près grande quantité de Zibelines dans tout ce Pays, iur-tout aux
environs de la riviere de Lena, dans un vallon qui commence de,
puis l’embouçhure de la riviere i'Olekma, & qui continue en defcen-
dant le long de la riviere de Lena, jufqu’à la petite riviere Agara-,
e’eft-à-dire l’efpace de trente werfts ou fept lieues & demie.
La chaffe des Zibelines fut encore abondante quelque temps après
L conquête duKamtchatka ; mais aujourd’hui on n’y en prend plus,
parce que les Zibelines fuient tous les lieux habités : elles fe retirent
dans les boisdéferts & fur les hautes montagnes les plus éloignées des
habitations. Ainfi il eft abfolument impofïibfe de donner ici une
defcription détaillée de cette chaffe, puifqu’il faut s’en rapporter là.
deffus à des Chaffeurs qui ne difent pas volontiers leurs cérémonies
fuperftitieufes, & qui font hors d’état par leur ignorance de rendre
compte de ce qui mérite d’être remarqué : car ce qui eft important,
leur paroît une bagatelle ; & une bagatelle leur paraît une choie
importante. Ce n’eft feulement que fur les bords du fleuve Lena qu’il
nous eft arrivé de rencontrer des gens dont le témoignage ne nous
a point paru fufpect, & qui nous ont appris tout ce que nous délirions
favoir : ils faifoient devant nous ce qu’ils ne pouvoient pas
nous éclaircir par leurs difcours. C ’eft fur leurs rapports que l’onj
donné le détail fuivant.
Ces Chaffeurs [vont à la chaffe des Zibelines au long de la à
viere Vitime , en remontant vers fa fource & fur les bords des deux
rivieres appellées Marna, qui viennent fe décharger dans la riviere
Vitime, du côté gauche : ils remontent jufqu’au lac Oron, qui eft
à droite de la riviere Vitime : ils vont même au-deffus de la grande
cataraéhe , & jufqu’où ils peuvent efpérer de faire une meilleure
chaffe. On trouve les plus belles Zibelines aux environs de la petite
riviere Koutomala, qui tombe dans la riviere Vitime à droite, &
plus haut que la grande cataraéte ; on en trouve encore au long de
la petite riviere Pétrowa, qui tombe à droite de la riviere Miteia
inférieure j
mais celles que l’on prend au-deflous de ces endroits,le long des
rivieres Vitime & Marna, font d’une bien moindre valeur, Se les
Çhaflèurs conviennent tous que plus on approche des iources de
ces rivieres, plus les Zibelines que l’on y trouve font belles, & que
les plus mauvaifes font près de leurs embouchures. Quant à celles
que l’on trouve fur les bords de la petite riviere Koikodera , qui fe
jette dans la riviere Mama inférieure, du côté gauche , ce font les
plus mauvaifes de toutes. Si l’on peut ajouter foi aux rapports des
Chaffeursqui ont été plufîeurs fois à la chaffe des Zibelines au long
de la riviere Mama, qui vient fe jetter dans la riviere Oud, les Zibelines
ne valent rien encore dans tous les lieux où il y a des bois de
Cedres, des Pins & des Sapins ;les plus belles fe trouvent où il y
a des bois de Larix ou de Mejefe ; cependant on trouve de belles
Zibelines dans fesendroits où les bois de cette efpece croiffent,avec
çeux de Bouleau & de Sapin.
Les Zibelines vivent dans des trous, de même que les autres animaux
de. cette efpece, tels que les Martres, les Fouines, les Khor-
ki ( efpece de Belettes}, les Hermines & autres. Leurs nids font
ou dans des creux d’arbres, ou fous leurs racines, ou dans des troncs
d’arbres çouverts de mouffe, ou fur des hauteurs parfemées de rocher?
que l’on trouve en grande quantité an long des rivieres qui,
tombent dans la Lena, & qu’on nomme Arantjî.
Les Chaffeurs des bords de la riviere Oud, difentxque les Zibe-
lines fe font aufli des nids fur des arbres ; elles les conftruifent de
mouffe , de branches & de gazon. Elles reftent dans leurs trous ou
dans leurs nids l’efpaçe de douze heures , en Hiver comme en Eté,
& pendant les douze autres heures, elfes forrent pour aller chercher,
dequoi vivre. Pendant l’Eté, avant que les baies foient mûres, elfes
fe nourriffent de Belettes , d’Hermines, d’Ecureuils, & fur-tout de
Lièvres; mais lorfque les fruits font parvenus à leur maturité, elfes
mangent des bafes du Coloubitfa, de Brounipfa, & plus volontiers
Tome IL. T e ç