D e s c r i p t i o n
de petites élévations de terre : il la compare à une éponge remplis
d’eau. Puifque l’eau, dit-il, ne peut pénétrer dans l’intérieur de
la terre, & que l’humidité vers la fuperficie ne fait que s’accroître de
plus èn plus, il eft impoffible alors que la terre air une autre qualité,
Mais quoique le fol de ce Pays ne-foit pas par-tout propre à
être cultivé, il y a cependant quelques endroits le long de la ri.
viere de Kamtchatka, comme aux environs des fources de la riviere
Bijlraia, qui peuvent fournir du grain, & même au-delà de ce qu’il
en faut non-feulement aux habitants de ce Pays ; mais encore à eeuj
d’Okhotsk. .
La feule çhofe à laquelle il faudra prendre garde, ç’eft qu’en brûlant
les bois pour défricher le terrein, on ne faife fuir les zibelines,
qui ne peuvent fupporter la fumée, comme cela eft déjà arrivé aux
environsde la riviere Lena : on en prenoit beaucoup autrefois dans
les bois qui étoient dans le voifinage de cette riviere ; au-lieu que
pour en trouver aujourd’hui, on eft obligé d’aller jufqu’aux fources
mêmes des rivieres qui viennent fe jetter dans la Lena.
Il y a fort peu de bois dans le Pays des Kouriles, ou fur l’extrémité
du Cap méridional du Kamtchatka; Il ne s’en trouve pas davantage,
en avançant plus au Nord, où les côtes font baffes & le terrein marécageux.
Il ne croît que des faules & des aunes fur les bords des rivieres
, même à vingt ou trente werfts de la mer : cette difette de bois,
vu la nature de ces contrées, eft caufe qu’on a beaucoup de peine pour
apprêter les ehofes néceffaires à la vie. En Eté les Ruffes, auffi-biefl
que les naturels du Pay s, vont s’établir, avec toute leur famille , fur
' les bords de la mer. Pour y faire leur fel & pour la pêche, ils font
obligés d’envoyer prendre du bois 3 vingt ou trente werfts, ce qui
entraîné beaucoup de difficulté & de perte de temps ; car il ne faut
pas moins de deux ou trois jours pour en aller chercher, & l’onefl
rapporte fort peu t l’extrême rapidité de ces rivieres , & la quantité
de bancs de fable qui s’y trouvent, ne permettant pas de le flotter, ils
o u K a m t c h a t k a ,
n en apportent avec eux qu’autant qu’ils peuvent en attacher aux
deux côtés d’un petit canot de pêcheur ; s’ils le chargeoient trop ,
ils ne pourraient le gouverner , & ils courraient rifaue d’être emportés
par la rapidité du courant, & dechouer foie fur les rochers,
foit fur des bancs de pierie ou de vafe, foit enfin furies langues
de terre qui débordent les rivages. Quelquefois la mer jette des arbres
fur les côtes ; ce qui fupplée à la difette ou l’on eft de bois. Les
Habitants ont foin de les ramaffer ; mais comme ¿es bois ont refté
long-temps dans l’eau, on a beau les faire fécber, ils ne donnent-
jamais un feu clair & né font que fumer ; ce qui eft pernicieux à 1»
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A trente ou quarante werfts de la mer, il croît fur quelques endroits
élevés des aunes, dès bouleaux & des peupliers dont on fe fcrt'
par-tout, excepté au Kamtchatka, pour eonftruire des maifons ôi
des canots. Ces bois eraiffent aux environs des foUtcesdes-rivieres,
d’ou on. les fait defeendre par eau avec des peines infinies , & de la
même maniéré que le boisa brûler, en lés attachant des deux côtés
du canot : auffi la plus mauvaife maifon ne coûte gueres moins de'
cent roubles, & même davantage. Une barque dé Pêcheur, quélu
que petite quelle foit, ne fe vend pas au-déffous «fecinq- roubles ;
dans les endroits où les montagnes font plus voifines de la mer, on
peut y avoir du bois avec moins de peine, pouFVU que lès- riviere#
foient plus navigables, & que le tranfport en foie facile.- ‘
Le meilleur du Pays, vu fa rareté, eft celui qui croît au long
delà riviere Bijlraia , qui fe jette dans la Bolchaia Reka, au-
deffons de Bolcheretskoi-Oftrog. Les bouleaux y font fi gros, que
M. Spanberg en fit eonftruire un bâtiment affez grand, ce qui
lui fit donner le nom de Bere^ôwkà, & il s’eft fervit dans plufieurs
voyages de long cours. Je ne crois pas qu’il foit hors de propos de
rapporter ici l’obfervation que l’on fit fur ce Bâtiment, lorfqu’il fut:
hnce : il enfonça autant dans l’eau, que s’il eut déjà eu fa charge