3J4 D e s c r i p t i o n
contre une aiTez grande quantité de pyrite, de foufre, de morceaux
de mine de fer, & des pierres mêlées d’alun & de fel vitriolique, de
même qu’aux environs d’Olioutor. M. Sceller penfe que vu les fréquents
tremblements de terre auxquels le Kamtchatka eft fujet, ce
Pays eft rempli de quantité de fouterrains, de cavités & de matières
combuftibles , qui venant à s’enflammer par une agitation interne,
produifent ces grands changements , tels que ceux dont on remarque
des traces fur les côtes de la mer des Caftors, dans ces maffes
énormes de rochers qui ont été féparées du continent, ainfi que
dans plufieurs Ifles iituées dans le détroit qui fépare l’Afie de l'Amérique.
Il attribue la caufe de l’inflammation de ces matières combuftibles
, à l’eau falée de la mer qui s’ouvre un paflàge par ces cavités
fouterraines, fe mêle avec elles & les embrafe. En effet on ob-
ferve que les tremblements de terre arrivent pour l’ordinaire aux
Equinoxes, lorfque la mer eft plus violemment agitée , & fur-tout
dans le Printemp, qui eft le temps où les marées font les plus fortes
; ce qui eft fi connu des Kamtchadàls & des Kouriles, qu’ils ne
voient qu’avec crainte les premiers jours de Mars & les derniers de
Septembre.
Il eft bon de remarquer ici deux ehofes fort fingulieres»
i Qu’il ne fe trouve point de fer dans ce Pays , quoiqu’il pa-
roiffe qu’il y a de la mine mêlée aux matières, comme, par exemple,
à la terre & à l’argille ; & s’il s’y joint du foufre, Cela peut facilement
être la caufe des feux fouterrains dont je viens de parler.
i ° . Qu’on n’a point encore découverc de fontaines falées, quoiqu’il
y ait cependant tout lieu de croire qu’il doit y en avoir, vu le
peu d’étendue qu’a le Cap du Kamtchatka, vula vraifemblance d’une
communication fopterraine avec la mer, & la quantité de montagnes
& defources. On doit mettre au nombre des fources dont je
viens de parler, celles qui font que les rivieres ne geïent jamais»
Il y en a une fi grande quantité au Kamtchatka, qu’il n’y a aud
c K a m t c h a t k a . j jp
cune riviere qui dans les froids les plus rigoureux n’ait de grandes
ouvertures , où l’eau neft point gelée : on en rencontre auflî
dans les plaines, & fur-tout autour des montagnes , de forte qu’il
n’eft pas poifible de les traverfer à pied fec pendant l’Eté. Ces
fources qui, reunies eniemble, ne forment qu’un ruifleau comme la
petite riviere Ktioutc'awka qui tombe dans celle du Kamtchatka ,
ne fé gèlent jamais. On trouve du poiffon pendant tout l’Hivér
dans la KUoutchwka ; & cette petite riviere a l’avantage particulier
de fournir du poiflon frais, non-feulement aux Kamtchadals qui
habitent dans le voifinage, mais a tout l’Oftrog inférieur de Chantai
; &c dans ces Pays c eft une chofe bien rare que d’avoir du poiflon
frais pendant cette iàifon. Cela peut auffi être çaule que toutes les
eaux de cet endroit iont fort faines, Les naturels du Pays boivent
de 1 eau froide en mangeant des poiffons brûlants 6c pleins d’huile ,
fans en jamais reflentir aucune incommodité j ce qui dans les au*
fres endroits caufe des dyiTenreries,