A l’égard des grains, comme avoine, feigle, orge, Sec. , des es.
périences réitérées dans les deux Oftrogs ficués, l’un à la fource, &
l’autre à l’embouchure de la riviere de Kamtchatka, ont appris que
l'orge & l’avoine y croiffoientauffi-bien qu’on pouvoit le délirer. Les
Domeftiques du Couvent d’Iakoutsk, établis au Kamtchatka depuis
long temps, fement fept à huit poudes d’orge , & ils font une récolte
fi abondante, qu’ils’ont non-feulement allez de farine & de
gruau pour leur nourriture , mais même pour en fournir aux Habitants
des environs en cas de néceffité. Cependant on eft obligé de
labourer la terre à mains d’homme. Le temps fera voir fi le froment
que l’on feme avant l’Hiver peut y réuifir.
A l’égard des légumes, ils ne viennent pas tous également bien;
Les plus fucculents., comme, par exemple, les choux, les pois,la
fàlade, ne produifent que des feuilles & des tiges. Les choux. & b
laitue n’y pomment jamais :■ les pois croiffent & feurifem vers.
l’Automne , iâns rapporter de coffes. Les légumes , au contraire,
qui demandent beaucoup d’humidité , comme , p r exemple, les
navets, les radix ou raiforts, & les betteraves y viennent fort bien.
Quand j’ai dit que les herhes potagères les plus abondantes en fuc
n’y réuifilfent point ; cela ne doit pas. s’entendre de tout le Kamtchatka
, mais feulement de la Bolckaia Reka ( grande Riviere)
& à’Awateha, où j’ai fait des expériences avec M. te Major Pau-
lutski & le Lieutenant Krafilnikof. J ignore fi l’on a femé fur 1»
bords mêmes de la riviere de Kamtchatka, des choux, des. pois, de
la làlade ; ainfi je ne puis rien dire de pofitiflà-deffus. S’il eft vrai,
comme M, Sceller le penfe, que dans les endroits fupériears, aux
environs de la fource de la riviere de Kamtchatka, les grains tels
que le feigle y l’avoine ,&c», & tqême le froment, viennent auffi-
bien que dans les autres Pays qui font firués fous le même degré, il
n y a guéres, lieude douter que toutes fortes de légumes ne puilfenty
croître comme dans ces Pays-li. Quoique les légumes qui dêinaadent
beaucoup d’humidité viennent par-tout, ils font cependant
meilleurs fur les bords de la riviere de Kamtchatcha. Les navets les
plus gros que j’aie vus fur les bords de la Bolchaia Reka, n’avoient
pas plus de trois pouces de diametre, tandis que fur la riviere de
Kamtchatka , j’en- ai trouvé qui étaient quatre ou cinq fois plus
gros. ■ ; ■.................. ' ■ • '■
Les herbes, dans tout le Kamtchatka fans exception, font plus
hautes & plus abondantes en fuc, que dans aucun endroit de
Ruffie. Sur les bords des rivières, des marais & des endroits voi-
fins des bois, elles s’élèvent plus hautes qu’un homme, & pouffent
fi vite, qn’un même endroit peut fe faucher au moins trois fois
dans un Eté. Il y a peu de Pays où les pâturages foient meilleurs &
plus propres à nourrir les troupeaux. On peut, avec raifon , en
attribuer la caufe à l’humidité de la terre & aux pluies du Printemps.
Les tiges de ces végétaux font par cette raifon hautes & épaiffes, de
forte qu’au premier coup d’oeuil le foin ne paroît pas bien bon ; cependant
la groffeur prodigieufedesBeftiaux, leur embonpoint, l’abondance
du lait qu’ils fourniffent foiten Hiver, foit enEté, prouvent
bien le contraire. La grande humidité du terrein fait que lé
foin conferve fa féve fort avant dans l’Automne. Le froid , en la
condenfanr j empêche que l’herbe ne devienneféche,rude & dure ;
de forte qu’au milieu même de l’Hiver elle eft encore remplie de
fes fucs nourriciers. Comme les herbes font fort hautes & fort
epaiffes, on peut recoeuillir beaucoup de foin dans un petit efpace
ne terrein. Outre cela les troupeaux , pendant tout l ’Hiver, trouvent
fuffifamment de pâturage pour fe nourrir, parce que la neigfe
ne couvre jamais entièrement les endroits où il y a du foin ; ce
qui eft caufe qu’il eft fort difficile de voyager en traîneau dans ces
endrhits, même pendant le temps où le chemin devient pratiquable
par-tout ailleurs.
Dans les autres endroits aux environs de la Mer orientale, &
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