D u Keta ou Kaiko t
Le Keta ou Kaiko eft la troifie'me efpeee : il eft plus gros que h
Niarka. Sa chair eft blanche ; fa tête eft oblongue & plate ; fon mufeau
eft recourbé ; fes dents , lorfqu’il demeure quelque temps dans
les rivieres , deviennent comme celle des Chiens ; les écailles qui
couvrent fes ouïes- font de couleur argentée avec des pointes noires
fa langue eft aiguë avec trois pointes a lextremite ; fa queue un peu
fourchue ; fon dos eft d’un verd brun ; les flancs & le ventre font
comme dans les autres poiffons ; il n’a aucune tache fur la peau.
Le Joukola' que l’on fait avec ce poiffon, eft appelle pain de ménagé
, parce que ce poiffon eft plus abondant que les autres. D ailleurs
le temps où on le prend eft plus fec & plus propre pour le préparer
: il ne s’aigrit point comme celui des poiffons qu on appelle
Tchawouitha & Niarka.
7 Ce poiffon fe trouve dans toutes les rivieres, tant dans celles qui
tombent dans la mer de Pengina, que dans celles qui fe jettent dans-
la mer Orientale. On commence à le pêcher vers les premiers jours
de Juillet; ce qui continue jufqu’après la mi-Oétobre s cependant
ce poiffon né remonte pas toujours pendant ce temps-la ; mais feulement
pendant deux ou trois femaines environ. On 1 attrape dans
l ’Automne près des fources des rivieres dans des creux profonds, &
où l’eau eft calme.
D u Gorboucha.
Le Gorboucha fuit, & quelquefois vient en même-temps que le
Keta : il eft incomparablement plus abondant que les autres. 11 eft
plat, & long d’un pied & demi environ ; fa Ghair eft blanche. Il a
la tête petite, le mufeau pointu & fort recourbé ; fes dents font petites
; fon dos eft bleuâtre, avec des taches rondes & noirâtres;fes
flancs & fon ventre font comme dans les autres poiffons ; fa queue
eft un peu fourchue, bleue & femée de taches j rondes qui font
noires.
On lui a donné le nom de Gorboucha, parce que, lorfque les
mâles deviennent maigres, il fe forme une groffe boffe fur leur dos ,
au-lieu que dans les femelles qui font beaucoup plus petites, leur
mufeau ne devient point crochu , & leur dos ne fe voûte point
non-plus.
Quoique ce poiffon ne foit pas d’un mauvais goût, cependant
comme les Habitants de ce Pays en ont beaucoup d’autres meilleurs
, ils le méprifent tant, qu’ils n’en font provilion que pour
nourrir leurs Chiens.
D u Belaïa ou Poiffon blanC.
Le dernier poiffon de cette efpeee , qui remonte en bande, eft
appellé Belaia ou Poiffon blanc, parce qu’il paroît dans l’eau d’une
couleur argentée. Il reffemble affez au Keta, tant par fa groffeur ,
que par fa figure. La principale différence confifte en ce que le
Keta n’a point de taches, & que le poiflon blanc a le dos parfemé
de petites taches noires & un peu longues ou ovales. Le goût de
Ùl chair eft bien- fupérieur à celui du Keta. On peut le regarder
comme le meilleur de tous fes poiflbns de ces contrées, qui ont
la chair blanche.
Ce poiffon a cela de commun avec le Niarka, qu’il n’entre que
dans fes rivieres qui fortent des lacs ; c’eft pour cela qu’on 1e prend
jufqu’au mois de Décembre avec des filets, des efpeces de bâtar-
deaux & des harpons dans 1e voifinage des lacs , & vers fes embouchures
des petites rivieres qui viennent s’y jetter. Les jeunes Belaïa
ou Poiffons blancs d’un an qui accompagnent-fes vieux pçur garder
les oeufs & conduire â la mer fes petits poiffons qui viennent d’éclore
, font regardés par fes naturels du Pays comme une efpeee
différence , & font appellés Milktchêutch. Lorfque fes vieux poif