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 Leurs habits  font faits de peaux d’Oifeaux marins , de Renards  
 de Caftors, &  d’autres bêtes marines ;  ils les coufent  enfemble à h  
 maniéré des Toungoufes,  c’eft-à-dire,  qu’ils en font des habits ou.  
 verts par devant, & non pas des vêtements tels que ceux des Kamtchadals. 
  Us  emploient dans leurs habits  toutes les peaux qu’ils ont,  
 fans  s’embarraffer  fi  elles  font  de  ces  mêmes  animaux.  Auffi il  
 eft  rare  de  voir  un  habit  de  Kourile,  qui  ne  foit  çompofé  de  
 plufieurs morceaux  de  peaux  de différentes bêtes  8c  de divers oi-  
 féaux. 
 Ils  font  fort  curieux  d’avoir  des habits  riches,  tels  que le  font  
 pour eux des habits de drap , d’étoffe de  foie,  &c,  ;  mais  ils les fa-  
 liffent  bientôt  par  le  peu  de  foin  qu’ils  en  ont.  Un  Kourile  
 habillé  d’écarlatte  ,  porte  for fes  épaules  un  Veau  marin, quoi,  
 qu il foit sûr de gâter fon habit qui lui coûte  fort cher. Ils s’embar-  
 raffent  peu  que  leurs  habits  foient  bien  faits  ,  ou  qu’ils  foient  
 comme  des  facs ; ils ne  font curieux  que  de  la  couleur. 
 M. Steller fut témoin qu’un Kourile  ayant  vu un corfet de foie,  
 le trouva fi fort de fon goût qu’il le mit  ,  ¿fe  il  ie  promenoir admirant  
 fon habillement  , malgré  les rifées  des  Cofaques qui  fe  mo-  
 quoientde lui.  Il croyoit, fans doute, que  chez  les  autres Peuples  
 les habits des hommes ôç des femmes  étoient  les  mêmes,  ainfi que  
 chez eux. 
 Us demeurent  dans  des  Iourtes, qui  ne  différent de  celles des  
 Kamtchadals,  que  parce  qu’elles  font  un  peu  plus  propres.  Ils  
 garniilènt les murailles & les banes  avec  des  nattes  faites  d’herbes.  
 Us fe nourriffent pour l’ordinaire  d’animaux marins,  &  ils ne font  
 gueres ufage de poiffon, 
 11s connoiffent aulli peu la Divinité,  que  les  Kamtchadals ;  ils  
 ont pour Idoles dans  leurs Iourtes, des Figures de bois fort ornées,  
 & qui font faites avec beaucoup d’adreffe, ils les appellent Ingoul ou  
 Jnnakhou. Us ont beaucoup de vénération pour elles ; mais jeft’aipH 
 favoir s’ils  les  regardent comme des Efprits jnalfaifants, ou comme  
 des Dieux ; ils leur offrent les premières bêtes qu’ils prennent, ils en  
 mangent la chair eux-mêmes,  & pendent les  peaux  auprès  de  ces  
 Idoles.  Lorfque leurs Iourtes  menacent  ruine,  & qu’ils font obligés  
 de les  abandonner ,  ils  y  laiffent ces Idoles  &  les  peaux qu’ils  
 leur  ont  offertes  en  facrifices.  Quand  ils  ont quelque  voyage  à  
 faire  fur mer ,  ils y portent ces Figures ou  Idoles avec eux ,&  lorf-  
 qu’il  y  a  du  danger  ,  ils  les  jettent dans l’eau  ,  fur-tout dans  le  
 temps  du  flux  &  reflux qui  fe  fait avec  une  agitation  extraordi-  
 Lnaire  entre la première Ifle  des Kouriles , & la  pointe méridionale  
 [du Kamtchatka ; ils elperent par là qu’ils appaiferont la violence des  
 [flots. ■ 
 [  Les Kamtchadals du Midi qui habitent la première Ifle des Kou-  
 Biles & Kourilskaia Lopatka ,  ou la pointe méridionale du Kamt-  
 [chatka,  ont  pris  cette efpece de culte  des  Kouriles,  comme un  
 moyen infaillible de faire une heureufe navigation. 
 Us  fe  fervent  de  Baidares  ou  Canots en  été,  &  de  raquettes  
 pendant 1 hiver  ,  parce  qu’ils  n’ont  point  de  chiens.  La  prin-  
 |cipale  occupation  des  hommes eft  de prendre  des  bêtes  marines.  
 [Les  femmes  ,  à  l’exemple  de  celles  du  Kamtchatka,  s’occupent  
 a coudre &  à faire des nattes  d’herbes ;  dans  l’été , elles  accompa-  
 ¡gnent leurs maris à la chaffe. 
 :  Quant aux moeurs &  aux ufages,  les Kouriles  font  incompara-  
 jblement plus policés & plus civils que leurs  voifins  ;  ils font doux ,  
 confiants,  droits  &  honnêtes ;  ils parlent  pofément, fans fe cou-  
 jper  la parole  les uns aux  autres, comme  font  les  Koriaques fixes.  
 Us ont  beaucoup de refpeét pour  les Vieillards, &  vivent  entr’eux  
 avec beaucoup d’amitié, ayant une tendreffe particulière pour leurs  
 parents. 
 Q eft un fpeétacle touchant, que de voir l’entrevue de deux amis