titude fur des vaiffeaux qui étoient éloignés de trente werfts des côtes
, & il eft bien iûrprenant que ces infeéies puiiîént voler fi loin
fans fe repofer.
Il y a au Kamtchatka peu d’Araignées. Les femmes de ce pays;
qui croient que ces infeâes ont la vertu de les rendre fécondes, ont
bien de la peine à en trouver : elles en mangent avant de fouffrir les
approches de leurs maris, après quelles font grolfes, & avant leurs
couches , pour rendre leur accouchement plus facile & plus heureux.
Rien n’incommode plus les Kamtchadâls qui habitent dans les
Iourtes, que les Puces & les Poux, & fur-tout les femmes, qui ont
ordinairement des cheveux longs qu’elles lient enfemble par petites
treifes. J’ai vu moi-même plufieurs fois quelques-unes de ces femmes
n’avoir d’autre occupation que de tirer continuellement les
poux de leur tête les uns après les autres. D ’autres , pour avoir
moins de peine , levoient leurs treifes & fe peignoientavec la main
comme avec un peigne, pour faire tomber cette vermine fur leurs
habits, & la ramaflbient en tas. Les hommes les tirent de leur dos en
fe frottant avec de petites planches ou efpeces d’étrilles faites exprès
pour cet ufage. Tous les Kamtchadals. en général mangent leurs
poux. Les femmes de la Chine , parmi le plus bas peuple, en ufent
de même : c’eft une chofe dont j.’ai été plufieurs fois témoin;, mais
comme les Kamtchadals en font repris févérement par les Cofaques,
qui quelquefois même les battent, beaucoup d’entr’eux fe corrigent
de cette habitude dégoûtante par la crainte d’en être punis.
On a dit à M. Steller que l’on trouvoit fur les bords, de la mer un
infecte femblable au Pou ordinaire, qui s’iniînue entre cuit & chair ;
ce qui fait fouffrir des douleurs fi aiguës, que ce n’eft qu’en coupant
la partie qu’on peut les faire ceffer : auffi les peuples qui habitent ces
contrées les craignent-ils infiniment.
Une chofe qui mérite d’être remarquée , c’eft qu’on ne connoîr
dans tout le Kamtchatka ni les Grenouilles, ni les Crapauds, ni les
Serpents : on y voit feulement une allez grande quantité de Lé-
fards, que les Kamtchadals regardent comme des efpions envoyés
parle Dieu du monde fouterrain pour examiner leurs a étions & prédire
leur mort ; c’eft pour cela qu’ils ont grand foin de fe tenir en
garde contre eux, & que par-tout où ils en trouvent, ils les découpent
par petits morceaux, afin de les mettre hors d’état d’aller rendre
compte à celui qui les a envoyés. S’il arrive par hafard que cet animal
leur échape , ils tombent dans une grande trifteffe , & même
dans le défefpoir : ils attendent à chaque moment la mort, & fe la
donnent quelquefois par leur abattement & leurs craintes;ce qui ne
fait que confirmer une fuperftition auifi ridicule