Chaffeurs ont tranfgreffé les ordres, & que la Zibeline , pour
fe vgnger de leur prévarication , leur jouât ce tour , en ne tombant
pas exprès dans ce piège. Ils font fi entêtés de cette opi,’
nion ridicule , que loin de recevoir aucun confeil falutaire qui
pourroit les éloigner de cette grolîiere fuperftition , ils paroiffent
fort mécontents qu'on s’ingere de leur en donner, & ils foutiennent
avec opiniâtreté, que la prévarication de ces régies leur caufe autant
de tort dans leurs chaifes, que pourroit faire le vol. Pour faire voir
jufqu’où va la crédulité de ces Chaffeurs , il fuffit de dire que fi
quelqu’un d’eux appelle une chofe par le nom que le chef a défendu
de prononcer, il eft aufli févérement châtié, que s’il avoit commis
la plus grande faute,
On ne punit perfonne avant que les Chaffeurs fqient de retour
dans l’habitation d’Hiver ; c’eft pour cette raifon que le principal
chef ordonne aux différents chefs des bandes, de lui découvrir tout
ce qui s’eft paffé dans chaque troupe de contraire à fes ordres ; il ordonne
aufli aux Chaffeurs de veiller avec la même attention fur la
conduite des chefs mêmes.
Après avoir reçu tous les ordres néceffaires, les Chefs & les Chat
feurs fortent de l’habitation d’Hiver fur des raquettes, & prennent
dans l’équipage convenable les routes qui leur font marquées. Chacun
d’eux a- un petit traîneau appellé Narta, les uns feuls , & les
autres avec des Chiens. Le traîneau eft ordinairement chargé d'un
chaudron où l’on fait cuire le manger , & dans lequel eft un vafe
avec une main ; c’eft avec ce vafe qu’ils font des efpeces de pâtés
ronds quand ils font à la chaffe : il leur fert aufli de gobelet & de
grande cuiller. Pour empêcher que ce chaudron ne tombe du traîneau,
il y a une petite planche courbée au-devant du traîneau. Derrière
le chaudron , eft un fac de farine pefant quatre poudes. Der-
fiere le fac, eft le Bournia avec le levain. Derrière le Bourtiia, ils
mettent
mettent un quart de poude de viande oü de poiffon. Derrière les
amorces ils placent une efpece de huche remplie de pain tout cuit,’
& derrière cette huche eft le carquois avec lès fleehes. Auprès dvf
carquois ils placent l’arc, & ils attachent leur lit par-deffus avec un
petit fac rempli de toutes fortes de petits uftenfiles dont ils peuvent
avoir befoin. Tout cela eft lié par en haut avec des cordes. Ils tirent
le traîneau, par le moyen d’une elpeee de baudrier de peau
qu’ils fe mettent fur la poitrine, ou fur le Chien quand ils en ont. :
En marchant, ils s’appuient fur un bâton de bois de la longueur
d’une demi-fagene & plus. Au bout d’en-bas eft une corne de vache
, afin qu’il ne fe fende pas fur la glace. Un peu au-deffus de ce
bout, on attache un petit anneau de bois qui eft entouré de cour-]
roie, afin que l’extrémité du bâton n’entre pas trop avant dans la
neige : le bout d’en-haut eft large & fait en forme de pelle, rond &
courbé par en haut, afin de pouvoir s’en fervir pour écarter & pour
applatir la neige en dreffant les pièges. C ’eft avec cette efpece de
pelle qu’ils mettent la neige dans leur chaudron pour faire cuire leur
manger1; car tandis qu’ils font fur les montagnes, ils ne trouvent
pendant tout l’Hiver ni ruiffeau, ni fontaine, ni riviere.
Le principal conducteur, après avoir fait partir toutes les bandes
fe met aufli lui-même en marche avec fa troupe. Lorlqu ils font arrivés
à l’endroit où ils doivent : s’arrêter, ils fe font des huttes autour
defquelles1ils amoncellent de la neige, Le chef prend le devant
fans traîneau, afin de choifir un endroit propre pour une fécondé
halte ; ce qu’il continue tous les jours pendant le temps de la
chaffe. . .. . ■ ■ - :
Les Chaffeurs font, des:entailles-dans les arbres fur leur route;
ils peuvent par ce moyen reconnoître le chemin, fans crainte de
s'égarer.-- • - - - b-i...--. ^
Après avoir paffé la nuit dans l’endroit de la halte, tous les Chaft
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