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reur. i °. En ne faifant attention qua leur âge, d’une feule efpece,
ils en font deux. i°. Ils adoptent pour une réglé inconteftable, qUe
toutes les efpeces de PoifTons rouges, a caufe de leur frai, n ont point
d’indices aiTez confiants , pour qu il foit pofïible de diflinguer une
efpece d’une autre ; mais il feroit aife d éviter ces erreurs , en examinant
les marques naturelles qui les diflinguent.
Chaque efpece de ce PoifTon remonte toutes les années les rivières
dans un temps fixe. On en voit quelquefois paroitre au mois
d’Août deux, trois & quatre efpeces en même-temps ; cependant
chaque efpece fe tient à part & ne fe confond jamais avec les autres.
Des différentes efpeces de Poffons rouges.
Je dois dire ici quelles font les efpeces de PoifTons que l’on comprend
fous le nom de PoiJJôns rouges ; quelles font celles qui remontent
les rivieres & dans quel temps elles les remontent.On n a jamais
remarqué qu’il foit arrivé aucun changement a cet égard > & quune
efpece de poifTon qui a paru la première pendant une année,, foit entrée
dans cette même riviere après les autres 1 annee fuivante ; de
forte que les Kamtchadals qui connoifTent leur marche confiante,
ont donné le nom de ces PoifTons aux mois pendant lefquels ils les
prennent.
D u Tchawouitcha.
Celui qu’ils appellent Tchawouitcha, eit le plus gros & le meilleur
de tous les poiffons de ces contrées ; il efl aufli le premier qui
quitte la mer pour remonter les rivieres. Il reffemble beaucoup au
Saumon ; il eft feulement beaucoup plus large. Sa longueur efl
d’environ une archine & demies il y en a qui pefent jufqua deux
poudes & demi; ainfi il eflaifé de juger de la circonférence defon
corps. Sa largeur efl prefque le quart de fa longueur ; fon mufeal
efl pointu, & la moitié de fa mâchoire fupérieure eft plus longue
que l’inférieure. Ses dents font de différentes grandeurs ; les plus
grandes font de trois vingtièmes de pouce, & elles deviennent encore
plus grandes lorfqu’ils font dans les rivieres. Sa queue n’éft point
fourchue, mais elle eft égale. Il a le dos bleuâtre, parfèmé de petites
taches noires comme le Saumon ordinaire. Ses flancs font d’une
couleur argentée ; fon ventre eft blanc; fes écailles font oblongues
& minces. Sa chair crue ou cuite, eft toujours rouge.
Il remonte les rivieres avec tant de vitefle & de rapidité, qu’il
fouleve les flots devant lui. Dès que les Kamtchadals s’en apperçoi-
vent de loin, ils fe mettent dans leurs canots & jettent leurs filets.'
Ils font dans des endroits convenables de petits ponts affez élevés
d’où ils regardent en bas fur la riviere le cours de ce poifTon. Il ne va
point en aufli grande bande que les autres. On n’en fait point
de Joukola dans aucun endroit du Kamtchatka , excepté fur les
bords mêmes de la riviere de Kamtchatka. Il eft fi rare, qu’on ne le
prodigue pas tous les jours , mais on le garde ordinairement pour
s’en régaler les jours de fêtes. Ce poifTon néanmoins a tant de graifle,
qu elle s’aigrit & gâte promptement la chair.
Les Cofaques Talent ce poifTon ordinairement & le gardent pour
leur provifion ; mais ils n’en Talent que la tête, le ventre & le dos coupés
en longues tranches de la largeur de deux doigts. La chair des
côtés Te leve par couche ; elle eft dure & fortfoche, mais le ventre &
les autres endroits font d’un goût agréable & délicat ; au-moins ne
trouve-t-on point de poifTon dans ces contrées qui foit aufli bon. Si
ce poifTon féché au Soleil ne furpaflè point TEturgeon d’Iaitsk, il
ne lui eft certainement pas inférieur. Le Tchawouitcha ne remonte
point dans toutes les rivieres. Parmi celles qui fe jettent dans la mer
Orientale , la riviere de Kamtchatka & la Baie d’Awatcha font les
feuls endroits où on le trouve ; & parmi celles qui Té jettent dans là
iner de Pengina , il n’y a que la Bolchaia Reka & bien peu d’autres
où Ton en voie paroître. Comme ces rivieres ont des Baies à leur em-
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