce Pays, couvertes
de mouiTe. Les Ours du Kamtchatka ne font ni grands, ni
féroces ; ils n’attaquent jamais perfonne, a moins que quelqu’un ne
s’en approche lorfqu’ils dorment ; mais alors meme il eft rare qu’ils
le tuent : ils fe contentent de lui enlever la peau de la nuque du cou,
la lui rabattent fur les yeux, & le laiiTent là, Lôrfqu ils font en fureur
, ils lui déchirent les parties les plus charnues, mais ils ne les
mangent point. On rencontre au Kamtchatka une allez grande
quantité de gens qui ont été accommodés de cette façon. On les appelle
communément Dranki ou les Ecorchés. Une chofe qui mérite
d’être remarquée , c’eft que les Ours ne font point de mal aux
femmes , & que pendant l’Eté, lorfqu’elles coeuillent des baies, ils
vont autour d’elles comme des animaux domeftiques. Quelquefois
ils mangent les baies qu’elles ont coeuillies , & c’eft-là tout le mal
qu’ils leur font.
Lorfque les poilfons parodient en bande dans l’embouchure des
rivieres, les Ours defcendent par troupeaux du haut des montagnes
vers la mer, & fe mettent dans les endroits favorables pour les attraper.
Comme ils en trouvent en grande quantité, ils deviennent délicats
fur le choix, & ne font plus que leur fucer la moelle de la
tête, laiffant le refte fur le rivage ; mais quand les poiifons deviennent
rares dans les rivieres &tqu’il n’y a plus de pâturages, ils ne
font pas de difficulté de manger les arrêtes que la riviere jette fur le
rivage : il arrive même fouvent qu’ils viennent dans les huttes des
Cofaques qui font conftruites fur les bords de la mer, pour leur voler
leurs provïfions ; cependant ils méritent d’autant plus d’indulgence
, qu’ils fe contentent de manger les poiflons qu’ils y trouvent
, & s’en vont fans faire aucun mal à la gardienne de la hutte.
Il eft d’ufage de laiifer dans chaque cabane une vieille femme pour
la garder.
D e la chajje des Ours au Kamtchatka.
Les Kamtehadals font la chafTe à ces animaux de deux maniérés.
La première, en les tuant à coup de flèches. La deuxième, en les
furprenant dans leurs tanieres. Cette derniere façon eft plus ingé-
nieufe qué la première. Voici comment ils s’y prennent, Lorf-
qu’ils ont trouvé la taniere , ils y amaflent une grande quantité
de bois, & mettent enfuite à l’entrée du trou des foliveaux & des
troncs d’arbres les uns après les autres, de façon que l’Ours retire
en dedans les pièces de bois les unes après les autres , afin que la
fortie de fa taniere ne foit point bouchée : il continue ce manège
jufqu’a ce que fa taniere fe trouvant remplie, il ne lui foit plus p o t
fible de fe retourner : alors les Katntchadals font une ouverture en
haut, & le tuerit à coups de lance.
Les Koriaques & les Olioutores les attrapent encore d’une autre
maniéré. Ils cherchent des arbres dont la tête eft courbée ; & préci.
fément dans l’endroit ou l’arbre eft fourchu, ils attachent un noeud
coulant, dans lequel ils mettent une amorce de viande. L ’Ours en
youlant faifir la viande, fe trouve pris dans le nepud coulant par la
tête ou par les pattes de devant.
D e la çhaffe des Ours en Sibérie,
i° . On les tue à coups de carabine.
i° . On les écrafe avep des madriers qu’on met les uns fur les au*
très; mais rangés de façon que fitôt que l’Ours y touche, ils rom*
bent fur lui & l’écrafenr,
3°. On fait des fofTés dans lefquels on .enfonce un pieu aigu,
brûlé autour & poli, de façon que le bout forte d’environ un pied
de la terre'; ,on couvre cette foife de petites branches & d’herbes ; ce
qui fait une efpece de couvercle qui fe leye ayec une corde comme
celui d’un trébuchet. On met l’extrémité de cette corde fur ie fem*
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