Renards ; ils font des filets ; ils tranfportent avec leurs traîneaux ;
dans leurs Iourtes, du bois & les autres provifions qu’ils avoiene
lailfées pendant l’Eté dans les Balaganês, & d’où ils n’avoient pas»
eu le temps de les retirer pendant l’Automne.
Pendant l’Hiver, les Femmes filent pour faire des filets ; cet
ouvrage eft fi long, qu’une Femme peut à peine fournir alfez de fil à
fon Mari pour les filets qui lui font néceflàires pendant l’Eté. Mais
quand les Familles font nombreufes, ils en font plus qu’il ne leur
en faut. Alors ils échangent le furplüs pour d’autres bagatelles ;
comme des aiguilles,de la foie,des dez à coudre,& des couteaux.
Au Printemps, lorfque les rivières deviennent navigables , &
que les Poiifons qui y ont palfé l’Hiver regagnent la Mer, les Hommes
s’occupent à la pêche, ou ils vont du côté dé ht Mer pour attraper
une efpeCe de poiffon appellé Vachnia ( i ) ; on le trouve alors en-
grande quantité dans les Golfes & dans les Baies. Il y en a qui vont
même fur la Mer orientale & jufqu’au Cap Lopatka , pour attraper
desCaftors marins^ & d’autres animaux.
Les Femmes, de leur côté, vont coeuillir dans les chatfïps une:
efpece d’ail fauvage & d’autres plantes, non-feulement pour fup-
pléer aux provifions dont on manque dans cette faifon, mais même
pour s’en régaler. Elles aiment fi fort les herbages, que pendant
tout le Printemps, elles en ont prefque toujours dans la bouche ; Si
quoiqu’elles les apportent chez elles par bjralfées, à peine en ont-
elles pour un jour.
Les Hommes font encore chargés de coniïruire les Iourtes & les
Balaganês, de les chauffer, d’apprêter leurs aliments, de donner à
manger à leurs chiens, de régaler les Conviés lorfque l’d'ccafion
s’en préfente , d’écoreher les chiens & autres animaux dont les peaux
(i) OnoSj AJinus anûquQTum.jefpece de MerlucKeV
| leur fervent à fairé des habits ; enfin de préparer' les uftenfiles do-
meñiques 8c les armes néceffaires pour la gifetre.
Lés Femmes à leur tour font obligées; de préparer & de coudre
les peaux dont elles font les habits1, les bas & les fouliers. Ce travail
I eft tellement leur partage, qu’un Homme qui s’en mêlerait, feroit
aülfi-tôf méprifé & taxé de s’adonner à une occupation deshono-
fante ; auifi regardoient-ils dans le commencement avec mépris lés
Ruffes qu’ils voyoient manier l’aiguille & la'lene. Ce font auifi les
Femmes qui teignent les peaux,- qui traitent les malades , & qui
font les cérémonies de Religion. Voici la maniere dont elles préparent
, teignent & coufent les peaux enfemble.
Les Femmes n’ont qu’une feule façon de préparer tôutes leS
peaux de Rennes, de Chiens , de Veaux & de Caftors marins,
&c. dont elles font les habits. Elles commencent par mouiller
l’intérieur de la peau, après quoi elles ratiffent avec un couteau
fait de pierre , les fibres & les chairs qui y font reliées attachées
quand on a écorché les animaux. Elles la frottent enfuité
Svec des oeufs de poiifons ou frais, ou ferttientés, la tordent & la
foulent aux pieds jufqu’à ce qu’elle devienne un peu molle. ElleS
la ratifient une fécondé fors, la frottent encore, & continuent cd
travail jufqu a ce que la peau foit bien nette & mcrlle. La préparation
eft la même pour les peaux qu’elles veulent tanner ; elles les
expofent enfuite à la fumée pendant une femaine , & après les avoif
trempées dans l’eau chaude pour en faire tomber le poil, elles les
frottent avec du caviar , les tordent entre leurs mains, les foulent
& les ratifient.
Elles teignent les peaux de RënneS & de Chiens dont elles font
les habits, en les frottant fouvent avec de l’écorce d’aune hachée en
petits morceaux. Mais elles ont une méthode particulière pour teindre
les peaux de Veaux marins dont elles font des habits, des
chauffures, 8c les courroies qui fervent à garnir 8c a attacher le9