en'hauifant leur voix à proportion , ce quelles né ceiferentde faite
que lorfqu’elles furent hors d’haleine, & que leurs forces furent
épuifées. Cette danfe me parut auiïi extraordinaire , que fauvage &c
défagréable ; mais les Kamtchadals la regardoient avec le plus grand
plailîr.
t Nous rapporterons ici d’autres fortes de danfes, d’après M. Steh
1er, qui s’étend fort au long fur cet article , de même que fur quel-'
ques-unes de leurs ehanfons qu’il a lui-même notées,
| La première efpece de danfe , dit-il, eft généralement en ufage
chez les Kouriles de Kourilskaia Lopatka , de même que chez tous
les Kamtchadals qui vont à la pêche des bêtes marines fur des canots.
Ils ont pris cette danfe depuis fort longtems des Kouriles qui
-'habitent les Ifles éloignées , & elle eft regardée comme la danfe des
Matelots. Les Cofaques l’appellent Kaiouchki, ce qui vient du
mot Kamtchadal Kaiouchkouking, Les Kamtchadals méridionaux
l’appellent Irskina, & les Kouriles ,• Rimfeg.
Voici quelle eft cette efpece de danfe , dix hommes & dix femmes
, filles ou garçons parés de leurs plus beaux habits, fe rangent
en cercle, & marchent avec lenteur en levant en mefure un pied
après 1 autre. Ils prononcent tour-à-tour quelques mots , de façon
que quand la moitié des danfeurs a prononcé le dernier mot,
1 autre moitié prononce les premiers, comme fi quelqu’un Jifoit des
vers par fyllabes. Tous les mots qu’ils emploient dans cette danfe
font tirés de leur chaffe & de leur pêche , & quoique les Kamtchadals
les prononcent en daniànt, cependant ils n’en entendent pas
la plus grande partie , parce que plufieurs de ces mots font tirés de 1a langue des Kouriles ; ils ne les chantent point, mais leà prononcent
du même ton , comme , par exemple, Tipfainkou , Fravan-
tag , Tkeani, Tifrorpa, détache ÿ Baidare, &la tire près du rivage.
Si les danfes dont nous venons de parler font barbares Si ftuva-i
D U K A M T C II A T K A. I 0 -
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ges, les cris qu ils pouffent alors ne font pas moins étranges. Cepen-
1 dantils paroiffent y prendre tant de plaifir , que quand ils ont com-
I mencé, ils ne ceffent point qu’ils ne foient hors d’haleine, & que
leurs forces ne foient. épuifées. C ’eft un grand honneur chez eux
[ pour celui qui peut danfer plus que les autres ; quelquefois ils dan-
fent fans difcontinuer pendant douze & quinze heures, depuis le
foir jufqu’au matin ; & il n’en eft pas un dans la Iourte qui ne fou-
| haite jouir de ce plaifir. Les Vieillards, même les plus caducs, nere- ^
fuient point d’y employer ce qui leur refte de force. Au refte fi l’on
compare cette danfe avec la defcription que fait le Baron de la
Hontan , de celles des Américains du Canada, on trouver^ entre
les unes & les autres, une grande reffemblance.
Les femmes ont une danfe particulière; elles forment.deux-
rangs, les unes vis-à-vis des autres, & mettent leurs deux mains fur
fie ventre; puis fe levant fur le bout-des doigts des. .pieds, elles fe
IhaufTent , febaiffent, & remuent les épaules, en tenant leurs mains
(immobiles, & fans fortir de leur place.
Dans la quatrième efpece de danfe, tous les hommes fe cachent
en différents coins : un d’eux enfuite bat des mains, en fautant tout
: d’up coup comme un infenfé ; il fe frappe la poitrine & les cuiffes ,
i levé les mains en l’air Si fait des mouvements extraordinaires. Après
jcelui-ci , un fécond, un troifieme & un quatrième , font la même
fchofe, en tournant toujours en rond-
Voici la cinquième efpece de danfe. Ils fe courbent fur les ge-.
[noux en saccroupiffant., & dans cette pofture .ils danfent en
tond en battant des mains & faifant des figures fingulieres- Cette
danfe commence par un feulhomme ; les autres forçant des coins
de la Iourte viennent danfer avec lui.
Les Kamtchadals ont encore une ancienne danfe qui leur eft
¡ propre Les Méridionaux l’appellent Kaioutelia, & ceux du Notdi
üou^elkinga ; elle s’exécute de la maniéré fuivante.