tier de l’Ours, à quelque diftance de la folié : fi l’Ours vient dans
le fentier , & qu’il s’entortille dans la corde, le couvercle tombe fur
la folié ; l’Ours faifi de frayeur s’enfuit du côté de la folié, tombe
dedans & fe perce le ventre fur le pieu.
4°. On les attrape encore avec des planches garnies de crochets
de fer ; on place ces planches fur le chemin où l’Ours doit palfer,
& l’on met devant un piege femblable à celui dont on a parlé:
l’Ours épouvanté prend la fuite, & marche immanquablement fui
cette planche ; ce qui fait alors un fpe&acle fingulier : l’animal fe
fèntant pris par une patte fur ces dents ou crochets de. fer, pour la
dépêtrer frappe de toute fa force fur la planche avec l’autre patte qui
s’y accroche aulfi. Il fe dreffe alors fur fes deux pieds de derrière,
tenant devant lui la planche, qui , outre la douleur qu’elle lui fait
aux pattes, lui cache la vue du fentier ; ainfi contraint de s’arrêter,
il refte dans l’incertitude fur ce qu'il doit faire. Il commence à entrer
en fureur & à repouffer la planche avec fes pattes de derrière;
Biais lorfqu’elles viennent aulfi à fe prendre aux crochets de la planche
, il tombe fur le dos , & attend qu’on lui donne la mort en
poufiànt des hurlements affreux.
j p. Les Payfans qui habitent les bords de la Lena & de la riviere
Ilim , ont encore une maniéré plus plaifante de les prendre. Ils attachent
un gros billot à une corde, au bout de laquelle eft un noeud
coulant ; ils placent ce billot fur le chemin de l’Ours. Lorfqu’il fe
fent pris, & qu’après s’être avancé un peu, il voit que le morceau
de bois l’empêche de marcher', il devient furieux ; & traînant après
lui cette maffe, il l’emporté fur quelque hauteur, la prend entre fes
pattes & la jette avec force. Le tronc d’arbre par fa pefanteur emporte
l’Ours, qui tombe la tête la première & fe tue. S’il ne meurt pas la
première fois, il continue ce manege jufqu a ce qu’il expire. Cette
méthode qui eft en ufage en Sibérie, a beaucoup de reffemblance
nvec celle des Ruffes, que voici.
Les Ruffes fufpendent fut les arbres où les abeilles ont fait leurs ruches,
ün tronc d’arbre aune groffe corde. L’Ouïs voulant y grimper
& écarter cet obftacle le détourne, d’abord tout doucement ; mais le
billot retombant fur lu i, & venant à lui frapper les côtés, il commence
à entrer en fureur, & le repouffe avec plus de force; ce qui
fait qu’il reçoit un fécond coup encore plus violent ; & il continue
ce manège jufqu a ce qu’il foit affommé, ou que n’en pouvant plus
de fatigue, il tombe de l’arbre en bas.
Tout le monde fait qu’on enivre les Ours avec de leau-de-vie
faite avec du miel, & qu’on les attrape avec des chiens ; ainfi nous
croyons inutile d’en parler ici ; mais voici une façon de les prendre
qui paroît mériter d’être rapportée.Des perfonnes dignes de,foi m’ont
alluré qu’un certain Chafléur, fans aucun fécouts , tuoit des Ours
fi grands & fi redoutables, que l’on n’aurait pas ofé les attaquer avec
beaucoup de monde & de Chiens. Il n’avoir d’autre arme'pour attaquer
ces animaux, qu’un couteau & un ftilet de fer, long d’environ
un demi-pied, attaché au bout d’une longue courroie qu’il entor-
tilloit autour de fon bras droit jufqu’au coude. Puis prenant d’une
main fon ftilet, & fon couteau de l’autre, il s’avançoit vers l’Ours.
Cet animal, lorfqu’il voit le Chaffeur, s’élève ordinairement fur fes
pieds de derrière , ôc s’élance fur lui en pouffant de grands hurlements,
Le Chaffeur dont je parle avoit affez de hardieffe pour
fourrer fa main droite dans la gueule de l’Ours, & y tenir en travers
le ftilet, de façon que non-feulement l’animal ne pouvoit plus
h fermer ; mais que reffentant la douleur la plus aiguë, il n’avoic
pas la force de faire la moindre réfiftance, quoiqu’il vît fa perte inévitable.
Le Chaffeur en le conduifant où il vouloit, pouvoit de l’autre
main le percer à fon gré de fon couteau.
Tuer un Ours, eft parmi les Kamtehadals quelque chofe de fi
honorable, qu’un Chaffeur qui a eu cet avantage , eft obligé de régaler
fes veifins, & de leur fervir de 1a chair de cet mimai. Ils en fuff