On découvre du haut des montagnes de cette ifle , deux auà
très ifles du côté du Midi : l’une a fept werfts de circuit, comme:
je l’ai déjà dit : l’autre au Sud-Oueft, vis-à-vis la pointe même de
l’ifle Bering , dont elle eft éloignée de quatorze werfts, n’eft
formée que de deux rochers fort élevés , qui font féparés l’un de
l’autre : fon circuit eft d’environ trois werfts. De la pointe de l’ifle
Bering, qui eft au Nord-Oueft , lorfque le temps eft beau &fe,
rein, on apperçoit au Nord-Eft, dé très hautes montagnes couvertes
de neige ; elles paroiflent être éloignées de cent ou cent quarante
werfts. C ’eft avec raifon que M. Steller les prend plutôt pour un
Cap du continent de l’Amérique, que pour une Ifle. 1°. Parce que
ces montagnes, eu égard à leur éloignement, font plus élevées que
celles qui fe trouvent dans l’Ille. zq. Parce qu’à la même diftance on
apperqut diftinétement du côté oriental de l’Ifle , des montagnes
pareilles couvertes de neige, dont la hauteur & l’étendue firent juger
à tout le monde qu’elles faifoient partie du continent de l’A
merique.
De la pointe de l’Ifle de Bering, qui eft au Sud-Eft, on décou,
yrit encore au Sud-Eft une Ifle ; mais on ne put la diftinguer claire,
ment. Sa fituation parut être entre l’Ifle Bering & le continent dont I
les côtes paroilfoient fort balfes. On a obfervé du côté de l’Oueft &
du Sud-Oueft, qu’au-deifus de l’embouchure de la riviere de Kamtchatka
, on appercevoit, dans un temps ferein, un brouillard continuel
; ce qui fit connoîrre en quelque façon que l’Iile de Bering
n’étoit pas fort éloignée du Kamtchatka.
Au Nord.de Tlfle de Bering, il y a encore une autre ifle dont la j
longueur eft de quatre-vingts à cent werfts, & dont la fituation eft
parallèle à celle de Bering, c’eftrà-dire du Sud-Eft au Nord-Oueft.
Le détroit qui fépare ces deux Ifles du côté du Nord-Oueft, a
enyjron v ing t werfts de largeur, & quarante à-peu-près au Sud-Eft,
Les montagnes de cette Ifle font moins hautes que pelles de JhMe
■ ; : ; Bering, ■
Bering. Les deux extrémités de cette’ Ifle ont quantité de rochers
pointus & en forme de colonnes, qui s’avancent dans la
mer.;.:
Quant au climat de cette Ifle , il ne différé de celui de Kamtchatka
, qu’en ce qu’il eft plus rude & plus piquant ; car cette ifle
eft entièrement découverte , & d’ailleurs fort étroite .& iàns bois.
La violence des vents eft fi grande dans les vallées profondes & ref-
ferrées, qu’il n eft prefque pas poffible de s’y tenir fur fes pieds.
C’eft dans les mois de Février & d’Avril, fuivant les obfervations
qu’on y a faites, que régnoient les vents les plus violents ; ils(fouf-
floient du Sud-Eft & du Nord-Oueft. Dans le premier de ces mois le
temps étoit fort clair & le froid .fupportable ; dans le fécond , le
temps fut auflï fort clair, mais extrêmement froid.
Lî plus forte marée arriva au commencement de Février, lorfque
les vents du Nord-Oueft fouffloient ; & la fécondé marée à la
mi-Mai 3 cependant ces hautes fnarées furent très petites, en com-
paraifon de celles dont on a des marques indubitables , & qui
ont dû monter dans cette Ifle jufqu’à la hauteur de trente ià-
genes , & même davantage, puifqu’on trouve trente brafles au-
delfus du niveau de la mer , une grande quantité de troncs d arbres
& des fquélettes entiers de Bêtes marines que la mer y a portés ,
ce qui a fait juger à M. Steller qu’il ya eu dans cette Ifle, en 1737,
une inondation femblable à celle du Kamtchatka.
Les tremblements de terre y font aflèz fréquents, puifqu en une
année on y en a fenti plufieurs fecouflês. La plus violente fut au
commencement de Février, elle dura l’efpace de fix minutes 3 le
vent étoit alors à l’Oueft : il fut précédé d'un grand bruit & d’un
vent violent fouterrain. Ce tourbillon prit fon cours du Midi au
Nord.
Parmi les minéraux qu’on trouve dans cette Ifle, ce qui mérite
Tome II, Q I