les coquillages dont elles ont une grande quantité fur le corps, &
dont les animaux qui y font renfermés les incommodent beaucoup.
Ce qui donne lieu de le croire, c’eft qu’en tenant long-temps leur
dos au-delfus de l’eau, elles y lailfent patiemment refter de grandes
troupes d’Hirondelles de mer ou de Mouettes, qui s’occupent à les
béqueter. Lorfque les poiifons remontent les embouchures des rivières
, elles y entrent aulfi pendant le flux, & j’y en ai vu plufieurs
fois deux ou trois enfemble.
Elles ont de fept jufqu’à quinze fagenes de long : il y en a de
plus grandes , mais elles ne s’approchent point des côtes. On m’a dit
que précédemment un vailfeau envoyé d’Okhotsk auKamtchatka,
faifoit ufage de toutes fes voiles par un temps favorable, lorfqu’il
fut arrêté pour avoir donné pendant la nuit fur une Baleine qui
dormoit ; ce qui ne fut certainement point arrivé, fi ce n’eût été
un animal énorme.
On ne peut dire combien il y en a d’efpeces, car on prend peu
de ces animaux au Kamtchatka, fi ce n’eft dans les contrées fepten-
trionales, où les Kouriles fixes & les Tchouktchi vont ordinairement
à la pêche de ces animaux. Quoique la mer en jette fouvent
de mortes fur ces côtes, cependant ni M. Stellêr ni moi n’en avons
jamais vu d’entieres; ce qui vient de l’emprelfement & de 1 avidité
des habitants, qui, lorfqu’ils en trouvent, les cachent avec autant
de foin que fi c’étoit untréfor, jufqu'à ce qu’jls en aient tiré la
grailfe. En 1740 , Je flux en poufla une dans l’embouchure de la
B0lchaia-Reh.1i : elle feroit entrée dans la Baie même, fi quelques
Cofaques qui s’en apperqurent, n’eulfent été à fa rencontre pour
çn couper les meilleurs morceau? avant qu’elle vînt jufqu’a terre 5
de forte que le foir même il ne reftoit plus ni chair ni os. J etois
alors à Bolcheretskoi-Oftrog; & ayant appris qu’on avoit vu une
Baleine fur la mer, j’y allai le lendemain : mais, à mon grand étonnement,
je n’en trouvai pas même les os ; car les habitants, auxquels
on a fait des défenfes de dépecer aucune Baleine avant qu’on
l’ait vifitée, dans la crainte d’être punis de leur défobéiifance, s’é-
toient empreifés d’en cacher les os, afin qu’il ne reliât aucun veftige
qui pût dépofer contre eux.
M. Steller remarque que l’Océan jette plus de Baleines fur les
rivages aux environs de Kourilskaia-Lopatka, ou de la pointe méridionale
des Kouriles, dans le voifinage d’Awatcha, du Cap de
Kronotskoi, & de l’embouchure de la riviere de Kamtchatka, que
la mer de Pengina n’en jette fur les côtes occidentales de cette contrée,
& que cela arrive plus dans l’automne que dans le printemps.
Chacune des nations qui habitent ces côtes , a des manieres
différentes de les prendre. Les Kouriles aux environs de la pointe
méridionale & des Ifles de ce nom, leur donnent la chalfe, avec
des canots, cherchant les endroits où elles ont coutume de dormir
& de fe repofer. Ils les percent avec des dards empoifonnés ;
& quoique cette blelfure foit d’abord tout-à-fait infenfible dans un
animal auffi énorme, cependant elle ne tarde guere à leur caufer deá
douleurs infupportables. Elles s’agitent de tous côtés , & poulîènt
d’horribles mugiffements ; enfin elles deviennent enflées, & meurent
peu de temps après.
Les Olioutores les prennent avec des filets qu’ils font avec des
courroies de cuir de Cheval marin, féchéesà la fumée, & qui font
de la largeur de la main : ils les tendent dans les embouchures de
qûelque baie que forme la mer, & mettent à un bout de ces filets
des pierres très grolfes ; ils lailfent en liberté l’autre bout du filet. Les
Baleines fe jettent & fe prennent dans ces filets en pourfuivant les;
poiifons : il eft alors facile de les tuer. Les Olioutores s’approchent
avec leurs canots, entortillent l’animal avec d’autres courroies, tandis
que leurs femmes & leurs enfants qui font reliés fur le rivage;
font éclater leur joie par des danfes & des cris d’allégreffe, félicitant
ks Pêcheurs d’une aulfi bonne prife. Mais avant que de tirer la Baro/
ne//. Mmm