puilTantes ; les Koriaques furent les premiers qui ayant abandonné
les bords du T ig il, entrèrent dans le Kamtchatka , en fuivant les
Côtes occidentales jufqu a la grande Riviere, ou Bolchaia Reka. Les
Chántales fuivirent leur exemple ; conduits par unChefaufli brave,
qu’habile & prudent, nommé , dit-on , Chandal. Comme Ce Chef
avoit formé le deffein détendre fa puiffance , il travailla à acquérir
par la douceur, ce qu’il ne pouvoit obtenir que par la force des
armes ; c’eft-à-dire, de fe rendre tributaire tout le Kamtchatka.
Cependant il fe forma deux partis ; l’un vers la fourçe de la riviere
du Kamtchatka, qui fe foutint jufqu’à l’arrivée des Ruffes ; & un fécond
à Kronaki, dont les Habitations s’étendoient jufqu a Kourils-
kaia Lopatka, ou Cap des Kouriles. Les Peuples qui habitoient depuis
la riviere de Goligina jufqu a celle de Kompanovaia, fe détachèrent
des habitant? du Cap Kourile. Quoique ces derniers fuffenc
peu nombreux , cependant ils furpaffoient les autres en force , en
valeur & en intelligence. Us attaquèrent plufieurs Oftrogs ou Habitations,
dont ils emmenerent prifonniers les Femmes & les Enfants,
Quelques Montagnes même aux environs de la riviere Apala,
portent les noms des combats qui s’y font donnés. Les Habitants du
Cap Lopatka, qu’on appelle ordinairement Kouriles , paffoient
pour être invincibles, parce qu’ils attaquoient leurs ennemis à l’im-
provifte, en venant par Mer fur des Baidares ; & ils s’en retournoient
auifi-tôt avec leurs dépouilles, fans crainte d’être pourfuivis , parce
que les Kamtchadals n’ont point de Baidares qui puiffent tenir la
Mer.
A l’égard de l’ambition & du défir de conquête , que M. Steller
attribue aux Habitants du Kamtchatka, & qu’il regarde comme la
caufe de la divifion de cette Nation ; cela ne me paroit point ab-
folutnent dénué de vraifemblance, quand on fait réflexion qu’il n’y
a gueres de Nation, quelque fauvage qu’elle foit, qui n’afpire à
dominer, ou du-moins qui ne tâche de prendre l’afeendant fur les
autres; penchant qui fe remarque dans lesBêtes mêmes : cependant
pour former une pareille entreprife, il me femble qu’il faut plus
de jugement & d’intelligence que l’on n’en trouve dans les Kamtchadals.
S’ils fe faifoienr la guerre les uns aux autres, s’ils prenoient des
prifonniers, s’ils s’enlevoiënt leurs biens & leurs provifions, on
n’en peut pas conclure qu’ils ayent formé un aufll vafte deffein ,
que celui de former un Etat. Un homme tel qu’on nous peint
Chandal, devoit plutôt fonger à affermir fan pouvoir fur fa Nation
, & à la tenir dans une entiere foumiflïon ; cependant on
n’a point trouvé la moindre trace de cette foumiflion, dans 1er
commencement même de la conquête que les Rulfes ont faite
du Kamtchatka ; au contraire , on n’a vu par-tout qu’une égalité
parfaite. La divifion de la Nation Kamtchadale , & fa difperfion
dans les différents lieUx du Kamtchatka peut venir d’une autre rai-
fon, comme, par exemple , du peu d’étendue du terrain, ou parce'
qu’ils étoient en trop grand nombre pour trouver des provifions né-
ceifaires à leur fubfîftance , &c. Le nom même de Chandal me paraît
fort douteux, je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un Kamtcha—
dal qui ait été appelle ainfi. En effet fi ce nom1 eût jamais exifté parmi
ce Peuple, l’ufage s’en feroit confervé ; cependant je n’ai jamais
entendu dire qu’aucun Kamtchadal, homme ou femme, fut ainfi
appellé dans aucun endroit de ce Pays. Il me femble que fous ce
nom, on doit entendre tous les Habitants Chantales ; c’eft-à-dire ,
ceux qui habitent aux environs du petit canton qu’on appelle
Chantai ; comme fous celui de Kontchat, on entend tous les Habitants
des bords de l’Elowka. D ’ailleurs il eft inconteftable que
ces Chantales ont été autrefois un Peuple fi célébré & fi nombreux
, que leur feul Oftrog ou Habitation avoit plus de deux
verfts de longueur, & que les Balaganes en étoient conftruits fi
près les uns des autres, que les Habitants aUoient fur ces Bala