de la mer, des lacs d’où forcent des ruilfeaux qui vont fe jetter dans
la mer.
Ces montagnes font compofées de rocs d’une même efpece,
mais dans les endroits où ils font parallèles à la mer , les Caps ou
Promontoires qui s’avancent en mer , font d’une pierre dure
claire & de couleur grisâtre , qui eft propre pour aiguifer.
M. Sceller regarde cette circonftance comme digne d’être remarquée
; il croit que ce n’eft que l’eau de la mer qui caufe ce changement.
La côte eft fi étroite dans plufieurs endroits de fille, qu'on ne
peut y palfer qu’avec beaucoup de peine lorfque la mer eft haute,
ou il faut attendre qu’elle fe foie retirée ; il y a même deux endroits
où le paflage eft impraticable. Le premier eft près de la pointe de
fille qui eft au Sud-Eft; & le fécond , près de celle qui eft au Nord-
Oueft : cela n’eft arrivé fans doute que par quelque tremblement de
terre, ou par l’inondation de la mer & par les flots qui ont lavé &
emporté cette partie de la côte , ou par l’éboulement des montagnes
occafionné par la fonte des neiges : les monceaux de rocs & de rochers
pointus & hérilfés que l’on remarque aux environs de ces endroits,
en font une preuve inconteftable.
Les côtes de la partie méridionale de cette ille font plus entrecoupées
que celles de la partie du Nord où l’on peut palfer partout
fans aucun obftacle , à l’exception d’un rocher inaccelfible
& de la pointe du Cap du Nord qui eft fort efearpée & environnée
du côté de la mer par des rochers qui s’élèvent comme
des colonnes.
Il y a dans quelques endroits des perfpeétives fi furprenantes
qu’au premier coup d’oeuil on croiroit de loin que ce f o n t les ruines
d’une Ville ou de quelque vafte édifice; cela fe remarque fur- tout
dans un lieu nommé XAntre, où ces rocs repréfentent des murailles,
des efcaliers,des baftions & des boulevards. Derrière cet antre on
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v o i t dans différents endroits des rochers élevés & pointus, dont les
uns paroilfent comme des colonnes, & les autres reiTemblent à des
murailles d’un vieux bâtiment. Plufieurs forment des voûtes & des
portes fous lefquelles on peut paflër ; elles paroilfent être plutôt l’ouvrage
de fatt, qu’un jeu de la nature.
Une remarque que l’on a faite auffi dans cet endroit, c’eft que
s’il y a d’un côté de Tille une baie , il fe trouve fur le rivage oppofé
un Cap , & que par-tout où le rivage va en pente douce & eft fa--,
bloneux, vis-à-vis il eft plein de rochers & entrecoupé. Dans les
endroits où la côte fe brife & tourne d’un côté ou de Tautre, on ob-
ferve qu’ufl peu auparavant le rivage eft touj ours fort efearpé Tefpace
dune ou de deux werfts. A mefure que les montagnes approchent
de la chaîne principale, elles font plus efearpées , & Ton apperçoit
fur leur fommet des rochers pointus & en forme de colonnes. Elles
font remplies de fentes & de crevaffes qui fe font faites à diverfes re-
prifes par les tremblements de terre. On a obfeïvé fur les plus hautes
montagnes, que de leur intérieur il fort des efpeces de noyaux qui
fe terminent en cônes ; & quoique la matière dont ils font faits ne
différé en rien de celle des montagnes piêmes, ils font pourtant plus
tendres, plus purs & plus clairs. On en trouve aulfi fur les monta-'
gnes de Baikal, dans Tille d’Olkhon ( 1 ).
M. Steller reçut d’Anadirsk de pareilles pierres : elles étoient
de couleur verdâtre & tranfparentes. On Taifura qu’on les trou-
voit fur le fommet des montagnes, & que lerfqu’on les calfoit
il en croiifoit d’autres à leur place. Il y a toute apparence que ces
pierres ou noyaux font formées par quelque mouvement intérieur
de la terre, & fur-tout par fa prelfion vers le centre. Ainfi Ton peut
regarder ces noyaux comme une efpece de criftal , ou comme la
W Me aflTeï grande , ficuée dan» le-lac Baikal : elle eft habitée par des Peuples
ap p ellésB iatski.