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haches, pour lui couper les nageoires de devant lorfqu il tente de fàifîc
le canot. On le frappe en même temps fur la tête & fur les pattes à
coups de bâtons; & lorfqu’il eft tué, les Pêcheurs le tirent dans le
canot. Ils ne vont à la chaffe que des femelles & des jeunes. Non
feulement ils craignent d’attaquer les grands mâles & les plus vieux;
mais ils ont grand foin de les éviter lorfqu’ils les apperqoivent.
Beaucoup de ces animaux meurent de vieilleife, mais la plupart
perdent la vie dans les combats qu’ils fe livrent entr’eux ; de forte
qu’on voit dans quelques endroits la côte toute couverte d’ofTements,
comme s’il s’y étoit donné quelques grnde s batailles.
Des Cajlors marins.
Les Caftors marins ( i ) n’ont aucune reiTemhiance avec ceux de
terre, & on ne leur a donné ce nom que parce que leur poil ref-
fembl'e à celui des Caftors ordinaires, & que la qualité du duvet
en eft auifi bonne. Ils font de la grolfeur des Chats marins.
Leur figure reilemble à celle du Veau marin : ils ont prefque la tete
d’un Ours ; leurs.pattes de devant font femblables aux pattes des
animaux terreftres, & ceux de derrière font des efpeces de nageoires
: leurs dents font petites, leur queue eft courte, plate, & elle finit
en pointe : leur poil d’abord noir comme de la poix & très touffu,
devient gris lorfqu’ils vieilliffent. Le poil des jeunes eft long , brun
& extrêmement doux. On ne donne le nom de Caftors qu aux vieux
mâles ; les femelles font appellées Mathi, ou meres. Les Caftors
qui n’ont qu’un an & même un peu plus , font nommés Cochlola:
ceux qui font jeunes , & qui n’ont pas encore le poil noir,
Meddwedki ( petit Ours ).
Le Caftor eft le plus doux de tous les animaux marins. Il ne fait
jamais aucune réfiftance aux Chaifeurs, & ne fe garantit de leurs
(i) Lutra marina. Braf. ejufd. ibid.
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coups que par la fuite, s’il le peut. Les femelles ont une tendreffe
extrême pour leurs petits : elles portent fur leur ventre ceux qui ne
font pas encore en état de nager, elles les tiennent embraffés avec
leurs pattes de devant, ce qui les oblige de nager toujours à la ren-
verfe, jufqu a ce qu’ils foient aiTez forts pour nager feuli. Lorfqu’elles
font pourfuivies par les Pêcheurs qui font dans des canots* elles n’a-“
bandonnent leurs petits aux ChafTeurs qu a la derniere extrémité ; Si
même après les avoir abandonnés, fi elles les entendent pouffer des
cris, elles accourent auifi-tôt & fe font prendre comme de leur
gré. C’eft pour cela que les Pêcheurs font tout leur poffible pour
attrapper ou tuer les petits, bien affurés qu’après il ne leur fera pas
bien difficile de prendre la mere.
Il y a trois maniérés de les prendre.
i°. Avec des filets que l’on tend entre des ( i ) choux de mer
dans des endroits où il croît beaucoup de ces plantes marines, &
où les Caftors marins fe retirent dans la nuit & pendant les violentes
tempêtes. On leur donne la chaffe avec de grands canots ou
baidargs pendant le calme * & on les tue avec des harpons de la
même maniéré que les Chats & les Lions marins.
On les tue encore pendant le Printemps fur les glaces * lorfqu’elles
font pouffées vers la côte par les vents violents d’Eft. Cette
derniere chaffe , fur-tout quand la glace eft affez forte pour qu’on
puiffe aller deffiis avec des patins, eft un tréfor pour les habitants des
Côtes : ils s’empreffent d’y aller, & tuent une grande quantité de
Caftors marins qui marchent fur la glace , cherchant des ouvertures
pour fe plonger dans l’eau. Il eft même arrivé quelquefois que
les Caftors marins, trompés par le bruit que le vent fait dans les
bois', & le prenant pour celui des vagues (car telle eft la violence des
ouragans dans cette Contrée ) font venus jufqu’aux habitations des
(i) Fucusmarinas.