que dans les lieux un peu éloignés des habitations, on trbuve une
plus grande quantité de piftes de Zibelines, que d’Ecureuils aux environs
de la Lena ; & fi les Habitants de Kamtchatka étoient aulïî
adroits à cette chaiTe que les ChalTeurs de la Lena, le Kamtchatka
fournirait incomparablement plus de Zibelines ; mais ils font fi
pareifeux, qu’ils n’en prennent qu’autant qu’ils en ont befoin pour
payer leur tribut & leurs dettes. On regarde comme un Chaifeur
très habile, celui qui tue cinq à fix Zibelines dans un Hiver. Plu-
fieursmême ne pouvant pas en attraper autant qu’il leur en faut,
font obligés, dans le temps qu’on ramaife les tributs,'d’en emprunter
à leurs Chefs ou aux Cofaques, Si ils s’obligent pour cela de
travailler tout l’Eté fuivant.
Le bagage avec lequel les Kamtchadals vont à la ehaife des Zibelines,
confifte dans un filet, un arc avec des fléchés, &c un briquet.
Lorfqu’ils trouvent une Zibeline cachée dans la terre ou dans
le tronc d’un arbre , ils étendent leurs filets tout autour, de forte
qu’il ne lui eft pas poflible de fortir de fon trou ou du tronc d’arbre
où elle s’étoit retirée. Us les tuent à coup de fléchés , lorfqu’ils
les apperçoivent fur des arbres. Us fe fervent du briquet, lorfque
pour faire fortir les Zibelines de leurs trous, il faut employer la
fumée.
Us ne prennent avec eux de nourriture que pour un jour, & reviennent
le foir à l’habitation. Les meilleurs ChalTeurs, pour rendre
leur ehaife moins pénible & plus aifée, fe tranfportent fur les montagnes
éloignées de quelques werfts de leur habitation t ils y conf-
cruifent de petites Iourtes moitié fous terre, & ils y palfent l’Hiver
avec toute leur Famille, parce qu’ordinairement les Zibelines fe
trouvent dans ces endroits en plus grande quantité.
Us n’ont aucune pratique fuperftitieufe dans leurs chaffes de ZI*
belines, excepté qu’ils ne rapportent point eux-mêmes à la m aifon
les anijmux qu’ils ont pris ; mais ils les jettent du haut de leu«
Iourtes en bas ; au-lieu que les ChalTeurs qui prennent des Zibeline*
far les bords de Vitime & d’Olekma , ont des pratiques fuperftitieu-
fes à proportion de la difficulté de cette chaffe, comme on le dira
dans le Chapitre fuivant, en parlant de la façon dont la nation des
Iakouti prend les Zibelines.
Des IJatis & des Lièvres.
Quoiqu’il y ait au Kamtchatka une grande quantité de Renards
de montagnes ( i ) & de Lièvres, perlonne ne le donne la peine de
les prendre, peut-être parce que leurs fourures font peu eftimées Si
Si ne font pas cheres. Lorfque le hafard fait qu’on en trouve dans
les pièges qu’on tend pour attraper d’autres Renards, on feferc de
leurs fourures pour faire des couvertures.
Les Ifatis ou Renards de montagnes du Kamtchatka, ne valent
guéres mieux que les Lièvres de Touroukhansk. Les Lièvres du
Kamtchatka font fort mauvais ; leurs peaux ne font pas fortes, & les
poils s’en détachent aifément- M. Sceller , en parlant des Lièvres de
T ouroukhansk, rapporte que quelques Marchands fripons y cou-
fent des queues de Renards de montagnes , & les vendent fouvent
fur ce pied-là. Cette fupercherie ne s'apperçoic que difficilement,
même par les connoilfeurs les plus habiles.
Des Marmottes , des Hermines , & des Goulus.
U y a encore au Kamtchatka une alfez grande quantité de Marmottes
(i). Les Koriaques s’habillent de leurs peaux. Elles font af-
fet eftimées, parce qu’elles font chaudes, légères & belles. M. Stella
compare une fourure faite de la peau du dos de ces Marmottes,
uu plumage d’oifeaux de différentes couleurs, & fur-tout Iorfqu’on
es regarde de loin. U dit encore qu’il en a vu fur le Continent &
fe) Ifatis. Gmel.
[l) Marmotta minor. EjuiH.