ïention. Ne feroit-ce pas le petit lac dont nous venons de parler '
qu’on auroit indiqué à M. Steller pour un grand lac, & dans lequel
on trouve ces bubes dangereufes, ces poiflons défendus & fi refpec-
tés des naturels du Pays ; car ces faits ont .beaucoup de conformité
avec ceux rapportés par M. Steller ; mais dans ce cas il n’eft
pas nécelfaire d’attribuer l’augmentation des eaux de ce lac, à une
communication fouterraine , puifqu’il y a un bras par lequel elles
fe déchargent dans la riviere. de Karaga , à quatre werfts de fou
embouchure, & par le moyen duquel ce lac peut fe remplir pen.
dant le temps du flux de la mer, & baiifer dans le témps du reflux.
Et il ne feroit point étonnant que les Cofaques qui ont fait ce
rapport à M. Steller, n’euflent point vu jufqu a préfent cette communication
; parce que ces gens-là ne font pas aiTez curieux pour
s’informer des chofes qui ne les regardent pas. Au relie il eft très
poflible qu’il y ait des perles dans ce lac , puifqu’il s’en trouve au
Kamtchatka dans plufieurs petits lacs & petites rivieres. Mais fi l’on
réfléchit fur la conformité de la crainte que les Koriaques ont de ces
bubes, & , fuivant M. Steller, de ces perles , il paroît que l’un de
nous deux a été trompé par nos Interprètes, qui auront pris des
bubes de verre pour des perles, ou des perles pour des bubes. Mon
opinion me paroît pourtant plus vrai-femblable, car j’avois un Interprète
intelligent &c habile , qui étoit en état de faire la différence
entre des perles & des bubes de verre , outre que leur couleur
verte qui ne fe trouve point dans les coquilles, empêche qu’on
ne les prenne pour des perles : cependant celui qui a pris des
bubes pour des perles, peut facilement croire qu’il a vu des coquilles.
On trouve vis-à-vis l’embouchure de la riviere de Karaga, a quarante
werfts de la côte, l’Ifle Karaginskoi ou de Karaga , dont 1 extrémité
ou la pointe inférieure eft vis-à-vis la riviere Ningin, &
la fupérieure vis-à-vis le Cap Koouchou ou Anapkoi. Elle eft Ps
bitée par des Koriaques, qui cependant ne font pas reconnus par les;
I autres pour être de leur nation. Ils les appellent Khamchàren, c’eft-
I à-dire defcendants des Chiens ; parce que, fuivant leur opinion i
I Kout n’a point créé d’hommes dans cet endroit, mais feulement des I chiens, qui enfuite ont été métamorphofés en hommes.La façon de
I vivre de ces Infulaires approche fi fort de celle des bêtes', & elle eft fî
I dégoûtante, qu’on peut leur pardonner cette fable -, car les moeurs
I des Habitants de cette Ifle paroiflent auffi fauvages & auflï bar-
I bares aux Koriaques, que celles de ceux-ci le font aux yeux des
■ Nations policées. Ces Infulaires font au nombre de cent, & même
■ davantage ; mais il n’y en a que trente qui payent tribut, les autres
■ s’enfuient & vont fe cacher fur les montagnes lorfqu’on vient lever
Blesimpôts. On va du continent dans cette Ifle, en Eté, avec des
■ canots faits de peaux de Veaux marins ; mais on n’y va point pen-
I dant l’Hiver..
A quatre-vingts werfts de la riviere de Karaga: , coule la ri-
■viere Tumlati , dont la iburce eft peu éloignée de celle de la
! [riviere Lejhaia. A vingt werfts de \x riviere Tumlati eft celle
[de Gagengou- vaem ou Gagengouwaem, à huit werfts de la-
■ quelle eft celle de Kitchigin , que les Cofaques appellent JAo-
■rowskaia..
A dix werfts de la riviere Kitchigin, s’étend! en mer, I’efpaee de
■ quinze werfts, le Cap appelle Koouchou ou Anapkoi, dont la
■ plus grande largeur eft de cent cinquante fàgenes I l’extrémité oit
■ pointe fupérieure de l’Ifle de Karaga eft vis-à-vis le Cap.
A quatre-vingt-cinq werfts du Cap Koouchou , on trouve la ri-
■ vrere Anapkoi, qui a fa fource proche celle de la: riviere Pouflaïa r
■ qui fe jette d'ans la mer de Pengina : la riviere Anapkoi a fon em-
| bouchure dans le Golfe appellé Ilpinskaia , qui s’écend l’efpace de-
■ cinq werfts en longueur, & de trois en largeur.
La chaîne de montagnes, d’oùces'rivieres prennent leur fburce’J