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cuire dans les aûges avec différentes racines, & particulièrement
aveclaiarizniz.Ils boivent le bouillon avec de petits vafes decorce où
avec des taffes, & mangent la viande avec leurs mains. Ils appellent en
général Opanga, tous les bouillons , même celui de leurs Chiens.
Ils mangent auffi de la graiiTe de Baleine & de Veau marin cuite
avec des racines , & aigrie dans des fofles. Ils coupent par tranchés
les graiffes qu’ils ont fait cuire, & particulièrement celte du Veau
marin. Ils en mettent dans leur bouche autant qu’elle en peut contenir
, & la coupant alors avec un couteau tout" près de leurs lèvres ?
ils avalent le morceau tout entier fans le mâcher, & auffi goulûment
que les Hirondelles de Mer avalent les Poiffôns.
Leur mets le plus exquis 6c le plus recherché, eft le Selaga (1)';
auffi n’en mangent-ils que dans leurs feftins t ce n’eft cependant autre
chofe que différentes fortes de racines 6c de baies broyées enfemble,
auxquelles ils ajoutent du Caviar, de la graiffe de Baleine, du Veau
marin, & quelquefois du poiffon cuit. Ce mets, compofé de baies
acides & de Sarana , eft fort agréable & nourriilànt ; mais la malpropreté
avec laquelle ils le préparent, le rend dégoûtant, fur-
tout quand on le fait liquide. Une femme , après avoir pilé
les racines dans un vafe fale & mal-propre , le remue avec fes mains
pleines de craffe, qui deviennent enfuite auffi blanches que la neige,
en comparaifon du refte du corps. En un mot, un Etranger ne
peut voir préparer ce mets, fans que fon coeur ne fe fouleve.
Avant la conquête du Kamtchatka par les Ruffes, les Kamtcha-
dals ne connoiffoient point d’autre boiffon que celle de l’eau. Pour
fe mettre en gaieté, ils bu-voient de l’eau dans laquelle ils avoient
fait infùfer des champignons : je parlerai ailleurs de cette boiffon.
Aujourd’hui ils boivent de l’eau-de-vie, ainfi que les Ruffes qui deif)
J-es Cofaqjies rappellent Tolkouchaf
îïieur£4f